1380 - Quand ceux qui vont s’en sont allés (2)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Quand ceux qui vont

 

s’en sont allés

 

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1380 - Quand ceux qui vont s’en sont allés   (2)

 

11 août 2021

Matin

Khadija me rappelle. Nous sommes contents de ce téléphonage qui dure une heure et plus. Je savais ce que signifiait d’abattement, de dépression, son trop long silence, et l’occasion de le briser est tout opportune. Nous nous promettons de nous nous parler plus souvent, nonobstant ses états d’âme.

(Elle trouve « révoltant » le “pass sanitaire” — et je songe à part moi que j’aurais aimé T., Marthe et Paul aient semblable réaction…)

Après-midi

Je rappelle Simone. C’est P*** qui me répond, mais il a mis le haut-parleur tant et si bien que la conversation se poursuit à trois.

 

Je me rends au crématorium afin de vérifier que mes enregistrements, faits à partir de disques vinyls, seront valides. C’est heureusement le cas.

 

Je m’ennuie assez sur une énième terrasse avec T., Paul et Marthe. Paul et Marthe s’envoient par moments des piques, tandis que T. s’essaie à jouer les boute-en-train. Il y réussit assez bien, je l’avoue, mais cela ne convainc pas de l’agrément de me trouver là avec eux.

Pour accroître encore mon agacement, le chien prend ses aises en plein milieu du passage comme il en a pris l’habitude en l'absence de toute remontrance.

Et Dimitri semble bouder absolument — ce qui, au vrai, se justifierait assez.

J’ai bien envie d’arguer du “pass sanitaire” — dans ce bar où désormais nous sommes terriblement un peu trop accoutumés — pour pratiquer une abstention jusque que celui-ci soit effectif me concernant. En attendant d’articuler ma décision (je crains de me montrer incisif ou trop péremptoire à ce sujet), je propose de nous voir le surlendemain chez moi, si je ne suis pas occupé : il fera chaud, j’ai encore cet argument en réserve.

 

Soir

Mon père a laissé un message. Je le rappelle. Ma sœur a soulevé — à nouveau — la question du “pass sanitaire”, de la difficulté, voire l’impossibilité, de me rendre au funérarium, sis dans l’enceinte de l’hôpital central de la ville, le lendemain. (Il me revient au passage qu’au cours de nombreux rêves passablement agités faits ces jours derniers, je la traitais d’« adjudant-chef », ce dont elle ne disconvenait pas… Il lui arrive, en effet, d’user d’autorité avec ses proches, ses filles en particulier, mon père, et moi parfois — même. Or, je déteste cela, n'ayant plus l'habitude de longue date me voir dicter ma conduite, ce qui, précisément, me ramène à de très anciennes tutelles familiales dont j'avais la détestation…)

En tout en état de cause, je ne veux pas qu’on recoure à nouveau à ce goupillon nasal agressif, et, si jamais on me refoulait, je m'estime prêt à me passer de la mise en bière, joyeuseté dont je ne crois pas avoir besoin pour le “travail de deuil”, celui-ci entamé dès avant (depuis longtemps, en vérité) le décès de ma mère…

Mon père insiste que j’utilise le macaron pour handicapés afin de pouvoir stationner facilement dans l’enceinte de l’hôpital. Je ne n’aime guère abuser de ce genre de passe-droit : je le prends en me promettant de n’y recourir que si nécessaire.

 

J’envoie un message à Christine et Duncan, qui s’étaient enquis régulièrement de l’état de santé de ma mère.

 

 

 

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