1179 - En attendant Vendémiaire (4)
EN ATTENDANT VENDÉMIAIRE
JOURNAL EXTIME
(17-22 septembre 2020)
4
Lundi 20 septembre
Matin
Je passe la matinée à rédiger mes notes de la veille, chercher un document pour Elvire, écrire à T., M.-C., Paul et Marthe (celle-ci, ainsi que T., me répondent), mettre en forme mes billets napolitains.
Je décide que je ne verrai pas N***.
Après-midi
Je me réveille brusquement après une sieste d’une heure après déjeuner.
Impossible, en dépit de toutes mes recherches, de mettre la main sur mes lunettes. J’emprunte à Pascal ou F. une paire de loupes que je trouve au chevet du lit.
Muni de ces prothèses, je me rends au Louvre. Il y a là moins de monde que jamais. J’accède — par jeu — sans encombre à la Joconde.
Je me promène ainsi parmi la peinture italienne et la peinture espagnole, les antiquités grecques et égyptiennes.
Silène portant Dionysos enfant, fils de Zeus, 1er ou 2e siècle ap. J.-C., d’après un orignal grec en bronze vers 300 av. J.-C.
En revoyant ce tableau de Ribera, je songe à la réécriture qu’en avait fait Cézanne — avais-je appris en visitant l’exposition consacrée à Cézanne et l’Italie au musée Marmottan —, la scène retranscrite étant « autopsie » plutôt que « Déposition »…
Jusepe de Ribera, la Déposition du Christ, Huile sur toile, vers 1622-1624
Et je contemple, une nouvelle fois, cet « homme au gant », qui plaisait tant à C***, et à qui — ai-je entendu incidemment à la radio — Juliette Gréco trouvait un regard cruel, une telle affirmation dépassant ma propre imagination…
Giovanni Antonio Boltraffio, la Vierge Marie et l’Enfant Jésus avec saint Jean Jean Baptiste et saint Sébastien et deux donateurs, dite Pala Casio, Huile sur bois, 1500
Mais c’est cette même imagination, sans doute cette fois déplacée, qui s’amuse et s’abuse (!) de l’ombre — ou du jeu des lignes allant du bas (des bourses) vers le haut à gauche — parcourant le tissu ceignant le sexe de ce saint Sébastien, donnant l’impression que le martyr se trouve en érection. Me revient alors l’expression employée par une collègue, H***, qui m’avait elle aussi amusé : « C’est tendu du slip ! », équivalant vraisemblablement à « c’est chaud ! », pour expliquer que, au cours d’un échange assez vif, une tension s’était installée, annonçant dissensions et débats entre interlocuteurs.
Et je trouve assez érotique le cuivre rouge parcourant le fil des lèvres du jeune homme « de Bénévent »,
Tête de jeune homme, dite « Tête de Bénévent », Bronze, Incrustation de cuivre rouge pour les lèvres, Vers 50 av. J.-C.
tandis que je retrouve Antinoüs, non pas flanqué de Hadrien, mais du successeur de son empereur d’amant, Marc-Aurèle…
Antinoüs en Dionysos, vers 130 après J.-C., Marbre [à droite, l’Empereur Marc Aurèle, vers 161 après J.-C.]
C’est pour les enfants d’Amélie, enfin, que je parcours les salles consacrées à l’Egypte, l’aîné (six ans) étant friand de tout ce qui concerne de près ou de loin les pharaons, tandis que je crois que Lisa (deux ans et demie) peut ne pas être indifférente aux créatures que sont les chats, m’essayant à de dernières captures photographiques…
Il est bientôt temps pour moi de sortir et d’aller à pied jusqu’à l’Île de la Cité, où j’ai rendez-vous avec B. en fin d’après-midi.
L’arrivée du Tour de France est imminente dans les rues. Décidément, j’y suis voué.
Comme il est impossible, depuis le trottoir que j’ai suivi, de traverser la route, je change de côté de la chaussée à la faveur de l’entrée de métro de la Place Saint-Michel.
B. me prévient qu’elle sera en retard. Je prends donc une pinte de bière dans un bar tout proche où je me suis rendu souvent au fil des années.
Le serveur, comme je m’installe dans l’arrière-salle, croyant peut-être me faire plaisir, allume l’écran d’un téléviseur géant et je subis donc la retransmission d’un match de football. Décidément (bis repetita), j’aurai eu ma part de sport durant la journée !