1123 - Carnets d'un confiné (43)
CARNETS d’un CONFINÉ
43
[Journal pas toujours extime]
(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)
25 avril
Matin
Travail. Je peaufine.
Message de Julien W., qui me fait plaisir. Il faudra que je lui réponde, ainsi qu’à JM. Le confinement a cet avantage qu’il ramène vers notre orbe des personnes plus satellitaires.
Il faudra que je leur fasse passer qu’avant d’être sanitaire la crise était politique. JM entendra cela — mais Julien W. (dont je ne sais rien, ou presque) ? Je songe à Duncan aussi (auquel il faut que j’écrive bientôt, pour son anniversaire), à qui je risquerais de me heurter, ce qui ne serait pas la première fois sur une question politique !
Correspondance avec Benoît
(Les messages devenant plus brefs, j’y songe aujourd’hui [?] — car je ne sais plus ce que j’imaginais alors], mon interlocuteur devait ou s’épuiser dans la longueur, ou s’agacer de mes messages…)
MOI - 19/02 ; 23:03
Bonsoir Benoît,
Merci de ton message. Bon séjour à (« en » ? — voir ton curieux « et », qui doit anticiper sur la suite) Alep.
Pour ne pas t’assommer de ma correspondance, et par besoin d’écrire de toute façon, je remets en forme des bribes de textes anciens, façon de temporiser et de mieux être dans le dialogue avec toi le moment venu — puisque seules les correspondances importent en fait, je m’en aperçois d’autant mieux en mettant le nez dans ces textes « intransitifs » d’une autre époque.
Cordiales pensées,
Romain
LUI - 19/02 ; 23:13
Non, c’était bien « à » ; mais la fatigue de la route et un clavier anglais…
J’ai lu ce texte de 1991, « intransitif », oui : clos sur lui-même ; des allusions sans « dehors ».
LUI - 22/01 ; 00:32
Cher Romain,
Heures magnifiques au pied de la citadelle d’Alep ; labyrinthes odorants (thym et savon) de souks ; hospitalité délicieuse d’une amie… Et un nouvel article « chtonien » : http://blog.osolitude.gayattitude.com/20100222002422/le-monde-exterieur-iv-matieres-1-terres/ réécrit ce matin, entre deux paragraphes de ma réponse à tes « paquets de texte »…
Très amicalement,
B.
P.S. : Je me trompe peut-être, mais… ne faut-il pas aussi te souhaiter bon anniversaire ?
MOI - 22/01 ; 00:40
Benoît,
Ai voulu apposer ce commentaire à ton “post” du 20 (“Cuisses”) en simple « visiteur » qui aurait en tant que tel signé [R]***, mais n’y suis pas parvenu. Je procède donc par d’autres voies :
« Cependant, tout est dans la nuance, n’est-ce pas ?, dans ce “plus ou moins” glissé dans la phrase — et pas seulement pour des raisons de cadence.
Il se peut d’ailleurs que dans le “moins” réside le ravissement…
(J’ai cherché ce que signifie “avoir de la cuisse” pour les œnologues. Mais, si l’expression est “conviviale et rabelaisienne”, rien qui me permettrait en fait de rebondir à ton propos.)
Confraternellement (plutôt que fraternellement — donc) !
R*** »
Et je fais — pour le moment — dans la rétention afin de ne pas te surcharger de paquets de texte.
Mais je pense bien à toi ! (Et te lis… et te commente — quoique ma maîtrise des balises HTLM s’ingénie à me faire défaut !)
Romain
PS – Messages croisés : viens de lire « chtonien ». Mon anniversaire est passé depuis longtemps (depuis le 26). Ah bon, y a du savon à Alep ? (Pas pu m’empêcher : pardon !). T’envie en tout cas tes moments passés au pied de la citadelle de l’endroit…
A bientôt.
LUI - 22/01 ; 01 :00
Cher Romain,
Et commentaire du commentaire du commentaire… Scholiastes que nous sommes !
Souhaites-tu que je poste tel quel le message destiné à commenter « Cuisses » en « visiteur » signant [R]*** ? J’ai découvert dernièrement par hasard comment faire. (Si tu veux le faire toi-même : il suffit de cliquer sur « déconnexion », puis de chercher mon blog grâce à l’annuaire.)
