1130 - Carnets d'un confiné (48)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

48

 

[Journal pas toujours extime]

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

30 avril

Matin

Travail (j’envoie un message de rappel aux élèves : seules trois se sont inscrites pour des simulations, aussi tardives que possibles !).
Courses sommaires.
Claudie. Un peu moins « pile électrique » que la fois précédente. Coup de fil également un peu moins long.

 

Correspondance avec Benoît

1130 - Carnets d'un confiné (48)

 

MOI - 14/03/10 ; 22:24

(Ecrit samedi)

Cher Benoît,
Oui, nos deux précédents messages se sont croisés (ce que je crois toujours bon signe). Depuis, je suppose que, autant pour toi que pour moi (voire davantage — pour toi), les activités de la semaine ont été denses. Ton histoire de pied de bureau m’a bien amusé, même si je sais que cela a sans doute été moins drôle pour ce qui te concerne de fournir ledit rapport exigé pour la veille !
Ici, la récidive de l’hiver a pas mal coupé les ailes aux oiseaux migrateurs qui nous avaient, il y a peu, promis le printemps ! Et, l’hiver jouant les prolongations, je n’étais pas d’humeur très enjouée… Pas très inspiré non plus, d’humeur atone, je m’adonnais plus à la dactylographie qu’à l’écriture, en m’acharnant sur quelques pages griffonnées à Reims que tu auras peut-être lues — même si je ne suis pas passé par le “journal des inscrits” pour les poser sur mon blog, ainsi que j’ai compris que tu le fais pour tes propres « posts » (et procédure que tu m’avais de toute façon expliquée). Mes correspondants divers (et d’hiver) semblaient hiberner pour la plupart, de toute façon, et rien n’est vraiment venu relancer la machine.
Et puis, tu le sais, j’avais décidé de jouer les taciturnes, afin que tu m’écriv(iss)es (ce qui est bien laid, et me ferait rougir — moins toutefois que Dumas qui aurait dit, prétendument par plaisanterie, que l’animal auquel je songe par paronomase était le « cardinal des mers » !) à ton aise, et pour n’avoir pas à subir mes « paquets » de texte. Or, j’ai l’impression qu’avec l’implosion de ta clé USB et autres désagréments informatiques je n’aurai jamais le fin mot de l’histoire. Tant pis ! (Tu devrais peut-être néanmoins essayer ta clé à l’occasion sur tel ou tel ordinateur : je sais qu’une des miennes n’est plus lisible, va-t’en savoir pourquoi, sur mon portable, alors que mon ordinateur de bureau en ouvre sans encombre les documents…)

Bon, quoi qu’il en soit, je compte bien reprendre notre commerce électronique, après ces quinze jours de quasi-abstinence !

J’espère que tu n’en seras marri — d’autant que j’aurai peut-être quelques considérations sur les adjectifs (classifiants / quantifiants / qualifiants, les derniers étant sans doute les plus à même de subir l’anathème de Roland Barthes quant à leur imprécision et/ ou commodité lyrique à ne rien dire ou presque du langage musical !) et qu’il doit bien rester des bouts de texte qui t’étaient destinés.

Trêve de plaisanterie* : je reste dans l’attente de te lire et t’adresse mes meilleures pensées,

Romain

PS (dimanche) – Vu la photo que tu as apposée sur ton portrait. Un court instant, j’ai perdu pied, en me demandant à qui appartenait ce visage, ton pseudonyme ne me donnant pas immédiatement la réponse… Je crois même que j’ai dû ouvrir ton profil pour mettre un prénom sur ce visage sur le moment inconnu ! Je dois être fatigué…

PS 2 - *Je relis en diagonale, je ne sais pour quelle raison, le début de nos « conversations » et viens seulement de comprendre que tu avais attribué à « dame-pythie » un jeu de mots qui ne m’avait absolument pas traversé ni la conscience… ni l’inconscient !! (Quoique, pour « l’inconscient », c’est évidemment possible ! ; voire : c’est cela même qui a pu commander l’expression…)
Comme quoi Leiris a raison : le langage, si j’ose dire, nous traverse (de sa « trame inconsciente ») !

Je te demande donc d’excuser tous les jeux de mot, volontaires ou involontaires, dont je parsème mes messages ! (Il y en a deux dans celui-ci, pas davantage ! — et je n’en suis d’ailleurs pas fier… non plus que des autres plaisanteries...)

