1039 - En Italie (2)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
[journal extime]
(19 octobre – 2 novembre 2019)
2
20 octobre
Matin
Je multiplie les appels téléphoniques : à Patrice (qui avait oublié la date de mon retour et n’avait pas parlé à Anne, tant et si bien que nous ne nous verrons pas), à mon père, à ma sœur (pour qu’elle récupère le « bagel » acheté la veille et oublié dans le réfrigérateur).
J’ai également perdu le navigo-easy acheté la veille sur les conseils de mon interlocuteur de la RATP pour éviter que les tickets de métro ne se démagnétisent…
Après-midi
Je n’ai pas été très inspiré de faire deux expositions un même jour.
Alors que je suis un bon quart d’heure avant l’heure de notre rendez-vous devant le Grand Palais, je reçois un message de Judith : elle et N. auront quinze minutes de retard. De fait, je les attendrai presque une demi-heure : alors que j’étais seul à entrer à l’intérieur, les porteurs de billets prépayés de 14 h 30 doivent néanmoins attendre que l’espace se libère.
Judith — elle m’avait dit qu’elle avait cette tendance, mais je ne l’avais jamais remarqué depuis plus de trente ans que nous nous connaissons —, je m’en aperçois en la voyant, a grossi.
Chacun fera ses ellipses devant les quelque quatre-vingts tableaux et sculptures du Greco, cheminant selon les opportunités laissées par la foule devant telle ou telle œuvre, N. nous distançant, comme d’ordinaire, beaucoup, Judith et moi nous retrouvant de temps à autres, échangeant alors une impression ou une plaisanterie.
Les photographies que je prends durant l’après-midi, je ne sais pour quelle raison, sont médiocres, peu nettes ou mal cadrées, au moins celles de l’exposition Toulouse-Lautrec.
Je tombe en arrêt devant un magnifique triptyque portatif (impossible à photographier sans les gens alentour) :
Je retrouve l’icône vue à Athènes au musée Benaki représentant saint Luc peignant la Vierge
Saint Luc peignant la Vierge, Tempera et or sur toile marouflée sur [bois ?], 41 x 33 cm1560-1566, Athènes, Musée Benaki
de même que j’ai déjà photographié — beaucoup plus mal — ce (faux) autoportrait à Séville (un fils s’est interposé !).
Portrait de Jorge Manuel Theotokópouli, fils de l’artiste, Séville, Museo de Bellas Artes de Sevilla
Les portraits du peintre sont beaux en général.
Portrait d’un gentilhomme de la maison de Leiva, Vers 1580, Huile sur toile, Musée des Beaux-Arts de Montréal
Portrait du frère Hortensio Félix Paravicino, Vers 1609-1611, Huile sur toile, Boston, Museum of Fine Arts
— Et je découvre celui-ci, séminal pour la réécriture qu’en ont fait Diego Velázquez et Francis Bacon.
Portrait du cardinal Niño de Guevara, Vers 1600, Huile sur toile, New York, The Metropolitan Museum of Art
Ailleurs, ce sont les sujets religieux qui (l’)emportent…
La Cène, dit aussi le Dernier Repas du Christ, 1568-1570, Huile sur panneau, Bologne, Pinacoteca Nazionale di Bologna
L'Adoration du nom de Jésus, dit aussi le Songe de Philippe II, Vers 1575-1580, Huile et tempera sur panneau, Londres, The National Gallery
Saint François recevant les stigmates, Vers 1568-1570, Huile sur panneau, Bergame, Accademia Carrara
Le Christ chassant les marchands du Temple, vers 1600, Huile sur toile, Londres, The National Gallery
Le Christ chassant les marchands du Temple, Vers 1575, Huile sur toile, Minneapolis Institute of Art
L’Ouverture du cinquième sceau, dit aussi la Vision de saint Jean, 1610-1614, Huile sur toile, The Metropolitan Museum of Art
Saint François recevant les stigmates, Vers 1585, Huile sur toile, Baltimore (Maryland), The Walters Art Museum
Saint François et frère Léon, Vers 1600-1605, Huile sur toile, Ottawa, Musée des Beaux-Arts du Canada
Et comment ne pas s’étonner de ce Christ ressuscité dans son plus simple appareil, qui me rappelle celui de Michel-Ange à Florence, dans la même petite tenue ?
