1188 - En attendant Vendémiaire (6)
EN ATTENDANT VENDÉMIAIRE
JOURNAL EXTIME
(17-22 septembre 2020)
6
21 septembre
(Je redoute par avance de mélanger les éléments de ce que nous avons pu nous dire au cours de la journée passée avec Judith ; je m’en tiendrai donc à peu — à ce qui est certain.)
Matin
Alors que je fais le ménage — la poussière — dans l'appartement de F. et Pascal, je casse un verre. Il s’agit d’un verre tout à fait ordinaire, mais je fustige ma maladresse…
J’attends ensuite Judith devant le musée Jacquemart-André. Elle est en retard, et je fuis le fracas assourdissant du Boulevard Haussmann en me réfugiant, malgré notre rendez-vous donné sur un banc à l’extérieur, dans l’entrée cochère de l'endroit.
Nous visitons l’exposition consacrée à Turner.
Joseph Mallord William Turner (1775-1851), Kilgaren Castel, Pembrokeshire, 1798-1799, National Trust
La plupart des œuvres sont sous vitre, réduisant, voire ruinant, la possibilité de capture photographique. Certaines peintures sont un peu décevantes, les plus belles n’ayant (naturellement) pas été prêtées ; mais il s’y trouve de jolies aquarelles et toiles, et je m’attelle malgré tout à quelques clichés, tout en doutant du résultat.
Un paysage italianisant idéalisé avec des arbres au-dessus d'un lac ou d'une baie, éclairé par un soleil rasant, Vers 1828-1829, Aquarelle sur papier, Tate
Venise : une vue imaginaire de l'Arsenal - Vers 1840, Aquarelle et pigments opaques sur papier - 24,3 x 30,8 cm, Tate
Quai de Venise, Palais des Doges, Exposé en 1844, Huile sur toile, Tate
Mer agitée avec des dauphins, Vers 1835-1840, Huile sur toile, Tate
Nous revoyons avec plaisir ensuite la partie de la maison dévolue à l’art de la Renaissance.
Pietro di Giovanni d’Ambrogio, Bannière de procession : sainte Catherine d’Alexandrie en gloire, Sienne, Toile de lin peinte, 1444
Après-midi
Judith propose que nous déjeunions sur place. La salade que nous commandons est agréablement composée et assaisonnée.
Elle a fait deux expositions de photographies — sans N., qui n’aime pas beaucoup cela. Je lui parle d’un documentaire récemment diffusé sur Lee Miller, qu’elle connaissait pas (à la différence de François, qui, lui, m’avait repris sur le prénom de l’artiste quand j’avais évoqué avec lui l’exposition vue à l’Albertina de Vienne en août 2015).
Je raconte les deux journées écoulées.
Assis sur un des bancs de la cour, nous cherchons ensuite un restaurant où déjeuner le lendemain. Il fait chaud, un peu trop même à mon goût.
Judith suggère que nous allions jusqu’aux Invalides. J’ai idée d’aller acheter quelques livres ensuite. Nous passons devant le lycée où Flore étudie.
Nous prenons un verre sur une terrasse de café faisant face au Dôme — la meilleure vue de Paris selon Stéphane Hessel (avec lequel je ne suis pas sûr de m’accorder à ce propos). En tout cas, les fleurs en plastique des bacs de la terrasse sont immondes.
Comme Judith doit passer chez son notaire presque en face de chez elle pour la signature d’un compromis de vente, nous allons jusque là à pied, non sans regarder dans la vitrine d’une agence les prix de l’immobilier, toujours incroyablement élevés.
Judith n’a toujours pas évoqué les relations tendues entre N. et Lucien.
* * *
Je poursuis à pied jusqu’au Boulevard Saint-Michel. Je rachète l’ouvrage de Mathieu Riboulet perdu à mon retour de Naples.
J’ai vingt minutes d’avance quand je parviens, après avoir pris le métro, Place Paul Verlaine…