1050 - En Italie (7)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
[journal extime]
(19 octobre – 2 novembre 2019)
7
Parme, 25 octobre
Réveillé au milieu de la nuit (une pensée nocturne impérieuse — à tort ou à raison – me vient, qui me tire hors du lit pour la consigner sur papier), je me rendors malgré l’eau qui tambourine contre un pan de la maison à intervalle irrégulier, malgré le réfrigérateur qui manifeste sa présence (indiscrète), malgré quelques rêves qui bouleversent la quiétude d’un repos déjà bien entamé… Il est plus de huit heures quand j’ouvre l’œil.
Comme je loge en face, je me dirige d’abord vers le Palazzo della Pilotta.
Son musée archéologique (assez anecdotique) parcouru, je m’attarde à l’intérieur du Teatro Farnese, tout entier fait de bois de sapin.
Des ouvriers devant une échelle indiquent de l’endroit quelle en est l’échelle, que l’on peut confronter à leur taille même !
(Le soleil effare la vue à ma droite [côté cour ?] et je m’abstiens de tout cliché.)
Je visite ensuite la Galleria Nazionale.
Antonio Allegri detto il Corregio, Madonna delle scala, 1524 circa, Affresco transportato di tela, Parma, porta di San Michele
Antonio Allegri detto il Corregio, Incoronazione della Vergine (frammento del catino absidale della chiesa di San Giovanni Evangelista di Parma), 1522 circa
Giorgio Gandini del Grano (Parma fine del XV secolo - 1538), Sacra Famiglia coi santi Michele arcangelo, Bernardo da Chiaravalle [Bernard de Clairvaux] e angeli, 1534-1535, Olia su tavolo, Parma, chiesa di San Michele dell’Arco
Sebastiano Luciani, detto del Piombo (Venezia 1485 – Roma 1547), Ritratto di Paulo III Farnese con un nipote (Ottavio Farnese ?), 1534
Anonimo fiammingo, Discesa dalla croce, XVI secolo, Dente di ippopotamo intagliato
Un autre Sebastiano Luciani — peintre dont je ne suis pas sûr d’avoir déjà remarqué une œuvre auparavant — attire mon regard…
Sebastiano Luciani, Rittrato di Eucherio Sanviale, quinto decennio del XVI secolo, Olio su ardesia
Lanfranco (Giovanni) (Parma, 1582 – Roma, 1647), Sant’Agata visitata in carcere das San Pietro e l’Angelo, 1613-1614, Olio su tela
La peinture des XVIIe tardif et XVIIIe me laisse souvent indifférent. Les portrait de Ribera et de Murillo, assez beaux, restent toutefois d’une attribution incertaine, et il me paraît, en effet, que d’autres vieillards pour figurer tel ou tel saint ont été portraiturés de façon plus saisissante par le premier (je songe à celui vu à Glasgow, en particulier)...
La Scapigliata du Vinci, elle, s’est fait la belle jusqu’en février — puisque exposée en ce moment au Louvre !
— Quel plaisir, cependant, à arpenter un musée dans des salles où je suis souvent seul, loin de la presse des grandes expositions parisiennes !
Et, malgré la lumière qui abreuve la toile, je photographie la Madone du Corrège qu’aimait tant Stendhal (sans doute davantage pour la Vierge que pour le Jésus…).
Madonna col Bambino e i santi Gerolamo e Maddalena detta Madonna di san Gerolamo o Il giorno, 1526-1528, Olio su tavola, Parma, chiesa di Sant’Antonio
* * *
Après avoir photographié de l’extérieur le baptistère, je visite une première fois la cathédrale.
Tout me paraît beau à Parme, même la devanture des pharmacies.
Après-midi
Après avoir déjeuné, je reviens sur mes pas en visitant d’abord le baptistère
— et retourne à la cathédrale.
Je visite ensuite San Giovanni Evangelista.
Dans la bibliothèque du monastère un colloque d’universitaires (dont l’intitulé « La justice est-elle possible sans la loi ? » — ou quelque chose d’approchant — paraît défoncer quelque porte ouverte) agrège toutes sortes de gens qui se contorsionnent ridiculement devant l’huile dont l’un(e) ou l’autre flatte l’ego immense, l’un(e) ou l’autre, je le suppose, s’en pensant oint (sinon, à quoi bon ?). Et de m'étonner que pareille comédie puisse ainsi d’âge en âge se perpétrer.
Puis, fasciné — ainsi que déjà rapporté —, je visite la Camera di San Paolo dont le cortège de putti peint par Le Corrège offre aux yeux une vertigineuse toupie...
* * *
Je rachète, pour mon dîner, les mêmes fruits que la veille, dont je photographie l’étiquette m'informant de leur nom : Miagawa sfuso.