1079 - Carnets d'un confiné (16)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

 

16

 

[Journal pas toujours extime]

 

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

1079 - Carnets d'un confiné (16)

 

30 mars

 

Matin

 

Je passe trois heures à préparer un document.

 

J’ai décidé de ne pas me raser. (Je ne sais pas si la décision tiendra longtemps pour autant, mais ce peut être intéressant de se voir barbu.)

 

La plaie de la main — j’ai dormi sans bandage, avec un pansement qui a tenu durant la nuit — est désormais bien cicatrisée.

 

Le soleil est revenu.

 

 

Après-midi

 

Mais il fait frais.

 

Je fais une promenade de presque trois quarts d’heure. Je croise en chemin une voisine, avec laquelle il y a quelque dix-sept ans j’ai préparé un concours. Nous devisons un peu. Elle m’apprend que les boîtes aux lettres ne sont plus relevées qu’aléatoirement, qu’il faut dorénavant porter son courrier à la poste principale. C’est le premier visage en chair et en os que je vois s’animer depuis une demi-semaine au moins.

 

Claudie appelle. Elle se débat avec des tentatives vaines de « télétravail ». Je tâche de calmer ses ardeurs et de la rasséréner. J’appuie par erreur sur l’un des boutons du téléphone, qui interrompt la conversation et fait redémarrer l’appareil.

Nous reprenons. Je lui raconte la façon dont Laure, qui n’est pas une idiote, se détourne des cours en ligne auxquels on voudrait la confronter. Je parle de « discontinuité pédagogique », de la difficulté que doivent avoir certains à travailler par eux-mêmes, de ce que la situation peut avoir difficile pour certains adolescents confinés chez eux, avec leurs parents et fratrie qui plus est, dans des espaces dont on ignore tout, avec des moyens de connexion dont on ne sait pas davantage.

Je parviens, je crois, à convaincre Claudie qu’elle a fait suffisamment. Elle me dit qu’elle va se préparer à dîner.

 

 

Soir

 

Je regarde l’Ornithologue de Joao Pedro Rodrigues, que j’avais vu à sa sortie au cinéma. Deux scènes fortement érotiques : lorsque le héros est attaché tel un Saint-Sébastien et quand il rencontre le berger nommé Jésus (avant le meurtre, étreinte inverse de la précédente, meurtre que j’avais — très significativement — oublié).

 

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