1393 - Si bien que… ? (25)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

 

(Journal extime)

Work in progress

 

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1393 - Si bien que… ? (25)

 

9-19 septembre 2021 - Courriel à Aymeric

Bonsoir Aymeric,

Je t’avais écrit un courriel au long cours, retraçant les jours qui se sont écoulés depuis mon séjour à Paris, j’avais aussi mis en forme l’imprimatur que je te destinais en tâchant d’y adjoindre les photographies prises au musée Guimet ainsi qu’au musée d’art et d’histoire du judaïsme lors de la journée que nous avons passée ensemble le 27 juin dernier, et, bref, je m’apprêtais  à  finaliser  et  l’envoi  du  mail  et  celui  du  document  joint,  quand ma messagerie a refusé et l’un et l’autre, avertissant que le document excédait les 7 Mo de rigueur, tout en sabrant les deux pièces — que, bref, je ne sais pourquoi, je n’ai jamais retrouvées, à mon grand dam évidemment !

Je ne décolère pas, depuis.

Je vais devoir tout recommencer. Ce sera donc sans les photos intégrées dans le document, tant pis.

 

* * *

 

Depuis Paris, je réintègre le temps long — ce qui est plutôt mieux. Au lieu de livrer au jour le jour au papier ce qui fait le tissu de mon existence immobile hormis les voyages, j’ai attendu toute une semaine avant de céder à quelques notations.

Peu d’événements, en vérité, pour agiter la surface lisse de mes journées, si j’excepte l’opération de mon père. Celle-ci s’est bien passée. Cependant, cédant à quelque décompression — quelque “lâcher-prise” que l’on peut estimer bienvenu —, mon père se plaignait, au début de son séjour, de vertiges et de nausées. Cela était dû — apparemment — à la prise d’un sédatif puissant qu’on lui administrait après la laminectomie qu’il avait subie. Mais ensuite mon père ne se sentait pas suffisamment d’entrain pour retourner chez lui, et il aura finalement passé toute une semaine entre quatre murs d’hôpital à se reposer et dormir.

 Il est rentré mardi, et, retournant à ses activités, semble avoir recouvré un peu d’énergie.

Entre-temps, je me suis chargé de l’état des lieux de l’ancienne locataire — que j’étais fort content de voir partir — et de l’état des lieux du nouveau locataire, un jeune homme de vingt-quatre [ans], d’un commerce attentif et agréable, grand et bien découplé (beau peut-être sous le masque, comment savoir ?). Il m’a particulièrement plu quand, revenant du jardin et de la cave où je lui avais désigné des emplacements où entreposer sa bicyclette, lui montrant quelle serait sa sonnette et regagnant les étages, il a fait jouer la gâche pour déclencher et refermer la porte d’entrée de l’immeuble — en faisant ainsi le moins de bruit possible.

Le jeune Erwan, par ailleurs, est désormais installé sous le plafond de mon bureau. La jeune fille avec laquelle il cohabitait les premiers temps a heureusement disparu. Ordre et calme (et volupté) assurés à présent que les conversations intempestives ont cessé, hormis quelques coups de téléphone passés à des tiers. J’ai donc bien fait de temporiser un peu avant de risquer quelque remarque aigre à son endroit… D’ailleurs, quand je le croise, il me fait bon accueil, nouant alors quelques bribes de conversation. 

J’ai donc recouvré, bourgeois heureux sous son toit, « la paix chez soi » à la faveur de ce double emménagement (même si Charles, l’autre locataire, n’a pas encore emménagé sous le plafond de la pièce télé et de mon ancienne chambre). Et j’ai repris de douces (et parfois ennuyeuses) habitudes, désertant cependant (temporairement ?) le piano — pour lequel je me sens décidément médiocre.

J’ai repris, avec bien du contentement, la gymnastique. Simone m’a aussi convié à une séance de Feldenkrais, dont je me suis à peu près dépatouillé. La douleur aux côtes gagnée après la chute dans la baignoire de M.-C. à Dieppe se laisse aussi peu à peu oublier.

