1122 - À la napolitaine (10)
À LA NAPOLITAINE
RÉCIVIDE
ET (NOUVELLE) TRANCHE (DE VIE)
(Journal extime)
PARIS - NAPLES - PARIS - ****
(16 février - 1er mars 2020)
10
22 février 2020
Matin
Je me rends au Museo di Capodimonte à nouveau — et suis sur le pont dès l’ouverture à 9 heures. Je suis averti près de la billetterie que la Flagellation du Caravage voyage au Texas pour une exposition intitulée la Chair et le Sang, et je me rappelle le choc visuel que m’avait procuré le tableau au bout d’une aile du musée.
Ayant eu l’aubaine d’arriver le premier, j'arpente les lieux d’abord seul, puis accompagné de rares visiteurs.
Des salles ont aménagées avec des mannequins, meubles, costumes et accessoires afin de reconstituer la Naples festive aristocratique telle qu’elle a pu se vivre dans ce palais du XVIIIe siècle, occasion d'une scénographie tout de même très belle dans une première salle à l’entrée du deuxième étage
— ainsi que, plus loin, dans la Sala dei Pulcinella, consacrée, cette fois, au théâtre.
Mes pas me transportent un instant dans d’autres pas, à Copenhague avec ce marbre de Thorvalsen — mythologique certes, mais aussi en quelque façon symboliste avant l’heure — intitulé La nuit.
Entre autres curiosités, la sala della Parrucca, célébrant le libertinage de mœurs du siècle de Casanova,
ou ces étonnantes figurines en biscuit — si je comprends bien ce que je transcris de l’italien en lisant le cartel qui l’accompagne (La lavorazione del biscuit così detta a "pelo riccio" riproduce il vello degli animali ed è un esempio di comme la Real Fabricca si ispirasse alla natura) —, qui impressionnent par leur insigne laideur,
ainsi qu’un son et lumières assez spectaculaire auquel les photographies malheureusement ne sauraient rendre justice.
Mais, c’est avant tout à la peinture, autochtone ou allochtone, que je rends grâce, intensément, constituant à ma façon mon musée du moment — caravagesque pour l'essentiel, les deux séjours de Michelangelo Merisi à Naples ayant fait des émules après 1610.
Niccolò di Tommaso, Sant’Antonio Abate e Santi, trittico, tempera e oro su tavola, 1371
Giovanni Antonio Bazzi detto il Sodoma, Resurrezione di Cristo, 1534
Marco Pino, Decollazione del Battista, 1564 ca.
Battistello, Miracolo di Sant’Antonio da Pavado, 1622, Olio su tela
Mattia Preti, Il ritorno del figliol prodigo, 1656 ca., Olio su tela
Mattia Preti, Convito di Assolonne, 1668 ca., Olio su tela
Jusepe de Ribera, Trinità terrestre con l’Eterno Padre, 1626-30, Olio su tela
Jusepe de Ribera, Maddalena penitente, ca. 1616-18, Olio su tela
Matthias Stom, Morte di Seneca, 1640-45, Olio su tela
Je reste là trois heures, non sans m’attarder dans une exposition de maquettes d’architecture
— non plus que sacrifier avec des retrouvailles rituelles avec le favori d’Hadrien.
Guglielmo della Porta (Porlezza ? 1515 – Roma 1577), Busto di Antinoo [à gauche] ; Busti du Lucio Vero [à droite], 1575, bronzo fuso a cera perduta
La plupart des clichés que je prends sont plutôt réussis, dans les conditions d’accrochage, hauteur et lumière, qui sont celles du musée — à l’exception du Misanthrope de Brueghel et de ce portrait d'un jeune aristocrate peint par Fiorentino.
Rosso Fiorentino, Portrait d'un jeune homme assis sur un tapis, 1525, 120 x 86 cm, Huile sur panneau de bois, © Internet
Quand je ressors, les yeux rassasiés de peinture, un avion près d’atterrir, au-dessus du parc du palais, semble raser les bâtiments, vision insolite que je n'ai pas eu le temps de photographier.