Archive GA LXXIX - April in Paris (4)
April in Paris
(nouveau journal extime)
4
part/ (ur)ition
Lundi 19 [avril 2010]. TGV.
J’accouche donc d’un second voyage à Paris.
Toute fondation est, paraît-il, en réalité une refondation. Un événement se rejoue, qui n’est ni original, ni originel. J’ai peur — aussi — de devoir user de forceps, et le geste a des chances d’être vain. (Avant de partir, j’ai adressé un ultime message à Nicolas et à C*** — puis envoyé un mail à François.)
Senti B*** légèrement agacé dans son dernier message. Message sans ambages — ou voulu tel —, B*** revendique une absence de « style », de « nuance ». (Entend-il que, de mon côté, j’en abuserais ?) Il me prévenait, comme je l’avais appréhendé, qu’il était bloqué, attendant que les avions puissent décoller à nouveau.
Le portable reprend du service. Il a “vibré” tout à l’heure près de moi sur le bureau. Cela m’a semblé un bruit familier, qui ne m’a pas même étonné, comme si l’insecte familier frottait ses élytres pour mieux s’électriser…
Ai pensé qu’A. prévenait qu’elle était arrivée à Paris ; en fait, c’était Aymeric qui me souhaitait un agréable voyage…
Tous les TGV vers le sud-est étaient, ce matin, annulés. A. a tout à coup perdu patience lors de sa conversation avec des employés SNCF qui se voulaient spécialement compatissants. Sa voix s’est perchée dans les aigus de la colère, transformant un court instant A. en mégère — image pour le moins inhabituelle. Pourtant, rien ne paraissait grave encore, et tout s’est d’ailleurs dénoué en sa faveur : elle devait arriver à Avignon et improviser ensuite ; elle arrivera, finalement, à la gare d’Arles, quoique un peu retardée.
Cela a permis aussi, son départ étant différé d’une heure et demie, de prendre tranquillement un café dans la brasserie 1900 près de la gare, nous faisant oublier l’atmosphère tout électrique de ce dernier endroit ; nous nous sommes donc trouvés là au moment le plus agréable de la matinée, dans une ambiance feutrée sans commune mesure avec celle des repas — qu’orchestre le fracas habituel de verres, des assiettes, des couverts, dans un concert que les voix s’efforcent à peu près vainement de couvrir.
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Une des pentes de mes réflexions du moment porte sur ces rôles que la séduction nous fait endosser — plus spécifiquement sur l’emploi de “désiré”, ou celui de “désirant*”. Le second m’est, au fond, bien plus familier. Je n’ai guère goûté le plaisir du premier, trouvant — au contraire — souvent contraignant d’être désiré.
Qu’est-ce à dire ? je ne le sais pas exactement !
Je ne m’apprête d’ailleurs qu’à lier des amitiés — ou à en reprendre le fil. Se rejoue la même partition qu’en octobre, en quelque sorte, entre N***, Aymeric et moi, mais ce, dans une figure qui redistribuera cette fois nos rendez-vous en chiasme, puisque je dois voir d’abord Aymeric — et N*** seulement ensuite…
Et je ne trouve rien encore, dans cette part(ur)ition, pour loger un coin dans cette (trop habituelle) figure…
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*Whom can I run to !