1305 - Lettre à J.-M. [août-septembre 1986] (1)
[in memoriam J.-M.]
Dimanche 31 août 1986
Cher l’un,
Cher l’autre,
(et réciproquement d’ailleurs)
Ça y est, je connais Reims comme ma poche ! — au moins, du moins, comme ma poche gauche, qui, après intrusion douanière, est largement trouée).
Figure-toi, J.-M., que la crêperie où tu as mangé — et moi-même aussi, autrefois, en compagnie, notamment, de Lindsay — se trouve rue L****… enfin, le monde est petit, et Reims n’est pas bien grand.
J’ai fait escale (?) ici, à 17 heures 20, les bras pleins de bagages — puisque, décidément, j’éprouve toujours le besoin d’en déménager trop —, en cheminant difficultueusement jusqu’à la résidence universitaire.
Chambre minuscule. Long désert de portes alignées. Un lit de 60 centimètres comme au 312 — cette fois, c’est le 301 — de ma résidence [à C***]. Je me suis donné l’impression de rentrer dans une boîte aux chaussures.
Ceci dit, Place d’Erlon, le demi-pression se vend 30% plus cher que Place S***. A moins que l’on m’ait pris pour un touriste ?!… Ceci dit (tiens ! deux fois !), il est vrai que j’en ai endossé le statut. Là-dessus, je suis allé faire des “photomatons” à la gare. Et ai assisté où un curieux manège où deux messieurs semblaient se suivre le long de grands arbres — manège auquel j’ai trouvé l’innocent, le malin plaisir de me mêler : ceci a eu pour effet que les photos n'ont pas été trop ratées. Bref, l’on s’amuse comme on peut, surtout un dimanche soir, et, une fois le tour du centre fait une troisième fois, après reconnaissance de tous les lieux qui me sont directement utiles, j’ai fait retour à l’endroit dont je vous écris. Je vais me border, et tenter de faire des beaux rêves. Je suppose, en effet, que demain sera une redoutable journée (j’ai déjà croisé, dans les couloirs, des futurs enseignants : bien sûr, ils ne m’ont pas plu ; je redoute la promiscuité de la journée de demain — soixante-sept stagiaires, c’est beaucoup —, laquelle va démarrer très tôt, dès le petit déjeuner)…
Dans le train, j’ai lu la correspondance de Mademoiselle Volland et de Monsieur Diderot. J’ai trop manqué à ce devoir tous ces temps derniers…
Bon, bon, je vois qu’il est 22 heures. Pour moi, le marchand de sable va passer. Bonne nuit Pimprenelle, bonne nuit Nicolas, bonne nuit Nounours, bonne nuit les Petits !
P.-S. : Je choisis d’être Nicolas. Débrouillez-vous pour les deux rôles qui restent…
(à suivre)