1026 - En Bretagne (6)
EN BRETAGNE
(journal extime)
(9 août - 21 août 2019)
6
13 août
Je me livre à un ménage sommaire de l’appartement avant de partir. J’envoie un message à Khadija, dont c’est aujourd’hui l’anniversaire — et dont je n’ai pas de nouvelles depuis vraiment longtemps.
Je fais mes adieux à Nantes
— en me demandant si c’est vraiment de sitôt que j’y reviendrai. J’achète le support aimanté pour téléphone à fixer sur la grille d’aération de la voiture que j’ai vu la veille.
Je me mets en route, en ménageant des haltes, selon des lieux dont j’ai pu repérer l’intérêt en lisant le guide.
Comme il commence à pleuvoir, à Questembert, je me réfugie sous les halles pour déjeuner d’un sandwich.
Je m’arrête à Rochefort-en-Terre, qui m’intrigue d’autant mieux que, dans ma vie antérieure, j’ai visité le Rochefort-sur-Mer des Demoiselles, de son chantier naval et de Pierre Loti (sans avoir sacrifié à son musée-maison, ce que je ferai pourtant à Istanbul, quelque temps après, pris d’un remords tardif envers l’auteur d’Aziyadé et du Pèlerin d’Angkor.)
Je vois là mon premier calvaire.
Et me montre sensible, comme toujours, aux roses trémières.
Je me promène ensuite à Malestroit, dont le nom médiéval assure une rêverie que gâchent parfois les éléments triviaux empruntés à une réalité plus contemporaine.
Je m’arrête à Vannes enfin, que je parcours bien trop rapidement.
Une dame, très aimable, me cède son ticket de parking pour un temps limité — cependant, j’ai tourné pas mal de temps avant de trouver où me garer, et je veux être à l’heure indiquée à mon logeur à Quimper. C’est donc au pas de charge que je parcours le centre ville et ses abords, ne ralentissant le mouvement que lorsque les lieux me happent, alors que je vois qu’il aurait fallu s’attarder.
(J’étais déjà venu en 1977 (?), avec J.-L., M., C. (?), ou l'année précédente, avec J.-L. et D... Je n’en avais gardé absolument aucun souvenir.)
Le soir à Quimper, une autre dame de bonne volonté m’escorte jusque un supermarché ouvert après 20 heures 30.
Les lieux que j’ai loués pour la nuit (une pièce assez grande avec une salle de bain attenante en contrebas d’une maison dans un encaissement qu’assombrit encore une végétation haute) sont plutôt sommaires, faits de bric et broc : une porte en bois pourvue d’une clenche en métal blanc ; pas de rideaux à la porte d’entrée vitrée ; des meubles qui ne s’accordent pas entre eux, récupérés à droite et à gauche, trouvant là une seconde ou troisième vie plutôt que d'être mis au rebut ; des draps en tissu synthétique. Le logeur est pourtant sympathique — et assez beau garçon. Il s’est aménagé un camping-car dans un véhicule utilitaire. Il part en vacances le lendemain, m’a-t-il dit, ils (je ne sais qui « ils » sont) finiront leurs préparatifs tard, et je pourrai laisser la porte ouverte et les clés à l’intérieur si d’aventure ils ne sont pas levés quand je m’en irai.
Nuit du 13 au 14 août
La couette est trop chaude.
Comme je le pressentais, les draps synthétiques sont désagréables à la peau.
Dans ma guerre lasse avec le sommeil qui me fuit, je finis par rallumer, lire, puis écrire ces lignes-ci.
Après avoir eu trop chaud, la nuit s’avançant, j’ai froid soudain.
Je me relève pour mettre un tee-shirt.