MOI - 27/03/10 ; 15:26

Cher Benoît,

Viens de lire ton "post". Content de te savoir en vie — vraiment ! Et hâte de te lire plus privément...

Le printemps ici est revenu (soulagement...), qui vire à la flotte (se dire que c'est bon pour les plantes...).
Submergé de travail. Mais serai content de reprendre notre correspondance.

Bon retour ! (En espérant que les "contrariétés" ne seront bientôt que mauvais souvenir.)
Meilleures pensées,
Romain

LUI - 27/03/10 ; 22:38

Cher Romain,

J’avais réarchivé ton dernier message, pensant y répondre ces jours-ci — mais je trouve celui-ci et ne veux pas perdre une seconde avant de te redonner « directement » de mes nouvelles. Le « coup de feu » : plus qu’un mauvais souvenir, en principe, en fin de semaine prochaine (ça se tasse déjà un peu). Les avaries informatiques : je n’en découvrirai je pense que progressivement l’ampleur réelle : tel fichier perdu corps et bien, tel autre heureusement sauvegardé sur disquette…
Enfin, heureux de cette reprise de contact, quoi qu’il en soit.

Amicalement.
B.

PS : Oui, la photo, c’est bien moi, avec des retouches faites au hasard sur Photoshop (pas impossible que l’installation de ce programme ait accéléré la catastrophe informatique, sans forcément l’avoir causée).

LUI - 02/04/10 ; 22 :47

Cher Romain, bonsoir, comment vas-tu ?
Je commence tout juste à me remettre de cette période si pénible...

*  *  *

30 avril  [2020], après-midi

Sieste plus longue encore que les jours précédents.
Promenade sous la pluie (j’achète du “gel hydro-alccolique” commandé par mon père, qui m’a téléphoné le matin pour confirmer l’invitation pour le lendemain).
Cette grisaille change les perspectives et limite les passants.
Les douleurs que j’éprouve au bas du dos depuis trois jours — après que j’ai dû forcer un peu sur les exercices de gymnastique — irradient un peu plus quand je marche et que la gibecière balance contre la hanche gauche.

Travail en rentrant.

T., à qui je téléphone, me fait remarquer que j’appelle de plus en plus tard. Je crois entendre quelque reproche dans la remarque. Il me dit préférer le début d’après-midi. Je me le tiens pour dit et raccroche après une dizaine de minutes de considérations diverses et variées.

Marthe est contente du médecin, de la kinésithérapeute qu’il lui a indiquée, de FG qui a réparé sa fuite — et diagnostiqué toutes sortes d’avaries dans l’appartement. Paul développe cela aussi ensuite. Je m’amuse.

20 heures

Aux applaudissements de ce soir se mêlent les casseroles. L’aurais-je anticipé que je m’y serais mis aussi. Cela me surprend en pleine retranscription de mes notes du dimanche 15 mars (je n’ai pu que noter la coïncidence entre le raps familial qui a eu lieu ce jour-là et celui de demain). De même, j’ai voulu publier pour le 1er mai le « numéro zéro » de ce carnet — sur ordinateur — assorti du dessin qui m’avait amusé — façon indirecte également de répondre au message de Julien W., alors même que le temps de la maturation d’une réponse ne s’est pas produit encore.

Soir

Téléphonage avec Aymeric. Nous conversons une heure et quart.
Comme tout le monde, il trouve le temps long. Il n’a pas vu P. depuis le 15 ou 20 février. L’Oise aurait été l’un des premiers « clusters » — pourquoi donc ne dit-on pas foyers (d’infection) ? —, c’est du moins ce qu’il me rappelle. Son frère [sa sœur ?], en revanche, a vu sa mère, en bonne santé, mais toujours déclinante au plan psychologique, la maladie grignotant sa proie.
Il espère pouvoir prendre tout de même des vacances (dans le Nord ou le Grand Est).
Il ne sait pas ce qu’il adviendra de son concours — mais pas davantage de lui, ni quand, avec ou sans lui, le travail reprendrait…
Il lit Chateaubriand : je lui aurais donné l’envie, de par mon billet malouin, de se replonger dans sa prose belle, cadencée quoique exagérément  égotiste (si je traduis à ma façon ce qu’il m’avait écrit dans un courriel précédemment).
(Léger différend en fin de conversation. Je bats en retraite quelque peu dans mon argumentaire : je sais pas débattre ! — Sinon, nos vues s’accordent très largement sur le moment que nous traversons.)

 

 

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