1400 - Mais… en attendant de partir ? (1ter)
Mais… en attendant de partir ?
(Journal extime, 18 août - 24 septembre 2022)
Work in progress
1 ter
18 août 2022
Immense contentement de parler avec Khadija durant presque une heure et demie.
Elle me dit que (hormis une conversation brève suscitée par son frère, qui me l’avait passée au téléphone quand je l’avais rencontré dans un bar tout proche de l’appartement où habitait Paul avant de déménager) notre dernier téléphonage remonte au printemps dernier. Sa sœur, A., venue, comme son autre sœur, F., et son neveu, Misha, à l’occasion de son anniversaire, est là — quand les derniers sont repartis la veille. J’avais moi-même envoyé un message pour la circonstance, ce qui m’avait valu notre rendez-vous téléphonique quelques jours auparavant.
La fluidité extraordinaire avec laquelle je m’exprime illustre la joie que j’éprouve à lui parler. Je sors pourtant d’une séance, beaucoup plus problématique, avec l’orthophoniste. (La veille déjà, du fait de son congé, après presque un mois de manque d’exercice, mes achoppements avaient été nombreux.)
Elle me livre des bribes de son quotidien, rythmés par les soins prodigués à sa mère. L’aboi d’un chien, le chat qui circule, le verre de vin blanc qu’elle s’est servi, le linge qu’étend A., la sieste de la mère…
Nous nous abreuvons à nos souvenirs, elle surtout, dont la mémoire s’avère plus fiable que la mienne — et qui porte, bien plus que moi, du passé la nostalgie.
Elle a le projet de venir à ****. Elle logerait chez moi — pas chez ses frères, précise-t-elle. J. et K., qui est infirmière, s’occuperait de la mère. Elle ignore quand. Je lui donne, de mon côté, les dates où je serai à **** en septembre en toute certitude. Je l’encourage de toutes les forces de mon désir que cela ait lieu.
Je raconte l’Espagne en mai.
J’expose aussi, le projet d’aller à Barcelone avec mes père et sœur à Barcelone, avorté. Le matin même, j’ai patiemment construit, tel un mécano joyeux, une usine à projets jouissifs, un séjour en Italie du 11 au 21 octobre prochains. Mon voyage, entre-temps, à Paris à la fin septembre aura déjà tout d'une courroie heureuse d’entraînement. J’en anticipe le double plaisir, caressant cette promesse comme il s’agissait d’un amant d’automne, d’un amant d’antan, sur lequel promener ses mains, d’un amant s’épandant de la Toscane jusqu’à la Ligurie, jusqu’en Lombardie…
Elle me parle de mon neveu, Misha, qui a désormais dix-sept ans, va rentrer en faculté de droit et va donc quitter ses Vosges natales pour habiter ****. C’est, selon elle, un garçon sensible, solitaire et délicat, qui se demande s’il ne préfère pas les garçons aux filles. Je pourrais, demande-t-elle en multipliant les précautions, peut-être accepter de le rencontrer : il aurait ainsi quelqu’un avec qui dialoguer dans la ville où il débarque sans y avoir été préparé ; voire, s’enhardit-elle, je pourrais devenir en quelque sorte son mentor… Si j’accepte une possible rencontre (en me disant que jamais un adolescent de son âge n’acceptera pas, lui, de prendre langue avec quelqu’un du mien), je trouve à part moi pareil projet extravagant…
Tandis que nous discutons, alors que je récapitule quand je pourrais partir à Dieppe (si jamais nous parvenions à nous coordonner M.-C. et moi) et quand je serais à ****, je songe soudain à Adrien, qui devrait venir ici du 9 au 11 septembre, et propose en conséquence deux périodes en septembre et le mois suivant pour caler les dates où je serai disponible.
* * *
Autres contentements du jour. Dimitri se montre bien amène — parce que je suis seul ? — qu’il l’a pu l’être tous ces temps derniers…
T. me fait compliment de la vidéo que j’ai postée l’avant-veille sur le site.
(Accessoirement, la pluie — une rafraîchissante pluie d’été — est tombée pendant la nuit.)
Et, puisque ces bonheurs, aussi dérisoires soient-ils, s’avèrent (de plus en plus?) rares, je ne balance donc pas longtemps avant de les noter dans ce « ramasse-miettes » de mes jours…