1392 - Lettre à J.-M., septembre-octobre 1989 (3)

Publié le par 1rΩm1

 

in  memoriam  J.-M.

 

[Même jour [26 septembre 1989], mais plus tard encore]

 

Ce n’était là qu’un début, cependant. Car. Ma mère, inquiète du « portrait psychologique » brossé par les murs — qui ont des oreilles, c’est connu — du précédent locataire (je pourrai vous raconter) m’avait tanné pour que je pose un verrou. Bah, la mince affaire !
En effet, pour installer ledit verrou, il a fallu que je perce une plaque de tôle sur la porte d’entrée, impossible à retirer du fait d’une serrure à trois points et de vis [aux têtes] écrasées, récalcitrantes aux tournevis. Et j’ai dû donc percer quinze à vingt trous en cercle serré, ôter le blindage selon les pointillés, afin d’y loger le cylindre du verrou. Deux heures de perceuse. Puis une demi-heure de lime. Ensuite, rien n’allait plus. Car le machin ne voulait pas coulisser dans le truc. Le truc : à surélever. Bout de bois. A scier. Une demi-heure encore. J’avais vu d’abord trop épais. J’ai découvert — bien plus tard — dans la cave bordélique de mon father, mais trop tard, une « scie sauteuse » (c’est comme ça, n’est-ce pas ?, qu’on dit ?!). Bref, j’ai fini par obtenir chose que je voulais… Pose du verrou : quatre heures et plus, au total. Et DIRE qu’il y a des gens qui A-DOOORENT bricoler !
Bon, bref, je dors désormais en paix sur mes deux murs et mes quatre oreilles — à moins que ce ne soit le contraire ? —, verrouillé, heureux, en sûreté dans ma gangue de chasteté… « 30, rue de la P***** », c’est une adresse que vous devriez noter. Si vous y venez, il y aura seau, pinceau, brosseau et autres objets —sseau, en plus, bien sûr, d’une asseau, je veux dire : d’une assiette (j’écris vite et je me contredis !), dont vous n’êtes pas pusseaux. Mais je vous vois déjà qui vous désolez, et je ne suis pas en position de force pour trop insister !…

*  *  *

Juliette Gréco. Elle chante à La R*****ette, la Juliette. C’est devant une Grimbergen, à T*****, tandis que j’écris.
Rude séance encore avec les [élèves] de 1°F 10, dont je suis sorti très affecté. Ce sera dur de trouver avec eux un modus vivendi. Il faut au moins une bonne bière pour oublier tout ça !
Sinon ? Le confort de C****, la campagne me reposent des agitations du week-end… Seuls les 1°F10 viennent faire des vagues dans cette “marine” apaisée !
Bon. Me voilà en panne d’inspiration, pour l’heure. Ici, la Turquie nous manque à toute heure. Ne soyons pas trop injustes, cependant. C’est le deuxième renard — à moins que j’aie eu affaire deux fois au même — que je croise sur les petites routes lorraines. Cette après-midi, je me suis arrêté, et nous sommes restés l’un en face de l’autre, pareillement fascinés, semblait-il… Nous étions de plain-pied, en bonne intelligence animale…

Et je dors bien, dans ce silence inégalable, aussi…

*  *  *

Finalement, finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes…


… C’est la Chanson des vieux amants, que chante Gréco, et ce sera là l’explicit de ce soir…

1392 - Lettre à J.-M., septembre-octobre 1989 (3)

 

 

 

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