1191 - Carnets d'Indonésie, lettre à J.-M. (1)
[in memoriam J.-M.]
Anywhere out of the world (comme aurait pu dire Baudelaire),
14 juillet [1987], 19-20 [?] heures
Hello little birds !
La C.S.A. n’a rien à vous envier, mais, plumes ou non, la petite bête grimpe progressivement les nuages.
Cette escalade dans du bleu n’est pas si féerique que je l’aurais cru. A vrai dire, ce baptême de l’air me déçoit un peu. Il faut dire, également, que, décollant de Bruxelles (après plus d’une heure de retard, bien sûr !), l’espèce de mini-tupolev dans lequel nous étions transportés semblait un peu dérisoire pour ce dépucelage de l’air. Côté avion, je reste convaincu que, plus grand paf il y a, plus impressionnante est la chose — c’est du moins mon opinion… concernant les avions !
Tout ce temps mort face à moi ne me dit rien de bon. On doit s’ennuyer ferme ici heure après heure.
Certes, mon voisin de siège est un grand beau blond style L**** (en moins vieux) ; mais il a aussi sur ses genoux une brune non épilée dont les jambes ressemblent à celles de Pascal (excusez cette comparaison commode). Nous avons échangé quelques mots en anglais (apprends, apprends vite, Pascal !), qui, de mon côté, se sont bornés à « Yes » et « Jakarta » — par ressentiment, sans doute… (Quant à l’hôtesse tchèque, je ne l’ai guère comprise — sinon qu’il semblait bien qu’elle donnait des indications de vitesse, d’horaires et de lieu.)
Enfin… je vous devais bien quelques mots à propos à propos de cette expérience inaugurale, puisque le dernier contact avec la France a eu lieu à Bruxelles — au moment de te quitter, J.-M. Merci en tout cas de m’avoir accompagné jusque Bruxelles — où, je crois, grâce à Bernard, nous avons passé quelques moments assez agréables.
(à suivre)