1322 - Balise (électorale)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Balise (électorale)

 

10 avril 2022

 

 

Dimanche 10 avril 2022

Je viens d’accomplir mon « devoir électoral ».

« Devoir » est plus que jamais le terme propre. Car je me devais de planter ma plume rouge dans l’écritoire du jour. J’ai voté pour la France Insoumise. Quel beau nom, Etienne, pour peu que l’on y songe, que le nom de ce mouvement politique.

Statue d'Étienne de La Boétie, place de la Grande Rigaudie, à Sarlat-la-Canéda

Statue d'Étienne de La Boétie, place de la Grande Rigaudie, à Sarlat-la-Canéda

Car, cher Eric, il n’est pas que le tigre de Sumatra à sauver. Et je crois les hommes et les femmes de la France Insoumise mieux aptes à s’emparer de la question écologiste, entre autres sujets brûlants pour la planète et la démocratie.

Devant la boulangerie, la file d’attente était plus longue que devant le gymnase du quartier transformé entre plate-forme citoyenne, où j’ai pénétré seul en vérité…

J’espère, mais je crains.

* * *

Je me souviens. Je me souviens du 1er mai 2002. Les manifestants — parmi lesquels nous étions R., Claudie, Simone et moi — étaient nombreux à exprimer leur protestation en raison de l’accession au second tour des élections présidentielles du candidat du Front National.

Je me souviens. Je me rappelle tout aussi bien, après des années d’abstention, m’être inscrit — c'était après 1984 — sur les listes électorales, poussé en cela par M. et sous la menace, bien réelle, de voir prospérer ce même candidat…

Je me souviens. J'espère. Je crains.

* * *

Avant de me rendre aux urnes aujourd’hui, j’ai achevé avec bien de la peine le roman de James Ellroy, la Tempête qui vient, entamé le premier soir de mon séjour à Paris.

J’aime assez cependant que la dernière page du roman s’achève par une mention de la Symphonie n° 7 “Leningrad” de Shostakovich sous la baguette d’Otto Klemperer :

« La symphonie était pleine de brutalité, compromettant l’élégie et la majesté. Elle fut une dislocation de plus d’une heure de mes espoirs les plus chers et de mes rêves les plus arrogants. Je me suis laissée emporter par les émotions qu’elle provoquait. Des crescendos raccourcis qui ont broyé la brusquerie que je percevais pour en faire de la beauté, la beauté de l’art. L’amour humain ne nous réconfortera pas en ces temps d’horreur. Le camarade Dimitri parodie ce postutat. Il n’a cherché qu’à instiller une détermination féroce chez les survivants.

Qu’il en soit ainsi. […]

L'opposé de la détermination est le renoncement. […]  Quand j'étais enfant à Sioux Falls, dans le Dakota du Sud, je désirais les tempêtes de toutes mes forces. Je dois le faire ici et maintenant. J'ai le choix, tout faire ou ne rien faire du tout.  Reminiscenza, la tempête qui vient. Mon rendez-vous avec l'Histoire n'est pas terminé. Nous sommes le 8 mai 1942. Les derniers accords de la Symphonie Leningrad scellent mon refus de mourir. »

 

 

 

 

 

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