Le Christ ressuscité et son tabernacle, Vers 1595-1598, Bois polychrome et bois doré, Tolède, Fundación Casa Ducal de Medinaceli
Nous prenons ensuite un verre rue Mabillon [?]. Je parle beaucoup — et me le reprocherai ensuite, même si c’est, parfois, du fait de questions de N., en principe peu loquace. Je m’apercevrai, en les quittant, que Judith ne m’a rien dit ni d’elle, ni des enfants [ce n’est que partie remise à la fois prochaine, et peut-être ne fallait-il pas, en vérité, lancer le sujet ce jour-là]. Judith et moi évoquerons assez longuement Nathalie, nous efforçant, par des anecdotes, d’en retracer le personnage pour N., qui, apparemment, ne la connaît pas, ou a oublié qu’il a pu la rencontrer à R****.
J’enchaîne (donc) avec l’autre exposition du Grand Palais consacrée à Toulouse-Lautrec. J’y retrouve toujours trop de presse, épaisse, qu’il faut contourner autant que possible pour se placer devant les œuvres, sans réussir à bien s’y implanter, d’où des clichés pris à la hâte et dont le rendu apparaît souvent tremblé.
Fin d'après-midi
Je rate d’emblée l’autoportrait (rare) du peintre, qui, en 1880, n’avait que seize ans et s’est représenté en arrière-plan d’une peinture plutôt floue, aux dimensions on doit dire modestes.
Henri de Toulouse-Lautrec par lui-même, Vers 1880, Huile sur carton Albi, Musée Toulouse-Lautrec, 0,40 x 0,32 cm © Internet
Pour le reste, je ruse avec la foule (la première photographie mettant un visage à un peintre dont le nom ressuscite la Bretagne).
Emile Bernard, 1885, Huile sur toile, Londres, Tate, en dépôt à la National Gallery of Arts
Henri de Toulouse-Lautrec et Louis Comfort Tiffany (1848-1933), Au Nouveau Cirque, Papa Chrysanthème, Vers 1894-1895, Vitrail en verres jaspés, imprimés, doublés, colonés, rehaussés de cabochons, plomb, Paris, Musée d’Orsay
La Danse au Moulin Rouge dit aussi La Goulue et Valentin le Désossé, Panneau pour la baraque de La Goulue à la Foire du Trône à Paris (panneau de gauche), 1895, Huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay
La Danse mauresque dit aussi les Almées, Panneau pour la baraque de La Goulue à la Foire du Trône à Paris, 1895, Huile sur toile, Paris, Musée d’Orsay
Elles, série de dix lithographies (frontispice), Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
Artilleur sellant son cheval, 1879, Huile sur toile, Albi, Musée Toulouse-Lautrec
Gustave Geffroy et Henri de Toulouse-Lautrec, Yvette Guilbert, 1894, Volume imprimé avec seize lithographies au crayon, Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie
Soir
Je suis livré à des clavardages idiots sur la toile. Le trentenaire amateur d’hommes mûrs a, semble-t-il, plus envie de virtuel que de rencontres effectives. Mais moi, je sèche sur pied (c’est sans doute pourquoi j’achève la bouteille !).
Il est vite tard, plus vite qu’on ne pense, sur tous les fuseaux horaires, et j’en ai — non pas bientôt, mais après un certain temps — vraiment assez.
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El Greco (Domenikos Theotokopoulos) (1541-1614) dans des billets antérieurs :
An Allegory (Fabula), about 1590 994
Christ en croix adoré par deux donateurs (le), Huile sur toile, vers 1600 (peint pour l’église des religieuses hiéronymites de la Reine de Tolède) 945
The Concert of the Angels, ca 1608-1614, oil on canvas 984
Retrato de su hijo Jorge Manuel (hacia 1600) 839
Saint Luc peignant la Vierge, Tempera et or sur toile marouflée sur [bois ?], 1560-1566 Athènes, Musée Benaki 981
Saint Pierre, ca 1600-1607 984