1090 - À la napolitaine (0)

Publié le par 1rΩm1

 

 

À LA NAPOLITAINE

 

RÉCIVIDE

ET (NOUVELLE) TRANCHE (DE VIE)

 

(Journal extime)

 

PARIS - NAPLES - PARIS - ****

 

(16 février - 1er mars 2020)

 

 

ENVOI

 

Dimanche 16 février

Matin

« Je vous laisse la fenêtre... »

Alors que je suis déjà installé dans le wagon du train surgit un compagnon de siège qui s’assied avec cette phrase, prononcée sur un ton légèrement acerbe malgré tout. La formule, que je ne comprends qu’avec un léger temps de retard, vise à me signaler que je suis à la mauvaise place (ce qui, de ma part, en vérité, était tout involontaire).

Mon interlocuteur, à qui je donne entre vingt-cinq et trente ans, est assez joli garçon, et je l’observerai à la dérobée d’abord compléter des fiches sur son ordinateur (le même que le mien), activité professionnelle qui l’absorbe une demi-heure environ et paraît avoir trait à l’évaluation d’équipements sanitaires dont pourraient être dotés des laboratoires, cliniques ou hôpitaux — je n’ose loucher davantage sur les tableaux Excel qu’il remplit à mesure, le plus sérieusement du monde (et, de fait, c’est peut-être important ou grave), puisque l’on ne peut que songer à la préoccupation du moment qui paraît accaparer tous les esprits : l’épidémie de coronavirus… —, puis manipuler son téléphone pour consulter apparemment ses messages, avant de sortir un carnet dans lequel il écrit.

Cette dernière partie de ce curriculum vitae en raccourci me paraît tout à fait inhabituel, et, tandis que, de mon côté, j’ai pris connaissance sur ma messagerie d’un courriel d’Amélie me donnant les coordonnées d’un certain T. W. qui s’est chargé d’affréter un bus de manifestants pour lundi et que je pourrais donc retrouver — je rends alors grâce à Amélie pour ses attention, soin et douceur, elle qui tâche toujours de faire face aux multiples demandes qu’elle reçoit (la mienne étant de me conjoindre à d’éventuelles personnes connues pour ne pas me sentir trop solitaire au sein d’un cortège) —, après que j’ai commencé, pour me mettre dans la couleur du lieu où je serai bientôt, Naples 44 de Norman Lewis, le geste de mon voisin m’encourage alors à sortir mon propre carnet et à tracer ces lignes-ci…

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Le voyage se poursuit ainsi, sans qu’un mot ait été échangé, sauf au moment de se séparer sur un « au revoir » poli, à l’arrivée à la Gare de l’Est…

— Au revoir, nous étions bien ensemble… au revoir, les mots qui nous rassemblent… au revoir, "je vous laisse la fenêtre", au revoir !…

 

 

 

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