Pas compris le jeu de mots sur le savon d’Alep. Séjour délicieux : Gabriela (la G*** de mes « Humeurs du moment »), magnifique grande bourgeoise italo-syrienne, me prête une chambre au dernier étage de sa maison de la vieille ville, donnant directement sur la citadelle…
Je viens seulement de remarquer « garçon de 50 ans » sur ta page, alors qu’il me semblait qu’au tout début de nos échanges (ou seulement de ma lecture de ton journal ?), c’était « garçon de 49 ans ».
Et – oui, s’il te plaît, poursuis dans la rétention : non que je n’aime pas tes messages, mais leur densité exige des réponses qui sont elles aussi des « pavés »…
A très bientôt.
MOI - 22/01 ; 01:11
Benoît,
Aucune densité dans mes messages — ni de jeux de mots. Le savon d'Alep est célèbre — et odoriférant, si j'en crois ton “post”.
J'essaierai de poster mon message destiné à commenter "Cuisses". Si je ne parviens pas, te solliciterai. (J'ai d'ailleurs d'autres questions à te poser, mais les garde en réserve !).
Douce nuit (tu es déjà déconnecté, mais qu'à cela ne tienne !)
Romain
LUI - 22/01 ; 22:35
Cher Romain,
Alors à défaut de « densité » : disons que tes messages me posent des questions qui me semblent appeler des réponses denses. Quant au savon d’Alep, c’est simplement que la formulation (« Ah bon, y a du savon à Alep ? (Pas pu m’empêcher : pardon !) ») pouvait laisser imaginer un jeu de mot ; or comme je suis typiquement le genre de personne qui ne les comprend que très longtemps après…
Bien trouvé le message du mystérieux visiteur « [R]*** »…
Très amicalement – et à très bientôt.
B.
25 avril 2020 [suite], après-midi
J’appelle Marthe. FG n’est pas venu encore réparer la fuite sous l’évier. Paul, qui s’apprête à promener le chien, me parle de Lubitsch, et, alors qu’il est sur le départ, me lance une phrase tronquée en guise de devinette en laquelle je reconnais un vers d’Apollinaire. Nous poursuivons, Marthe et moi.
J’essaie de varier les promenades. Cette fois, je passe par une rue où j’ai longtemps habité (l’adresse subsiste — voire persiste — sur mon permis de conduire).
J’achète du gel hydro-alcoolique en pharmacie. Je renonce à une course ponctuelle dans une supérette près de la gare. Trois ou quatre types désœuvrés se trouvent à l’entrée du magasin sans observer aucune distance entre eux.
Dire que ce printemps est magnifique — et qu’on ne peut le vivre pleinement n’est pas sans ajouter à la pesanteur des jours…
Je fractionne en trois (matin, après-midi, soir) la suite de la série télévisée entamée la veille. Rebondissements et fin ne sont pas toujours vraisemblables. Conditionné par le moment présent, on s’effare parfois de voir les protagonistes fort proches l’un de l’autre et l’on voudrait les empêcher de tant s’approcher !
Soir
Ils sont de nouveau deux à cohabiter dans l’appartement en dessous. Et ce sont de fieffés bavards que le souci des autres n’habite guère. Cette fois, je change de chambre pour ne pas entendre sa voix à lui, et je m’agace de ce déménagement.
Nuit
Rêves (désagréables) :
Je suis mis à pied de mon travail. La hantise du chômage me poigne, avant que la solution, simple et lumineuse, ne soit trouvée : dix-neuf mois sans salaire avant de toucher la retraite.
Les bars et les restaurants sont rouverts. Je manque de temps et me fustige de prendre la voiture, tel le pékin moyen avant le confinement. Je me réjouis de retrouver T. (qui, au téléphone la veille, se désolait de pouvoir sacrifier à nos vendredis). Au restaurant, je m’effare que le personnel accueille et serve les clients sans masque. On m’impose une inconnue à ma table, qui s’emploie à me faire la conversation, pendant que la serveuse, complice, encourage ses ardeurs. Je suis au supplice, tandis que T. tarde, seul espoir de mettre fin à l’insipide marivaudage de ma commensale !