1081 - Carnet d'un confiné (18)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

 

18

 

[Journal pas toujours extime]

 

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

 

1er avril

 

Matin

 

Mon nez coule et je suis pris d’éternuements.

Je travaille une bonne partie de la matinée.

Je reprends ensuite mes notes, plus que sommaires, concernant le 16 août — et consulte les photographies pour tenter de reconstituer mes déplacements. Le nom des villes ne me vient pas. La carte du Finistère prise chez le logeur me permet de retrouver certains lieux : Roscoff, Morlaix (un jeune homme sympathique m’avait renseigné à l’office du tourisme). Mais je serais bien incapable de nommer la ville où j’ai acheté un guide de la Bretagne du Nord.

Je reçois du courrier (celui, attendu depuis plusieurs jours, de la banque, en particulier).

 

Après-midi

 

Sieste d’une heure.

J’appelle Simone, absente. Je laisse un message.

Dans ma promenade, je pousse jusqu’à la poste centrale. Dans la queue, F***, masqué, se tient derrière moi et m’interpelle. Nous échangeons quelques banalités et nous donnons des nouvelles de M. — que lui a eue plus récemment que moi au téléphone. L’attente dure un bon quart d’heure.

J’achète dix vignettes. Elles s’impriment et tombent les unes après les autres. Le personnel se montre aimable, qui porte assistance aux personnes.

Quelques courses sommaires. La caissière du premier magasin est vaguement abritée par un plastique flottant devant sa caisse. Pas de protection particulière pour les deux jeunes filles de la boulangerie, à part des gants. La boucherie, elle, n’ouvre que le matin. Toujours pas de masque ni de gel hydro-alcoolique dans les pharmacies.

 

1081 - Carnet d'un confiné (18)

Simone a laissé un message sur mon répondeur. Je la rappelle. Elle me tend une perche — c’est la seconde — pour que nous nous voyions et nous parlions d’un trottoir l’autre. Je me dis que, de fait, ce serait mieux en effet que de se téléphoner.

Elle a appelé sa cousine. En Israël, les gens ne sont autorisés à des sorties qu’à une centaine de mètres de leur domicile.

 

Coup de fil à Marthe et Paul. L’une des chattes a une conjonctivite. Paul — je m’en étonne — veut que je lui envoie un message avec le numéro de mon portable. C’est lui qui m’apprend le premier la façon dont le gouvernement envisage le “déconfinement”. J’abrège la conversation — mais Paul n’est pas de toute façon très à l’aise au téléphone — afin d’entendre les informations de 19 heures. Je me dirai — après coup — qu’il avait peut-être à me dire des choses plus personnelles.

 

J’enverrai ce message ensuite dans la soirée.

 

Bonsoir Marthe, bonsoir Paul,

 

Message plus spécialement pour Paul, qui s’inquiétait [?] de savoir si la foire cette année serait annulée, la fête de la musique pourrait suivre — surtout si le des-cons-des-confits-fit-finement (je deviens bègue ^^) prend du temps :

 

[extrait du blog d’Eric Chevillard :]

 

samedi 28 mars 2020

 

Un peu las de toutes ces vanités qui encombrent les musées, j’ai commencé à peindre une série de modesties. Mais j’ai vite cessé en constatant que le motif était le même : une tête de mort.

 

 

Quand je pense que certains mettent à profit tout ce temps pour RElire Eric-Emmanuel Schmitt !

 

 

Allons, allons, il reste pourtant quelques bonnes raisons de se réjouir : la fête de la musique pourrait bien être annulée cette année.

 

 

Confinez-vous bien ^^ !

 

Amitiés,

 

Romain

 

Soir

 

Je reçois un appel de Valérie et Denis, qui voudraient que je rouvre le robinet d’eau du jardin. Nous plaisantons, Valérie et moi, complices, mais Denis intervient et nous coupons court. Je mets ce moment à profit pour donner mon sentiment à Valérie sur la prétendue continuité pédagogique ; elle semble entendre mes arguments. Denis parle des “apéros Skype” qu’ils font avec des amis, mais je me dérobe à ce sujet : j’en concevrais plus de frustration que de contentement.

 

Cette fois, je déroge au film du soir. Je lis assez péniblement l’ensemble des messages accumulés.

 

Je découvre de très belles photographies (de ce qu’elles ont de palpable quant à la colère, la détermination,  chez les intervenants des luttes de juillet, dans leurs visages fermés, inquiets et las), qui rejoignent celles des moments les plus récents. Le personnel hospitalier, cependant, avait alors assez mal reçu les enseignants. Pourtant, la « convergence des luttes » n’aurait rien d’un vain mot pour peu — ce peu que l’on attend avec autant d’impatience que d’espoir — l’on veuille lui accorder le crédit nécessaire.

 

 

 

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