1257 - Précoce vendange, vendange tardive (journaux parisiens parallèles) (3)

Publié le par 1rΩm1

 

 

 

Précoce vendange,

vendange tardive

Journaux parisiens parallèles

(Journal extime)

Work in progress


 

3

 

4 septembre

Matin

Comme l’on annonce de la pluie l’après-midi, je vais — projet mis à mal en septembre dernier — au Père-Lachaise. C’en est la troisième fois, la plus insigne étant la promenade que j’avais faite avec Etienne.

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J’erre d’abord sans but précis. Puis je me guide d’un plan photographié au détour d’une allée, me fiant à la géographie générale des lieux telle qu’elle m’apparaît, et recourant par moments au répertoire précis des tombes de ses habitants les plus célèbres,

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celles-ci se signalant par des attroupements — ainsi de celle d’Edith Piaf, derrière la tombe des Salvador — ou même indiqués par un promeneur qui me demande quelle moisson de noms j’aie pu récolter !

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ou même indiqués par un promeneur qui me demande quelle moisson de noms j’aie pu récolter !

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Soir

En me rendant à pied au rendez-vous que m’a fixé François rue du Faubourg Saint-Antoine, j’emprunte la rue Popincourt. Je scrute les façades. A hauteur du numéro 7 [ou 7 bis ?], il me semble que se trouvait là le premier appartement occupé par Carine et J.-P.

Entre-temps je n’ai pu que constater la gentrification du quartier où Pascal et F. résident. Un fromager alterne avec un marchand de vins tous les deux cents mètres, un restaurant bio voisine, ou presque, avec un bar à vins ou tel établissement déclinant jusqu’au ridicule telle prétention éco-kokot-lo-bio-gastro-sophique.

(Photo du 6 septembre)

(Photo du 6 septembre)

Sophrologie, yoga, ostéopathie, médecines parallèles s’affichent en nombre aux devantures.

 

J’ai mes cinq minutes rituelles de retard — cela ne m’arrive jamais, qu’avec François —, et lui, est tout aussi rituellement en avance. Il s’est installé à une table où nous devrions nous placer tous les deux littéralement côte à côte, et je réclame de nous transporter de l’autre côté de la chaussée pour un tête-à-tête plus frontal.

Comme il me demande les dates de mon séjour à Paris, je lui réponds que je n’avais guère le choix de mon calendrier, en l’occurrence, et l’informe du décès de ma mère.

La mère de Danièle, elle, est morte une dizaine de jours auparavant. Il est venu à son enterrement. Allant à pied jusqu’au cimetière, il est passé devant le studio de Simone — et me demande si elle travaille encore. Je lui dis que je continue de prendre des cours de gymnastique — ce qu’il avait l’air d’ignorer. Il a rencontré Raphaël, qu’il n’aurait pas reconnu, à qui il a donné de mes nouvelles. Il ignorait que le cimetière juif occupait un espace à part, séparé par sa propre enceinte des murs du cimetière qu’il connaissait (j’apprends qu’y sont enterrés ses parents et sa sœur). Je songe que, lors du confinement, j’avais cherché la tombe de J.-P., sans la trouver. Je me demande un instant si la mère et le fils reposent sous la même lame tombale.

Sur la rue du Faubourg Saint-Antoine, le bruit confine au vacarme. Sur le trottoir d’en face, un enfant fait claquer des pétards de son talon (je n’avais pas vu — ni entendu — cela depuis l’enfance). Je songe que mes parents m’auraient alors interdit pareil jeu, afin de ne pas déranger les gens. Lui, en prend à son aise, tandis que ses parents paraissent peu se préoccuper de lui…

François me presse de finir ma bière. Il déteste être retard, argue-t-il. Je souris à part moi, ayant la même aversion, mais sa ponctualité apparaît bientôt exagérée puisqu’il est 19 heures 30 et que nous sommes à moins de 150 mètres du restaurant berbère où il a réservé.

François suit encore un régime. Il s’autorise, toutefois, de manger une tranche de baguette puisque, au déjeuner, il n’a mangé qu’une escalope de poulet accompagné de riz. Il me rappelle avoir été trouvé obèse par un médecin. Il avalera très rapidement tout du couscous qu’il a commandé, sans laisser ni semoule ni légumes.

Il reçoit un coup de téléphone. Il a prévu une sortie le lendemain, restaurant et Musée de la chasse et de la nature dans le Marais, quand une amie proposait d’aller sur les bords de la Marne. Finalement, une autre amie était venue à sa rescousse pour appuyer son projet. Il se plaint de ce que l’expédition proposée par sa première interlocutrice aurait été trop sportive — et de ce que cette amie a toujours tendance à imposer ses propres vues.

