1035 - En Bretagne (14)
EN BRETAGNE
(journal extime)
(9 août - 21 août 2019)
14
21 août, Orléans
Réveillé tôt, je plie bagage tôt.
Je me gare bien avant le centre, vers lequel je me rends à pied. Il est neuf heures à peine passées lorsque j’aborde la cathédrale (je l’avais visitée avec R. quelque vingt ans auparavant, lors d’un arrêt rapide que nous avions effectué en traversant la ville).
Ici, c’est la Pucelle qu’on nous vend partout. Ainsi, s’il y a un habituel chemin de la Passion en pierre, les vitraux de la cathédrale retracent l’histoire de la sainte.
(Je m’amuse aussi que Clovis Monceau, le sculpteur qui l’a réalisé, ait donné au compagnon de saint Jean les traits de Mgr Dupanloup dans la douzième station — Dupanloup qui doit être une autre gloire locale…)
Les médaillons des stalles de la cathédrale sont très beaux.
Les vitraux modernes me plaisent également beaucoup (plus que ceux de Jac Galland et Esprit Gibelin).
Et l’ange tenant la couronne d’épines émeut d’autant mieux qu’il est quelque peu énasé, le pauvret.
Ange tenant la couronne d’épines, Pierre, Vers 1790 (d’après un modèle de François Nicolas Delaistre), Original d’une des quatre statues couronnant la tour sud de la cathédrale.
J’ai reçu un message de réservation d’un trajet jusque Sens que je dois effectuer l’après-midi.
Je dois patienter quelques temps avant que n’ouvre le Musée des Beaux-Arts d’Orléans.
Antonio Allegri dit le Corrège, la Vierge à l’Enfant avec saint Jean Baptiste et saint Joseph, Vers 1519, Huile sur bois
Bandinelli (Bartolomeo Brandini, dit Baccio Bandinelli ou Bandelli) (Florence, 1488-1560), la Flagellation, Vers 1532, Marbre
Bertholet Flémal, la Déploration, Vers 1647-1650, Huile sur toile
Si, à Rennes, je m’étais attardé surtout dans le dix-septième siècle, ici, c’est l’appel du dix-huitième qui se fait (inhabituellement) entendre.
Maurice-Quentin de La Tour, Portrait d’un jeune Noir, 1741, Pastel sur papier contrecollé sur un carton
— en particulier ce carrousel d’écrivains qui me donne le tournis…
Dirais-je que de ces quatre écrivains, ma préférence va à La Fontaine ?
Des pas dans des pas en compagnie d’autres que moi (M.-C., Judith, Aymeric… mais aussi des écrivains), des rappels s’effectuent…
Paul Gauguin, Fête Gloanec, 1888, Huile sur bois, Anciennes collections de Marie-Jeanne Gloanec et Maurice Denis
Zao Wou-Ki (1920-2013) 3.12.1974, Huile sur toile
— et c’est avec Max Jacob que j’achève mon parcours depuis Quimper jusqu’Orléans,
Pierre de Belay (Pierre Savigny de Belay dit) (1890-1947), Portrait de Max Jacob, Huile sur carton, 1943
attentif cette fois à l’un de ses dessins.
Cyprien Max Jacob (1876-1944), Crucifixion, Vers 1930-1936, Plume, encre brune, lavis brun, gouache et pastel sur papier vélin
Je ne saurais toutefois quitter les lieux sans remarquer l’immense ombre (lumineuse) de la sainte lorraine cédant à je ne sais quel voix, vision ou inspiration du Ciel à Domrémy [rebaptisé Domrémy-la-Pucelle (évidemment !) comme Châlons-sur-Marne Châlons-en-Champagne] — Perrette idiote renversant non pas son pot-au-lait mais son panier, devant ses moutons blasés, blagueurs ou endormis…
— et j’achète à la boutique deux cartes postales : une reproduction du saint Thomas de Velázquez et une très belle photographie de Max Jacob.