  A propos de M.-C. : celle-ci nous a rejoints au sortir d’une manifestation du samedi contre le « pas sanitaire » (le 11) alors que nous étions installés sur une terrasse, T., Marthe, Paul et moi, non sans céder à un mouvement d’énervement qui a bientôt dégénéré en altercation envers T., elle et lui affrontant souvent leurs points de vue — mais elle, se montrant spécialement agressive avec lui ce jour-là. Bref, elle s’est brusquement levée, a tourné les talons, et, sur je ne sais plus exactement quelle saillie qui se voulait définitive, nous a plantés là avant que nous ayons vraiment le temps de réagir. Depuis, je lui ai téléphoné, sans parvenir à pacifier les relations entre les uns et les autres : elle devait me rappeler vendredi pour venir à déjeuner ou dîner chez moi, mais ne l’a pas (encore) fait.

J’ai vu — seulement une fois, après une séance manquée de son fait — la semaine dernière l’orthophoniste. Elle avait rédigé un rapport, qui m’a paru d’un optimisme excessif (et qui m’a semblé, en l’occurrence, “contre-productif”) en direction du médecin agréé que je devais rencontrer mercredi.

Voici que j’écrivais après cette rencontre, griffonné au café dans l’heure qui a suivi : Comme d’ordinaire, je suis resté là dix ou quinze minutes tout au plus. Je lui ai fait part de ce que l’on m’avait exposé au Rectorat. La demande d’invalidité a été d’emblée comprise — et acceptée. Puisqu’il ne demandait pas davantage de précisions (j’avais expliqué ne pas avoir pu rencontrer le neurologue le 12 août du fait du chevauchement avec la cérémonie funéraire pour ma mère), je me suis abstenu de lui transmettre le compte rendu de l’orthophoniste. Il a prolongé de neuf mois mon arrêt de travail.

Depuis ? Ma sœur a dû ajourner son opération prévue en principe aujourd’hui. Elle a un zona, hérité, si j’ai bien compris, de la varicelle de Maël, son petit-fils… Je l’ai vue hier, lors du déjeuner dominical désormais rituel (nous avions préparé chacun un plat — l’entrée, mon père ; le plat de résistance, ma sœur ; et moi, la tarte aux quetsches…), et elle m’a dit souffrir beaucoup.

[Nos] vies s’avèrent de plus en plus rythmées pour toutes sortes d’événements médicaux… Lors d’une visite à mon père à l’hôpital, j’étais passé au secrétariat du service de neurologie dans le but de faire avancer le rendez-vous repoussé au mois de mars auprès du professeur qui m’avait opéré lors de mon AVC, et m’étais fait donner une autre convocation, bien plus tôt cette fois, puisque le 15 octobre. Et comme j’avais un autre rendez-vous le 24, pour interprétation des résultats de l’examen du sommeil subi en juin, j’avais envisagé de retourner à Paris à la mi-octobre, entre ces deux dates. J’espère donc pas devoir reporter, au cas où ma sœur verrait son opération reportée dans cette période, mon père n’étant pas autorisé à de nouveau conduire avant un délai de six à huit semaines…

J’ai reçu d’ailleurs un courrier faisant état de la perplexité des médecins concernant la disparité des deux nuits d’enregistrement — 82 apnées/ heure ; 14,5/ heure — lors de ladite « polysomnographie », tant et si bien qu’« il a été décidé de façon collégiale avec le Pr C***, de contrôler une nouvelle [fois] ces troubles respiratoires du sommeil avant de discuter d’un traitement » ! De remettre le couvert dans la même auberge — et certes pas « à la Grande Ourse » ! — ne me plaît qu’à moitié, et je ne suis pas bien certain d’accepter leur proposition…  


 

Voilà donc le tissu de ces derniers jours ! Je viens de croiser le jeune Erwan dans les escaliers — je n’avais pas vu que je le précédais dans la rue en rentrant chez moi —, qui, comme le moins jeune mais plus avisé Charles, fait jouer la gâche de la serrure de la porte d’entrée. Cependant, les sortes de Doc Martens qu’il a aux pieds (d’après ma sœur, qui l’a croisé dans les mêmes circonstances !) ne lui font le pas spécialement léger, et je n’envie donc pas la voisine du rez-de-chaussée… — Voilà donc, cette fois, pour la vie de l’immeuble !


 

Voilà aussi réparée, qui m’avait tant accablée, la perte du précédent texte… J’espère avoir fait mieux que la fois précédente (au plan de l’écriture) ; cependant, j’ai fait aussi plus long, et il n’est pas sûr que tu auras gagné au change !

J’espère que tout va bien de ton côté — et t’adresse toutes mes amitiés,

Romain


 

 

 

 

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