L’une de ses filles devrait être rentrée d’Afrique, mais ne l’a pas prévenu de son retour. L’autre ne l’a honoré que brièvement de sa visite. Elle était arrivée pour dîner après 21 heures et ne s’était pas attardée. Autre sujet de doléance. Il se plaindra de la vieillesse ensuite.

Il m’expose à nouveau l’hésitation qu’il aurait entre demeurer à Paris après qu’il aura pris sa retraite et s’établir à ****. Son dilemme, précisément, reviendrait à y retrouver son frère et des amis ou quitter ses filles pour lesquelles **** n’est nullement un point d’attache, elles n’y ayant jamais vécu.

Il me dit travailler assez peu en ce moment, être moins sollicité depuis les confinements successifs.

Je le sens se tendre lorsque j’expose mes griefs contre la politique sanitaire du gouvernement. Je commente alors l’air qu’il a pris.

Nous tombons d’accord, en revanche, sur l’absence de mesures musclées, alors même que la planète désormais brûle de toute part, prises en faveur de l’environnement. L’urgence m’en paraîtrait davantage criante que les décisions autoritaires prises en arguant de la situation sanitaire…

Comme je suis de plus en plus bègue à mesure que s’écoule la soirée, je renonce à argumenter un point de vue dont je ne suis pas du tout certain qu’il serait entendu étant donné les sympathies politiques, sinon partisanes, qui transparaissent à présent dans les discours de François. Je songe d’ailleurs que François a suivi une évolution en quelque sorte inverse de celle de B. Je me souviens, en souriant intérieurement, de la phrase de Clemenceau qu’il aimait citer, pour la railler, quand il était adolescent : « L'homme qui n'a pas été anarchiste à seize ans est un imbécile. Mais c'en est un autre, s'il l'est encore à quarante. » J’aimerais néanmoins que François soit dorénavant moins conformiste.

J’évoque d’ailleurs Sylvie P., dont je regrette la disparition. Je ne cultive en général que peu de regrets — contrairement, me semble-t-il, à François lui-même —, mais j’aurais voulu qu’elle ne coupe pas tous ponts avec son passé quand elle s’en est allée de **** pour s’implanter définitivement ailleurs…

 

Le tajine à l’agneau et aux olives est bon, sans être exceptionnel. Quelle idée, en particulier, d’agrémenter sa préparation d’olives dénoyautées en boîte dont la marinade aigre recouvre la saveur du fruit.

François, d’après ce qu’il raconte, se montre plus actif qu’auparavant. Il est allé à Casablanca, à l’invitation d’un collègue qui voulait montrer son entreprise à ses collègues parisiens.

Il me parle de musées, lui qui n’y allait qu’exceptionnellement. Il a vu l’exposition Peder Severin Krøyer à Marmottan, a visité le musée Guimet, s’est rendu déjà au Musée de la chasse et de la pêche, dont il me montre le site avec des photographies des lieux qui défilent sur l’écran de son portable.

Je règle l’addition.

 

Nous prolongeons la soirée dans le café qui fait l’angle de la rue Faidherbe où nous sommes précédemment allés au moins trois fois (je m’étonne à chaque fois que François ne s’en souvienne pas, puisqu’il dit aimer cet endroit, que je trouve pourtant sans attrait particulier. François aimerait habiter là. Je réplique que ce serait tout de même plus agréable d’habiter dans une rue adjacente, si possible bien plus calme.)

Il commande une bière sans alcool.

Comme il rentrera en métro et bus, il me propose le Monde, qu’il ne pourra pas lire au retour du fait de la nuit et des lumières artificielles en raison de sa presbytie, proposition que je décline.

Il règle nos consommations.

La conversation faiblit un peu, et je l’enjoins à rentrer, d’autant que, la fois précédente, il avait manqué la correspondance avec le bus — et qu’il est 22 heures 30.

Je rentre à pied, fais une halte photographique, hasardant avec mon nouvel appareil un premier cliché nocturne.

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Contrairement aux prévisions météorologiques, il n’aura pas plu durant la soirée.

* * *

M.-C. a envoyé un message comme quoi des sénateurs socialistes auraient déposé une proposition de loi pour la vaccination obligatoire de tous…

C’est bien là, songé-je, la pente qui anime François.

M.-C. ajoute : N’oublions pas que le 2 août dernier, le club de Dolder (forum confidentiel de 25 patrons de l’industrie pharmaceutique) dirigé par le n°1 de Pfizer était reçu à l’Elysée…

 

J’adresse un courriel à Judith afin de nous organiser pour l’après-midi du lendemain.

 

 

 

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