1202 - Journal de mon sommeil (5)
Journal de mon sommeil
(Journal extime, 19-21 juin 2021)
Work in progress
5
Lundi 21 juin 2021
Matin
L’infirmière (l’aide-soignante ?), après que je suis allé aux toilettes, veut entièrement me “rebrancher”. Je m’en irrite d’autant plus qu’elle prétend que je devrai demeurer ainsi jusqu’au début de l’après-midi.
Deux autres infirmières (l’une d’elles l’est, je le lis sur son badge) surviennent dix minutes plus tard. Celle dont je lis le nom me rassure : je serai libre après 10 heures, et elle me “débranche” partiellement de mon appareillage, tout en maintenant la “laisse” habituelle.
J’écoute les informations à la radio à 6 heures 30, puis à 7 heures. On annonce une débandade de la démocratie, et, en même temps, nouvelles plus réjouissantes, l’échec du R.N. et la déconfiture de la R.E.M. après les élections. Les analyses tocquevilliennes de l’apathie politique jouent ici à plein, et l’on doute de la bonne santé d’un régime démocratique qui apparaît bien plutôt comme un grand corps malade dont les jeunes gens sont peut-être (malheureusement) les membres les plus représentatifs, au vu de l’abstention — nullement révolutionnaire ! — des 18-25 ans. Aussi a-t-on a grandement du souci à se faire pour l’avenir… Il est possible, en outre, que les électeurs du R. N. se soient réservés pour les élections présidentielles.
Le petit déjeuner arrive vers 7 heures 50. Il me reste environ deux heures et demie à patienter.
L’infirmière y aide, qui se livre à des tests électriques après avoir constaté des interférences, probablement dues à l’un des néons en bout de course, dont le clignotement fatiguait les yeux. Je téléphone, sans qu’on me réponde, à Khadija, puis à Marthe pour qu’on se voie durant l’après-midi, à mon père ensuite pour qu’il vienne me chercher. J’écris à Valérie, pour les inviter, elle et Denis, à dîner un soir prochain de juillet.
Enfin 10 heures. Je suis autorisé à me doucher, à rassembler mes affaires.
Dur s’avère de décoller la pâte blanche qui a servi ces derniers jours à fixer les électrodes, dans les cheveux en particulier. Ma peau est irritée ; des plaques rouges se sont formées aux endroits où l’on a apposé des électrodes, au menton et aux tempes ; je diffère l'envie de me raser.
Une demi-heure plus tard, j’appelle mon père dans le couloir de sortie du service pour qu’il vienne me chercher.
Là, je prends une photographie des abords extérieurs — ceux dont j’ai parlé précédemment —, l’extrême saleté des vitres m’ayant dissuadé de le faire auparavant de l'intérieur, fixant alors sous un autre angle, dernier effet de boucle, l’image de l’unité de soins palliatifs où est décédé J.-M.
J’ai le temps encore de me renseigner au bureau d’accueil de la neurologie et du sommeil pour demander ce qu’il en est de la rééducation que m’avait prescrite J.-M. L***, remise sine die du fait sans doute du coronavirus. J’apprends que celui-ci a quitté l’hôpital, « depuis plus six mois ». Je ne reverrai donc pas ce jeune homme — beau peut-être, séduisant en tout cas sous son masque...
Tout cela laisse songeur — mais plus encore la date du rendez-vous avec un spécialiste (le 25 octobre prochain), qui interprétera les résultats de ces deux journées de tests et d’examens…
(à suivre et poursuivre)