1083 - Carnets d'un confiné (19)
CARNETS d’un CONFINÉ
19
[Journal pas toujours extime]
(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)
2 avril
Matin
Je passe presque trois heures sur un seul et même document.
J’ai oublié de parapher le courrier envoyé à la banque hier, me téléphone-t-on, en me proposant de le scanner.
La cartouche d’imprimante est en bout de course. Je peste après cette énergie perdue. Il faudra désormais faire sans l’imprimante le plus possible.
Après-midi et soir
Près de deux heures et demie passées au téléphone, dont la moitié avec Claudie. Nos vies téléphoniques s’allongent… à défaut que nous ne puissions nous prendre les uns les autres dans les bras !
J’appelle d’abord M.-C., qui dit n’être pas très en forme, en avoir un peu assez.
Comme elle me demande comment cela va de mon côté, que j’ai dépassé une première phase de découragement, je lui réponds que je vais bien. Elle me dit alors que j’ai toujours le tact d’appeler quand c’est le cas ; je tâche de la détromper : je n’ai pas toutes les vertus qu’elle me prête toujours si généreusement.
Quoi qu’il en soit, je m’attarde à parler avec elle, sentant que mon coup de téléphone lui fait du bien… Sa fille n’appelle pas, la privant de nouvelle. Elle n’a vu depuis plus de deux semaines que la factrice, qui lui a livré cent masques ! M****, qu’elle emploie souvent comme “homme à tout faire”, lui livre des légumes frais. Elle s’efforce de moins « regarder les écrans », mais ne parviens guère à lire. Peut-être ira-t-elle tout de même se promener. Certes, elle peut vaquer dans son jardin, mais cela ne constitue guère un exercice physique pour autant puisqu'elle ne jardine que peu. De mon côté, je me suis fait mal au dos, sans doute pour avoir forcé dans des rotations du buste lors d’une gymnastique que j’aurais voulue quotidienne, mais à laquelle je ne me livre plus depuis ces douleurs en bas des reins.
Je me promène ensuite — il est déjà plus de seize heures… — en ayant tout de même quelque peu l’impression de tourner en rond dans ce seul périmètre autorisé…
Soir
Alors que je m’apprête à regarder Viridiana, Claudie appelle. Elle m’expose toutes sortes de griefs qu’elle a contre ce gouvernement.
J’admire sa rhétorique, mais je ne suis pas toujours sûr qu’il ne s’agisse pas de rodomontades. Je laisse d’abord le flux verbal s’écouler.
Lorsqu’elle aborde la question des autistes — et donc de son frère —, je rebondis. La conversation se fait plus fluide ensuite.