1152 - Carnets d'un confiné (59)

Publié le par 1rΩm1

 

 

CARNETS d’un CONFINÉ

 

59

 

[Journal pas toujours extime]

 

(14 mars, […] 1er MAI 2020 … …)

 

11 mai

Nuit

Je fais des rêves angoissants liés au « déconfinement », dont s'est oubliée au réveil la teneur exacte, alors qu’après un cycle de sommeil j’en avais gardé le souvenir : il faudrait toujours avoir un stylo et du papier à son chevet !
Je repense, avant d’achever le Journal de Julien Green — qui m’aura accompagné durant toute la période du confinement —, aux messages des collègues et me dis que je ne voudrais pas que mon congé soit refusé s’il fallait travailler dans les conditions qu’ils décrivent… C’est là la pente exactement inverse de celle de l’avant-avant-veille !


Matin

J’attends la livraison de la plaque de cuisson, tout en travaillotant.

Je délivre aussi la troisième entrée de ce journal-ci.

Je cherche à ce que les livreurs prennent un câble, si besoin était.
Je dois patienter quelque vingt-cinq minutes au téléphone (un numéro prétendument non attribué la veille) avant d’avoir une interlocutrice, qui me dit qu’elle ne peut plus rien faire.

Je reçois un premier SMS : « votre commande sera livrée aujourd’hui entre 11h20 et 13h devant votre porte pas de reprise de l’ancien appareil ».
Onze minutes plus tard un second SMS m’avertit que ma commande « est en route ». Sur le site dont on me donne l’adresse, je peux suivre la progression du véhicule et il semble que les livreurs soient à six minutes de chez moi !
Je laisse passer quelques minutes et les attends en bas de mon immeuble.

Finalement, j’ai la bonne surprise de voir deux livreurs monter jusque chez moi, installer l’appareil en reprenant le câble du précédent, réussir à le loger — et repartir avec l’ancienne plaque de cuisson. Toutes mes appréhensions auront été vaines.
Jean, selon l’installateur, n’aurait pas dû isoler l’un des fils inutiles avec un papier collant, en ajoutant que c’est dangereux, que mon installation n’est d’ailleurs pas aux normes, etc., etc.
Je promets de faire vérifier tout cela par un électricien. Après tout pourquoi pas demander à FG de s’occuper de cela lorsqu’il viendra faire ses travaux pour la climatisation ?
L’installateur, lui, un jeune homme bien dodu, me fait songer à quelques-uns des lovers que j’ai pu rencontrer il y a quelque cinq ou six ans. Il m’est sympathique, de ce fait, et je trouve mes deux livreurs autrement efficaces que ce à quoi je m’étais attendu.


Après-midi

J’ai pu faire revenir la femme de ménage.
Entre-temps, j’ai procédé par petites unités, ce qui n’est tout de même pas comme un grand ménage.
J’éprouve une vive satisfaction à trouver l’ensemble de l’appartement nettoyé.

Autre souci matériel, je constate que la fenêtre de la salle de bains ne ferme plus bien. Le joint en est décollé et très abîmé sur le champ supérieur, tandis que le mécanisme semble grippé.
Encore autre chose que je devrai faire examiner par FG.

J’appelle Simone. Nous prévoyons de nous voir mercredi matin.

Puis j’appelle Marthe. Le chien a des abois furieux. Elle me dit qu’elle va s’en occuper et me rappeler. Nous ne trouvons, sur le moment, pas grand-chose à nous dire, Marthe aimant moins encore que moi le téléphone. Avec Paul, toutefois, la conversation est un peu plus longue, un peu plus fluide.

Pluie continuelle et froid : c’est — ironiquement — pour le « déconfinement » une journée presque hivernale (la température n’a affiche que cinq petits degrés dehors…).
Je sors très rapidement avant le dîner pour jeter des bouteilles dans un container et décharger un peu le coffre de la voiture des dernières courses.


Soir

Alors que je regarde (assez distraitement) une émission télévisée, Claudie appelle. Je ne décroche pas pour autant et ne la rappelle qu’ensuite. Il est encore et toujours question de ses soucis professionnels. Je lui indique comment faire pour partager le son avec ses interlocuteurs sur le logiciel qu’elle n’a pas réussi à faire fonctionner.
Son A bientôt sonne étrange. Je me demande si elle, mais aussi moi, T., Paul… ne nous laissons pas atteindre par quelque « syndrome de la cabane ».

Je me reproche de n’avoir pas l’énergie d’écrire à Julien W. Il y faudrait une ressaisie des huit dernières semaines, et je me demande comment les empoigner.

J’entame le Château, que je n’avais jamais lu. L’appareil critique de la Pléiade est tout de même assez indigeste.

1152 - Carnets d'un confiné (59)

 

Nuit

Rêve. Je suis à Paris. Les passants semblent prendre un malin plaisir à ne jamais observer les distances prescrites. La colère me gagne peu à peu. Je me sers d’un sac de voyage [?] que je balance violemment à gauche et à droite afin de contraindre les personnes autour de moi à prendre les distances requises !

 

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article