1027 - En Bretagne (7)

EN BRETAGNE

(journal extime)

(9 août - 21 août 2019)

7

14 août, Quimper

Matin

Levé tard, pour m’être tout de même rendormi sur le matin.

Il pleut (il pleuvra en continu).

Je parcours le Musée des Beaux-Arts.

Henri Martin (1860-1943), le Fantôme de la liberté, 1885, Huile sur toile

Ernest Laurent (1862-1929), la Famille de Paul Jamot prenant le thé à Bièvres, 1911, Huile sur toile, Roanne, musée des Beaux-Arts et d'Archéologie Joseph Dechelette

Et je me trouve encore et toujours poursuivi par les ombres de Rodin…

Auguste Rodin, les Ombres, vers 1885, Plâtre d'atelier, H. 97 - L. 92 - P. 40

Une exposition au rez-de-chaussée est consacrée à Max Jacob peintre.

Picasso — pas toujours aimable — a sans doute tout de même eu raison de l’encourager à l’écriture plutôt qu’à la peinture.

Je m’attarde devant les vitrines (je songe au téléfilm que j’avais vu, consacré à l’écrivain, interprété par Jean-Claude Brialy, ainsi qu’à Michel Leiris, qui disait de Jacob qu’il avait été son « mentor »).

Anonyme, photographie de Max Jacob à l'étoile jaune, mai 1943.

Etoile jaune de Max Jacob. Don de madame Colle, 1966.

Amedeo Modigliani, Portrait de Max Jacob, 1915, Crayon graphite sur papier

Pablo Picasso, Portrait de Max Jacob, 1956, Pointe sèche, Illustration des Chroniques des temps héroïques

Jean Cocteau, Portrait de Max Jacob, en sabots venu, 1961, Feutres marron, jaunes et verts

A l’étage, bien des œuvres, bretonnantes ou non, arrêtent mon attention.

Dirk Valkenburg (1675-1721), Fruits du Surinam et reptiles, 1706-1708, Huile sur toile

Pieter Brueghel le Jeune, la Danse de noce, Vers 1600, Huile sur bois

Eugène-Louis Boudin, Marine, rivage normand, 1856, Huile sur bois

Eugène-Louis Boudin, le Port de Quimper, 1857, Huile sur bois

Gustave Courbet, Paysage suisse, Huile sur carton

Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), Notre-Dame de Penmarc'h, 1896, Huile sur toile

Jean-Julien Lemordant, Décor pour les salles à manger de l'Hôtel de l'Epée de Quimper

Paul Gauguin, la Femme aux figues, 1894, Eau-forte et lavis sur zinc tirée à l'encre verte

Paul Gauguin, Gourde de pèlerinage, 1887, Grès partiellement émaillé, décor modelé et rehauts peints

Paul Gauguin, l'Oie, 1889, Huile sur plâtre (fragment du mur de la salle à manger de l'auberge de Marie Henry au Pouldu)

Paul Sérusier, la Vieille du Pouldu, 1889-1892, Huile sur toile

Maurice Denis, le Soir, 1894, Huile sur toile

Emile Bernard, Août, Verger à Pont-Aven, 1886, Huile sur bois

Maxime Maufra, Crépuscule jaune sur les vasières, Loctudy, 1898, Huile sur toile

Paul Sérusier, Pommes sur fond bleu, 1917, Huile sur toile

Edmond Aman-Jean (1858-1936), Paul Verlaine, Vers 1892, Lithographie

Norbert Nüssle (Heidelberg, 1933-Manheim, 2012), Ils ont rasé mon cimetière, 1989, technique mixte et collage sur carton

Artemisia Gentileschi, Judith portant la tête d’Holopherne, Vers 1635-40

Anonyme [suite de Le Caravage], Saint Sébastien attaché par un bourreau, XVIIe siècle

(Je me laisse un instant abuser par le cartel semi-mensonger apposé près du tableau, qui, outre son nom, va jusqu’à mettre les dates de vie et mort du Caravage comme pour suggérer qu’il pourrait en être l’auteur !)

Giulia Lama (Venise, 1681-Venise, 1747), le Martyre de saint Jean l’évangéliste, 1730, Huile sur toile

J’achève mon parcours par une œuvre de Fernand Le Quesne, la Légende de Kerdeck, « version académique et parisienne des “Lavandières de la nuit” par un suiveur de Bouguereau et Cabanel ».

Fernand Le Quesne (1856-1932), la Légende de Kerdeck, 1890, Huile sur toile

Le cartel précise : un « exemplaire unique » dans l’« alliance du légendaire breton et de l’érotisme pompier », ce qui vaut évidemment mieux !

J’achète à la boutique, avant de me jeter sous la pluie, des cartes postales du saint Sébastien.

Si j’étais entré facilement à l’ouverture, la queue est conséquente de gens à la mine dépitée qui veulent se mettre au sec à l’intérieur…

Après-midi

Tous les restaurants — des crêperies alignés les unes à côté des autres, pour la plupart — aux alentours affichent complet. Je déniche par hasard, au fond d'une cour, un restaurant dont je découvre qu’il est installé dans la maison familiale de Max Jacob.

[photographie publicitaire trouvée sur place]

On m’installe à une table de quatre, mais on m’avertit qu’il me faudra patienter tant le service est débordé.

A la faveur d’une table de deux qui se libère, je cède bientôt ma place à trois personnes et un chien qui ont à l’évidence besoin d’être essorés.

La gérante m’en remercie (elle m’offrira le café à la fin du repas ; je lui demanderai s’il est possible de visiter l’étage, ce qu’elle m’accordera de bonne grâce).

J’ai bien été inspiré tout de même de déjeuner là : j’y ai mangé correctement.

Je visite ensuite la Tour Rohan et son musée, peuplé d’anges, musiciens ou non, d’archanges et de putains :

Sainte Trinité aux Anges musiciens, XVe-XVIe siècle, Bois peint. Provenance : Rhénanie, puis Quimper, cathédrale Saint-Corentin

Ange de maître-autel, Fin du XVIIe siècle, Bois peint

Poteau à décor sculpté d'une maison de Morlaix : Saint Michel terrassant le dragon, Chêne, XVe siècle

Charles Cottet, Femme nue aux longs cheveux noirs, Eau-forte et pointe sèche, Vers 1905

L’endroit contient aussi des meubles d’ébénistes bretons.

Auguste Nayel, Buffet à décor de scènes bretonnes, Vers 1900, Bois sculpté et terre cuite ; Buste de femme en costume de l'Aven, Vers 1900, Terre cuite ; Atelier non identifié, Sellette de style néo-breton, Vers 1900, Bois sculpté (châtaignier) [en amorce, à gauche : Emile Gallé, Quatre tables gigognes à décor breton, Vers 1900, Bois marqueté]

Paul Fouillen, Fauteuil et guéridon, Vers 1930, Bois sculpté, décor pyrogravé et teint ; Robert Micheau-Vernez, Armoire de chambre à coucher, 1932, Chêne

Je suis sensible surtout à la beauté de son escalier — et l’emporterais bien avec moi.

Un mariage [?] a lieu à la cathédrale Saint-Corentin.

Je photographie le vitrail de Jean-Jacques Gruber.

Jean-Jacques Gruber, Vitrail du baptême, 1980

Sur la photographie de l’intérieur de l’église, l’on voit bien le désaxement, la « déviation vers la gauche de l’ordre de 10° de l’axe du chœur par rapport à la nef ».