1270 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas une maladie… (24)
Si tant est que ce ne soit (toujours) pas
une maladie…
Carnets d'un rescapé
(Journal extime)
Work in progress
24
Dimanche 6 décembre 2020
J’hiberne. Pas d’autre terme : j’hiberne. (Je vais mieux, sachant cela.)
Lundi 7
Matin
J’utilise une ancienne ordonnance délivrée par le neurologue, valable quatre fois, pour me procurer des médicaments. Ce faisant, je diffère une demande auprès du médecin en vue d’un certificat médical à produire mi-décembre.
M.-C. appelle. Je l’invite à se joindre à nous, Marthe, Paul et moi.
Après-midi
Marthe me téléphone : Paul est souffrant (une gastroentérite ?), ils ne viendront pas. J’en préviens M.-C. en lui proposant de venir plutôt dîner.
Séance d’orthophonie. Certains exercices me réussissent mieux que d’autres. Un de ceux qu’elle me propose échappe à sa compréhension de la logique. Les réponses à trouver ne sont pas difficiles et, amusé, je conclus à quelque improvisation de sa part — autant qu’à un manque de discernement quant à une gradation des difficultés. Ce n’est pas la première fois que j’y songe : pourquoi ne prépare-t-elle davantage les séances. (Je n’aurais jamais procédé ainsi pour mes cours. Les rares fois où cela m’est arrivé — fort exceptionnellement — je m’en suis amèrement mordu les doigts…) (Je ne triomphe pas pour autant de lui expliquer la logique que je trouve aux exercices qu’elle m’avait donnés. Cela me console néanmoins de celui sur lequel j’avais tant séché.)
Soir
Je suis content de voir et recevoir M.-C. Je lui montre le vase au dragon donné par mon père.
A propos des CD de Léo Ferré, elle me réclame ceux que j’aurais en double ; la demande me contrarie en ce que j’avais pensé d’abord les donner à T. ou à Paul.
Au début, la conversation va bon train. Mais elle s’alentit à mesure. Je constate — comme assez souvent — des différends dans l’interprétation que M.-C. et moi avons de certains faits. Comme je n’ai pas lu les messages qu’elle a adressés concernant les vaccins à ARN, je me vois obligé à l’esquive. Je songe que je ne me ferais vacciner que selon certaines conditions. Elle, conclut à une gestion cynique de la crise sanitaire, ce pour quoi, si je ne la suis pas entièrement, je n’ai toutefois aucun argumenter à lui opposer. Et, la fatigue me gagnant, j’ai de plus en plus de mal aussi à parler sans bredouiller, tant et si bien que je lui cède tout le terrain quant au sujet des infectiologues thuriféraires d’un gouvernement auquel pourtant nous ne nous croyons pas plus elle que moi.
Mardi 8
Matin
J’écris à mon médecin.
Avant le cours de Simone, nous échangeons quelques mots bienvenus avant que n’arrive M*** : j’avais été un peu rebuté de ce que Simone n’avait pas proposé que l’on se voie. Elle me lâche soudainement que ma lombalgie est du ressort d’un kinésithérapeute ou d’un ostéopathe, non du sien. Je ne peux — évidemment — lui avouer que j’ai déjà consulté quelqu’un : ce serait avouer que j’ai préféré m’en remettre à lui plutôt qu’à P*** ; je rétorque donc seulement que mon état paraît s’améliorer, si j’en crois les deux précédentes séances.
Après-midi
Visite à ma mère. Elle semble aller mieux que précédemment.
Mon père s’irrite : le podologue n’est pas venu. Il lui coupe les ongles de la main. Et réussit à lui faire faire quelques pas.
Mercredi 9
Je déniche un abat-jour chez Emmaüs qui pourrait convenir au vase chinois, déjà transformé en lampe.
Jeudi 10
Durant a séance chez l’orthophoniste, l’élève-stagiaire qu’elle reçoit semble subir — et s’ennuyer copieusement. L’orthophoniste l’associe à nous pour un exercice (il s’agit de trouver des mots de quatre syllabes), auquel elle ne réussit guère. « Je suis le maillon faible » s’excuse(?)-t-elle.
Mon médecin a préparé un certificat médical, dont je fais rectifier la date. Il paraît moins vaillant encore que la fois précédente. Il me tend son ordinateur : il n’est pas parvenu à ce que ma carte vitale soit prise en charge. Je constate alors une erreur sur le numéro d’INSEE (concernant l’année de naissance) dont il ne doit pas être à l’origine. « Tu es un ange » me dit-il. Et de songer que j’aurais décidément du mal à lui signifier ma fin de bail.
Je reçois un message de Neil.
Je vais chez Simone. Le moment est agréable. Ce dont nous devisons est à peine plus personnel que d’ordinaire. Elle m’invite au réveillon de Noël. (Je songe bien sûr à cette invitation chez M. avec J.-M. et mes parents, soirée de conjonction heureuse, la dernière très certainement avant le décès de J.-M.) Reste à connaître dans l’intervalle quelles dispositions seront prises en vue d’un éventuel couvre-feu.
Et Valérie m’appelle pour m’inviter elle aussi. Je lui formule les mêmes réserves pour de mêmes raisons.
Et j’apprends dans la foulée que, de fait, un couvre-feu sera mis en place dès 20 heures, à l’exception de la nuit du 24.
Vendredi 11 décembre
Matinée morne. Je me traîne.
Heureusement, je vois T. chez lui l’après-midi. Je parle beaucoup, bien plus que lui, et le soupçon m’effleure un instant que mon bavardage pourrait le lasser.
Nous convenons d’un moment où convier Marthe et Paul chez moi.
Le chat pointe son museau.