1088 - Carnets d'un confiné (24)
CARNETS d’un CONFINÉ
24
[Journal pas toujours extime]
(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)
7 avril
Matin
Je travaille.
Après-midi
Je mets une dernière main au document du matin.
Je me sens ensuite en vacances — tout en espérant que cela n’aura pas le sens de vacuité.
Je le dis à M.-C. lorsque je lui téléphone : la situation peut ressembler à ce que ce sera pour moi l’an prochain, si mon congé est accepté.
Elle s’éloigne un peu des écrans, mais lis des essais politiques. Je lui conseille un peu de littérature en guise d'une salutaire échappatoire — et surtout pour détendre son esprit toujours à l’affût des mauvaises nouvelles.
Le temps sec de ces dernières semaines a eu raison des mousses sur ma terrasse. Je n’ai qu’à retirer les pousses qui, à cœur joie, ont poussé dans les interstices laissés par les joints en allés des carrelages.
Pour la toute première fois, en raison de précautions sanitaires, je commande sur un Drive. Eplucher le catalogue en ligne et choisir des produits prend du temps. Mais comme la veille ma brosse à dents électrique est tombée en panne, je ne vois guère ce moyen m’en procurer une.
Il est plus de 18 heures alors que j’effectue ma promenade. Je ne renouvellerai pas l’expérience : c’est l’heure d’insupportables joggers.
Soir
Téléphonage d’un peu plus d’une heure avec Aymeric.
Je me réjouis de savoir que le confinement ne lui pèse en rien.
Les sentiers de F**** lui conviennent bien, de même que la distance de deux êtres avec ses contemporains. Et les cerisiers sont en fleurs.
Comme souvent, je m’aperçois que nous nous amusons de mêmes choses. Son pessimisme fait souvent mouche. Je lui fais part de celui de mon père.
Sa mère, qui continue de dévisser, elle aussi, va bien — si l’on ose dire, dans son malheur. Elle ne réclame plus de le voir, ni aucun membre de sa fratrie. Elle traverse les épreuves sans rien y comprendre.
Nous sommes souvent en osmose — sauf peut-être pour la question des masques, même si je comprends son point de vue. Le visage est notre humanité. Certes. Peut-être me laissé-je influencer par les discours répétés, ceux de M.-C. notamment.