1275 - Si tant est que ce ne soit (toujours) pas une maladie… (25)
Si tant est que ce ne soit (toujours) pas
une maladie…
Carnets d'un rescapé
(Journal extime)
Work in progress
25
16 décembre 2020
J’ai déserté ce journal, dont j’avais perdu le goût. J’ai peine à croire, cependant, que six jours se soient déjà écoulés…
Peu de moments heureux, quoi qu’il en soit.
[13 décembre]
Nous avons déjeuné, ma sœur, mon père et moi dimanche. Mon père avait apporté l’armature destinée à coiffer le vase chinois d’un abat-jour — sans parvenir à la fixer.
Il avait pourtant accepté de se substituer à moi, qui suis un bricoleur calamiteux. Il a posé les deux miroirs qu’il m’a donnés, ainsi que le masque africain (très bien mis en valeur ainsi).
[15 décembre]
Simone s’est montrée moins rude envers moi qu’au cours précédent. Elle a commenté mon mal à l’épaule en une allusion qui laisse penser qu’elle a peut-être compris que j’avais pu le faire soigner.
[12 décembre]
Il me revient, à ce propos, que, samedi, nous avons participé à un rassemblement et que j’y ai croisé Sacha. Il m’a semblé voir aussi Claudie.
Nous étions mille ? quinze cents ? — ai-je écrit par la suite à T., qui s’était dit indisponible.
Autre bonheur du jour : les bières que nous avons pris après la manifestation, Marthe, Paul, T. et moi. Nous étions contents de nous voir.
Nous avons cheminé ensemble, ensuite, T. et moi.
— Et Khadija avait appelé en fin de matinée.
[Aujourd’hui, 16 décembre]
J’ai perdu mes lunettes.
Fièvre consumériste à l’approche des fêtes : j’ai renoncé à acheter des livres pour mon père ; la presse dans la librairie m’en a dissuadé.
Je crains, durant ce second confinement, de devenir entièrement dépendant de l’alcool.
(Hier soir, pour contrecarrer les basses que j’entendais chez la voisine, j’ai écouté la transcription pour deux pianos par André Caplet de la Mer de Debussy. Je me suis endormi avant la fin (en surfant sur les “jeux de vagues” ?) !
* * *
17 décembre
Matin
L’orthophoniste m’annonce qu’elle sera absente durant deux semaines.
Après-midi
Ma mère est malade. Elle a vomi. Nous ne sommes autorisés à monter dans sa chambre qu’à condition qu’une seule personne s’y rende.
Je laisse aller mon père. En attendant son retour, alors que je cherche une feuille de papier pour débuter une lettre pour F. et Pascal, je retrouve ma paire de lunettes — réapparue toute légère dans son étui en cuir acheté à Marrakech.
18 décembre
Matin
Nous achetons des livres pour mon père, ma sœur et moi (la veille, j’ai commandé chez le libraire un livre dont j’avais entendu une bonne critique et qui m’a paru susceptible de l’intéresser).
J’ai accompli quelques (menus) progrès au piano, notamment en nuance et vélocité.
Après-midi
Trois heures chez moi en compagnie de T. Il sort de la clinique où il est allé se faire poser une attelle en raison d’un « mallet finger ».
C’est là un moment d’exception, dont je tente de profiter le plus que je peux. Quand je m’absente quelques instants, à la cuisine, au bureau, il arpente l’espace, intéressé par la contemplation des objets qui lui sont tout nouveaux.
Je lui fais écouter la chanson sur Piaf que j’ai découverte dans le coffret Ferré.
19 décembre
C’est dans l’après-coup que je songe que, la veille, c’était l’anniversaire de R. : il aurait eu cinquante-quatre ans (j’hésite un instant quant à l’année de sa naissance).
M.-C. appelle. Nous devisons une bonne demi-heure. Une de ses amies proches de M.-C. est devenue sénile et connaît des accès de démence. Les polypes sur les cordes vocales d’E*** — que j’avais connue par l’intermédiaire de Sylvie P. — l’empêchent toujours de parler.