Archive GA LXXXVII - April in Paris (11)

Publié le par 1rΩm1

 

 

April in Paris

 

(nouveau journal extime)

 

 

11

 

deux ou trois choses…

 

 

Vendredi 23 avril

 

C*** est un garçon bien intéressant — même s’il n’est pas sans rentrer, parfois, dans des stéréotypes, lesquels m’ont d’ailleurs rassuré, qui m’ont rappelé des jeunes gens de son âge que j’ai connus il y a un quart de siècle, ce qui prouve sans doute que, sans se confondre, — et je trouve cela plutôt heureux — certaines existences consonnent ou se ressemblent… Deux ou trois choses qu’il m’a dites m’ont plu. Deux ou trois choses qu’il m’a livrées — lesquelles se recoupent toutes — … m’ont ému.

 

Archive GA LXXXVII - April in Paris (11)

Je l’attends où rendez-vous avait été pris — Place Sainte-Opportune — pour midi. Il arrive à l’heure.

Il porte une chemise blanche, une veste en cuir, un jean, des chaussures en cuir noir à bout pointu — rien de bien exceptionnel, ni de très caractéristique… (La chemise blanche est toujours seyante aux bruns, et je songe à Romain…) Quoique ne dépassant mes interlocuteurs du moment que de deux petits centimètres, il a l’air plus grand qu’eux, plus long de buste peut-être… Une des premières phrases qu’il me dit concerne d’ailleurs ma taille. Je réplique — toujours un peu piqué qu’on me trouve petit (!) — que j’ai pourtant la taille qu’annonce mon portrait !

 

Nous déjeunons dans un restaurant japonais.

Je suis bien vite emprunté avec mes baguettes — que je me suis toujours arrangé, même en Asie, pour remplacer (honteusement) par une fourchette… — et, pour une première rencontre, encours le ridicule d’épandre partout la nourriture ou de manger salement. Je le lui dis : « je vais rougir jusqu’au trognon », phrase qu’il relève et qui l’amuse. Comme un fait exprès, après que le couvert indispensable m’aura été apporté, en voulant en détacher les morceaux de viande, je laisserai choir une brochette au sol… Quelques instants plus tard, lui-même fera tomber un cube de bœuf, et dira gentiment vouloir m’imiter…

 

(Quelques poils follets en haut du torse, à la base extrême du cou…)

 

Nous parlons de danse d’abord. Puis d’amants. Il me répète — mais dans des termes différents — des choses qu’il a écrites et que j’ai lues.

Il me fait songer à F***, et je lui demande si le « bourreau » qu’il dit plaisamment attendre est un terme à prendre à la lettre. Il m’assure que non, tout en paraissant s’amuser de ma question. Il n’empêche : nonobstant celui-là, il ressemble à F*** à plus d’un titre…

Il est amusant. Et charmant. Je me prends vite d’affection pour lui. Peut-être les échanges que nous avons eus auparavant y ont, au vrai, préparé…

 

Nous parlons de nos études, de ses projets professionnels, du métier que j’exerce… C*** est un garçon sensible, intelligent, et j’ai plaisir à parler avec lui.

 

Dans la rue, alors que nous cherchons une terrasse ensoleillée pour prendre un café — les places au soleil sont naturellement prises d’assaut et nous devons nous poser à un endroit plus ombragé —, il s’amuse à compter les gens qui portent des marinières. Cette fois, il me fait songer à G** — et, si ce jeu futile m’agace un peu, il me rassure et me plaît de retrouver dans ce garçon des traits, conditions et humeurs familiers…

 

 

[Après-midi]

 

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Je vais ensuite voir l’exposition “Aragon et l’art moderne”. Les visiteurs sont pour la plupart des gens très âgés, septuagénaires pour le moins… Un documentaire passe en boucle, adapté d’un texte sur Matisse : Aragon y parle surtout de lui…

 

 

[soir]

 

Des pas dans mes pas. Encore et toujours. Mais sans N***. Beaucoup plus de monde dans ce bar qu’en octobre.

 

Repense à C***. A sa crainte, plusieurs fois exprimée, de paraître efféminé. Cela m’émeut — vraiment

 

Ma bière bue, j’ai hâte de rentrer.

 

 

 

 

 

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