1244 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas une maladie… (7)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si tant est que ce ne soit (toujours) pas

une maladie

Carnets d'un rescapé

(Journal extime)

Work in progress

 

7

 

Nuit du 6 au 7 octobre 2020

1244 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas  une maladie… (7)

Rêves éprouvants. Dans le livre que je lis figure mon acte de décès. Accompagnant mes prénom et nom la date inscrite est sans équivoque. Et je comprends immédiatement que cette lecture est prédictive. Je tâche de persuader Paul, M.-C., Marthe et T. que je dois à tout prix échapper à ma mort — donc. Quand Paul consulte le livre, il perd la page que j’ai marquée, le volume se délite, les feuillets se défont.

C’est bientôt une course-poursuite qui s’engage, dispersant les uns et les autres, tant et si bien que jamais je ne peux produire de récit cohérent ni convaincant à leur égard. D’ailleurs, je me retrouve bientôt seul à devoir tenter de rejoindre l’endroit d’où nous sommes partis, mes compagnons et moi.

Car nous séjournons dans une ville étrangère, en Pologne, c’est-à-dire nulle part, et, surtout, dans un univers ubuesque et dangereusement étrange peuplé d’indigènes, soit hostiles soit indifférents, mais le plus souvent menaçants.

Bientôt T. doit subir une intervention chez un dentiste, et M.-C. l’accompagne.

Auparavant [?], une discussion assez virulente se produit parce que T. et M.-C. veulent se rendre à tel endroit, alors que j’en tiens pour un lieu de mon enfance, que je veux leur montrer, La Sauvage — lieu qui n’a d’intérêt, hormis son nom (dont je ne m’aviserai qu’ensuite ce qu’il a d’approprié), pour moi.

Auparavant encore, nous avons visité une église dans laquelle la ferveur est grande. (nous sommes bien en Pologne…). Parce que nous la visitons en touristes, je me dis que nous violons un espace sacré, et me le reproche in petto.

Nous sommes réunis ensuite [?] dans un restaurant et commandons des plats. Au moment de payer, c’est moi qui ai l’addition la plus lourde. Il faut dire que, sans le savoir, l’alcool fort que j’ai choisi en apéritif était vraiment cher. Marthe, elle, a l’addition la plus légère. Comme je n’ai pas terminé mon repas, je me retrouve seul. En ce point du rêve, je me dis que tous s’adressent à moi en français, exactement comme si j’étais dans un film en version originale non sous-titrée, réflexion étrange et tout à fait décalée

Puis, seul dans les rues d’une ville superbe bordées d’immeubles art nouveau, je me promets de revenir, mais l’urgence est bien d’échapper à la mort.

Sans transition, je me retrouve dans une boucherie de ma propre ville, où, sans que j’en aie eu vent, les habitants ont été déconfinés. L’endroit est empli de chalands qui se côtoient sans observer la moindre « distanciation sociale », ce qui me perturbe grandement — et me donne l’idée de fuir. Quand je proteste contre la promiscuité et cette absence de toute précaution sanitaire, les clients soit me rient au nez, soit manifestent leur agressivité. D’ailleurs, j’ai absurdement apporté un bifteck haché pour m’en faire servir un qui soit identique. Je produis alors des excuses à la vendeuse. Et pars au plus vite.

Porte de la C***, je fuis à nouveau, empruntant la seule issue, une piste cyclable, pourtant trop étroite, et je me demande comment les cyclistes font pour y passer.

Heureusement, le rêve s’interrompt. Cependant, j’en sors et me lève curieusement éprouvé par ses détails (même si je ne suis pas certain de ne pas en mélanger les épisodes, d’en retrouver la chronologie, en subsistent les rebondissements…), au point de trouver angoissant le jour gris dans lequel j’émerge du sommeil. Bien sûr, à force de rationalisations, je pénètre quels éléments vécus dans les jours récents, quelles préoccupations sont probablement à l’origine des grandes lignes de mon cauchemar…

 

7 octobre

Je dépose un chèque pour F. G., contrevenant à mon idée que je le paierais une fois qu’il aurait entièrement fini les travaux, alors même que quelques finitions lui restent à faire : je me suis ému de savoir, par mon père, qu’il était tout à fait débordé ; au-delà des agacements accoutumés (en raison de ses retards et des relances qui en découlent), je le sais précieux, et nous avons noué une relation d’estime réciproque.

Je rappelle M.-C. : elle avait laissé un message la veille et je n’avais pas eu vraiment de disponibilité pour le faire. Elle consulte par téléphone un psychanalyste dont elle se dit satisfaite. Elle ajoute que nous allons mieux que bien d’autres et a cette considération que je trouve assez juste : aller bien quand le monde tel qu’il va va mal n’est finalement ni facile ni satisfaisant…

(Est-ce ce jour-là que j’ai écrit ces lignes sur une feuille volante ? : Nous sommes plus souvent à la peine qu’à la joie. Et la joie est singulière, et la joie se vit au singulier. C’est celle de nos corps quand ils ne souffrent pas. C’est celle des amis, des repas, des nourritures de la terre.

La réflexion, j’en ai peur, n’est pas originale. Et, si je songeais à Gide — comment ne pas y songer ? —, j’ai peur d’être un « immoraliste » bien faible…)

* * *

Soirée chez Denis et Valérie.

Ils ont insisté pour venir me chercher. Je reconnais là les prévenances, certes agréables, de Valérie, contre lesquelles j’ai tenté de lutter mais dont j’ai bientôt abdiqué, ne me sentant tenu de rien au bout d’un compte que je ne récapitulerai pas…

Ils ont mis, comme on dit, les petits plats dans les grands : en l’espèce, ce que s’interdit d’habitude Valérie, en ne cuisinant pas tout — pâté lorrain et gâteau ayant été achetés par Denis.

Et ils m’invitent au restaurant d’application de V*** le 24 novembre, et je finis par recouper telle et telle intention. En outre, ce sera le cinquantième anniversaire de Valérie.

Nous empruntons des circuits de parole bien balisés : la rentrée, la « difficulté » (« c’est compliqué ! ») à la gérer, l'obligation de porter le masque, le cinéma, la polémique suscitée par la publication du livre d’Emmanuel Carrère (!!). J’élude à propos des livres (j'arrive désormais à lire par tranche de douze ou quinze minutes, et je récidive deux ou trois au cours d'une journée). Valérie — qui m'avait proposé quelques mois auparavant, si je le voulais — n’y reviendra pas.

Valérie et Denis, m’apprennent-ils, aident à une distribution gratuite de repas.

[Ajout du 28/09/2021 : Je m’étonne de la façon dont se termine la relation de cette soirée. Il est possible qu’il manque ou que j’aie égaré un ou deux feuillets. Le confirmerait le fait que la dernière ligne de mon propos se trouve au bas de la page…

Peut-être aussi réservais-je un développement sur ce que m’inspire le florilège de bonnes intentions dont Valérie et Denis font montre, spécialement Denis d’ailleurs, qui vante parfois le Lion’s Club dont il est un membre actif. Toutes proportions gardées (bien entendu !), il arrive qu’ils me fassent songer à ces « gens formidables » qu’évoque la chanson des Malpolis…]

 

 

 

 

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