1097 - À la napolitaine (3)

Publié le par 1rΩm1

 

 

À LA NAPOLITAINE

 

RÉCIVIDE

ET (NOUVELLE) TRANCHE (DE VIE)

 

(Journal extime)

 

PARIS - NAPLES - PARIS - ****

 

(16 février - 1er mars 2020)

 

3

 


Lundi 17 février
 

Matin


    J’ai reçu un message d’Amélie, qui me transmet les cordonnées d’un certain T. W., lequel s’est chargé d’affréter un bus de manifestants au départ de Metz. Amélie, toujours prompte à se montrer attentive — et si douce : j’éprouve une vraie reconnaissance à son égard — et songe combien je suis content d’avoir fait sa découverte, laissant mentir les préventions au sujet de mes collègues qui sont les miennes en général.
 


Après-midi


    Nous martelons durant presque quatre heures le pavé parisien.

    Il se trouve peu de monde en vérité.
    J’envoie un message audit T., mais avise bientôt J***, un professeur de philosophie à la plume acérée, aux textes dont la pertinence étonne. J’aimerais comme Elvire, Stéphane, J***… écrire de tels textes : je ne saurais pourtant avoir leur immédiateté d’analyse. Je me fais désigner T., tandis que j’avise Fred.
    Je prends devant l’Opéra de premières photographies.

1097 - À la napolitaine (3)
1097 - À la napolitaine (3)
1097 - À la napolitaine (3)
1097 - À la napolitaine (3)

    Le cortège, après un long temps, finit par s’ébranler. Je m’efforce d’être l’éponge qui absorbe les cris, la colère, les bruits, les chants — puisque je défile en silence, comme à mon ordinaire.

    Nous nous égrenons ainsi Avenue de l’Opéra, devant le Louvre,

1097 - À la napolitaine (3)

rue des Saints-Pères, rue de l’Université… jusqu’à l’Assemblée Nationale. Nous ne remplissons qu’au tiers le Pont du Carrousel, il est vrai assez large.

    Je reçois un message d’Aymeric, qui me promet du soleil pour accompagner ma déambulation. Il pleuvra peu après ironiquement de très grosses gouttes.

    Je m’amuse que J***, pas si jeune, s’agite et chante avec une certaine conviction : je suis son éponge. Il porte aussi la banderole d’un quelconque front des luttes.

    Une jeune femme prend complaisamment la pose tandis que je photographie sa pancarte de Macron travesti en Margaret Thatcher.

1097 - À la napolitaine (3)

Après trois quarts heures d’immobilité devant l’Assemblée Nationale, sans visite ni soutien d’aucun député, je décide de dételer — et fais mes adieux à Fred, J****, T.
    Je ne les envie pas de devoir faire cinq de bus pour le retour...

   Je vais ensuite à pied, visitant — c’en est la toute première fois — l’Eglise Saint-Germain-des-Près, dont la rénovation vient d’être achevée, ce qu’Aymeric m’avait dit la veille.

Entrée du Christ à Jérusalem, Peinture murale de H. Flandrin
Entrée du Christ à Jérusalem, Peinture murale de H. Flandrin

Entrée du Christ à Jérusalem, Peinture murale de H. Flandrin

1097 - À la napolitaine (3)
1097 - À la napolitaine (3)
Notre-Dame au Sourire (Milieu du XIIIe siècle)
Notre-Dame au Sourire (Milieu du XIIIe siècle)

Notre-Dame au Sourire (Milieu du XIIIe siècle)

Puis j’achète dans une librairie le dernier opus de Mathieu Riboulet.

 

Soir


    Je retrouve Patrice dans un café proche de l’appartement de Pascal et F. Il est très élégant dans son blazer bleu marine et sa chemise blanche.
    Il se plaint de son travail, tout particulièrement de ce que certains de ses collaborateurs oublient de collaborer. Il partira aussitôt qu’il pourra, en avril 2021. Il souhaiterait avoir la possibilité d’émettre un avis sur le choix de son successeur, non pas au bénéfice de l’institution, mais dans le souci de l’équipe de travail qu’il dirige.
    Je demande si Emma et son ami sont désormais dans le pavillon qu’ils ont fait construire. Après un nouvel délai, me dit-il, c’est en passe de réalisation, sinon de “livraison“.
    Patrice a oublié que nous ne nous étions pas vus en octobre, notre dernière rencontre remontant au mois de juillet. Plus de six mois se sont écoulés. Alors que je plaisante sur ce laps écoulé, il m’apprend qu’Emma et Lucie sont toutes deux enceintes, l’une d’une fille, la seconde d’un garçon. Je vois là un appariement parfait, en souriant à l’idée qu’Anne doit être ravie. Lui semble moins heureux à la perspective d’être grand-père. Je souris à nouveau de cet ordre des choses.

    Patrice préfère dîner au restaurant que dans l’appartement de F. et Pascal. Après avoir vérifié que tel ou tel lieu est fermé — puisque on est lundi —, nous partons à l’aventure en direction de Saint-Ambroise, puis rebroussons chemin, aucune devanture allumée ne signalant à mon attention.
    Nous dénichons un restaurant thaï, dont la carte paraît avenante. Alors que nous sommes installés, Patrice me confie avoir souscrit un crédit revolving (assez bien nommé au vrai, puisque mettant à la tempe de celui qui y a souscrit son échéance) pour faire face aux dépenses et éviter tout découvert bancaire. Cependant, je m’étonne — il s’agit sans doute d’une association d’idées de sa part en l’occurrence — qu’il commande dans la foulée une flûte de champagne. Comme cette dernière est néanmoins au prix du verre du chardonnay, je choisis de l’imiter. Les plats que nous commandons sont bons, les produits et ingrédients, frais à l’évidence, mais, avec le pichet de vin, nous en avons tout de même pour 40 €. Je continue de m’étonner à part moi de tant d’insouciance…
    Nous parlons des expositions au musée du Louvre. Comment, après celle consacrée à Léonard de Vincent, rebondir ? Selon Patrice, une belle exposition est en préparation sur la sculpture de Donatello à Michel-Ange.
    Je le raccompagne jusqu’à sa bicyclette. Il n’est pas très tard, mais, pris de boisson peut-être, je me sens fatigué.

    Revenu à l’appartement, pourtant, je réponds à Aymeric et envoie un message à Amélie.

Bonsoir Amélie,

Merci d’avoir joué les go-between entre les gens de Metz et moi :), je n’ai pas encore eu l’occasion de te le dire.
Nous étions à peine plus nombreux qu’un cortège provincial honnête un jour d’affluence, ce qui était tout de même bien trop peu à Paris, alors qu’avait été affrété tout un bus de la Moselle !
Au moins ai-je pu retrouver J*** sur place assez facilement — qui m’a désigné T.W.
(Mais non-rien-de-rien-non-je-ne-regrette-rien ^^ !)
— Sur l’une des photos, tu repèreras peut-être un nancéien égaré.
Voilà. Je te souhaite de très bonnes vacances en attendant de te voir bientôt.
Romain

 

 

 

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