De l'Âge (17) - archive GA CCLXXXIII, 9 juillet 2012

283 - De l’âge (17) ( Editer )

Ce rêve, que je juge de prime abord étrange, dans la nuit de dimanche à lundi derniers :

Je suis bousculé dans la rue par un homme chargé de paquets.Je reconnais J.-L. (J.-L. est le premier garçon avec qui j’ai eu une relation lorsque j’étais adolescent).

Il voudrait me saluer, mais ne le peut, empêché par ce qui l’encombre. Il est terriblement vieilli. La peau a l’aspect d’un cuir bistré, raviné par l’usure : des zébrures, des pliures parcourent ce carton fort que la vie a plié. Alors que je lui demande comment il va, il est parcouru de tremblements, il bégaie un instant quelques mots, puis éclate en sanglots. Je comprends alors tout d’un coup pourquoi il me paraissait avoir tant vieilli, je n’ai pas besoin qu’il me dise. La maladie est là, dans un œil devenu terne et bientôt mort. Mon bras enserre les paquets, ma main broie son épaule sans que je puisse dire un mot.

* * *

Ce n’est qu’ensuite que je comprends en analyste au petit pied que ce rêve correspond à la contamination de deux de mes préoccupations durant le week-end :

D’une part, le spectacle organisé par S. Il y a deux ans, dans de mêmes circonstances, j’avais revu J.-L. Nous nous étions parlé — ce que nous n’avions pas fait depuis près de trente ans.

D’autre part, la nouvelle toute récente de l’origine finalement cancéreuse des polypes à la vessie dont s’est fait récemment opérer J.-M., qui a alors appris qu’il devrait se faire réopérer. Il ne suffisait pas de cette nouvelle : la mère de J.-M. a été hospitalisée d’urgence pour un lymphome.