1410 - Si bien que… ? (33)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

33

 

1410 - Si bien que… ? (33)

 

29 décembre 2021

Neil m’accorde son heure rituelle.

 

Il arrive à 17 heures sonnantes.

Il se dit mal fichu, affecté par une troisième dose de vaccin reçue le matin.

Il commande une menthe à l’eau.

Suit sa maïeutique habituelle, qui ne m’apprendra que peu le concernant. Je ne sais pourquoi je suis réticent, cependant, à mener un interrogatoire qui m’en apprendrait davantage. Mon incuriosité doit peut-être le heurter, mais c’est ainsi. Je ne sais par quel début l’empoigner, ni si j’ai envie d’un commencement le concernant (est-ce juste crainte de m’exposer ?).

Il présente des excuses à nouveau (il l’avait déjà fait dans son courriel) de ne m’avoir pas contacté ces derniers mois (je me suis pourtant gardé de risquer un commentaire sur les mois qui nous séparent depuis que je ne l’ai vu : ç’aurait été un commencement par trop conventionnel ¡), arguant qu’il avait rendu visite à sa mère à ce moment-là. Je lui demande de ses nouvelles, puis de la Tunisie. La situation politique y est telle que les pouvoirs ont été confisqués au Parlement au profit des militaires. Le traitement des fonctionnaires a deux mois de retard. Sa mère a vu fondre la pension de son mari d’un cinquième. Le pays vit sous atmosphère plombée, ce que j’avais entendu dire lors de je ne sais quel journal radiodiffusé. (Durant cet échange, l’idée me traverse l'esprit de me faire repréciser si c’est mon père ou sa mère qui est d’origine tunisienne ; mais je me dis que, ce faisant, je commettrais peut-être un impair car peut-être m’en a-t-il précédemment ; et il ne me vient que dans l’après-coup — je frôle l’ineptie absolue ¡ — qu’il doit certainement son nom à son père, et même que, étant donné la mention d’une « pension » et le fait qu’il n’évoque jamais son père, ce dernier est sans doute décédé…)

Précisément, il est resté avec sa mère à Paris jusque lundi.

De mon côté, je garde le silence au sujet de ma mère, tout en me demandant s’il aurait eu vent de son décès. A moins que je ne lui aie dit en septembre ? J’en doute cependant.

Nous parlons de collègues. Non, je n’ai eu de nouvelles d’aucun d’entre eux (sinon de JF ; mais lui paraît ne pas trop l’apprécier, et c’est pourquoi je ne le mentionne pas). Je dis néanmoins avoir croisé Elvire en compagnie de ma sœur comme nous nous rendions chez le notaire ; mais elle comme nous étions pressés, de telle sorte que nous n'avions guère le temps de nous attarder à bavarder.

Il parle également de son travail, développant l’incurie du nouveau chef d’établissement concernant les équivalences à accorder aux étudiants.

Comme j'évoque ma rencontre la veille avec Léo, Sylvia et Nathalie puisque nous en avions croisé les protagonistes au même endroit deux ans auparavant, il me dit qu’il connaît les parents de Sylvia et me confirme, ce que je croyais me souvenir, qu’elle avait entrepris des études de russe après des études scientifiques.

Il me demande des nouvelles de Marthe et Paul, de T. (qu’il dit « toujours malicieux »).

Claudie téléphone, mais, même s’il m’incite à décrocher, je ne réponds pas à l’appel.

Il s’enquiert  des nouvelles de mon état de santé (je viens de croiser C*** à la médiathèque, et je songe alors à ce qu'il m'avait dit du cancer de prostate dont il souffre : il doit tous les trois mois se faire injecter de petites billes radioactives pour ralentir la progression de la maladie , et nous nous étions accordés, lors de cette brève conversation, sur la chance relative que nous avions eue de n’avoir pas développé une pathologie plus grave).

Il me demande également si je poursuis mes séances de Feldenkrais avec Simone. Lui, semble apprécier davantage que moi cette technique, qui me laisse trop souvent insatisfait de mes performances…

Et c’est  tout à trac qu’il me demande si j’écris. Je ne sais comment l’entendre, et préfère esquiver : je mentionne mes difficultés — réelles et constantes, quoique en régression — à écrire sans confusions, omissions, répétitions. Je raconte néanmoins comment j'ai traité un sujet choisi parmi d'autres, « Tous les hommes devraient porter la barbe », à la demande de l’orthophoniste et  combien je me suis amusé à l'exercice.

Brusquement, il demande à prendre congé en arguant qu’il doit voir une amie. Nous nous quittons sur la promesse qu’il fera en sorte d’organiser prochainement une rencontre avec Elvire, Amélie, Laurent, E***.

Comme pour s’excuser de me fausser ainsi compagnie, il règle ma bière en même temps que son breuvage vert.

Et il est exactement dix-huit heures quand nous nous séparons : Neil, décidément, a dû ingérer une pendule…

 

31 décembre 2020

Je profite des vœux de M.-C. pour enjamber tous nos différends, pour sauter par-dessus mes maladresses — aplanir heurts et difficultés.

*  *  *

Réveillon avec Claudie. De quinze à vingt personnes, nous sommes désormais deux — ne peut-elle s’empêcher de commenter. Je m’en arrange très bien pour ma part. Je n’aimais guère alors les boute-en-train de service, exhibitionnistes enthousiastes et autres amis de pacotille qui gravitaient autour de R. et d'elle, mais ne dis rien à ce propos. Elle rappelle pourtant “notre” sans-gêne : nous devions terriblement incommoder le voisinage, dit-elle, et s’étonne du peu de conscience que “nous” en avions.

Sa mémoire m’étonne toujours, néanmoins. Elle cite mes propos ironiques au sujet de Mylène Farmer, qu’elle, R. et leurs amis admiraient sans réserve, et dont elles se et nous gavaient au cours de nos soirées dansées et arrosées. J’aurais appelé leur idole « l’anamorphosée » (en raison, je crois me souvenir, du titre de ses albums).

Après dîner, elle libère le chat, qui vient frayer facilement avec moi. Il joue à se recouvrir presque entièrement avec une couverture, puis à pointer museau ou patte.

 

Nous passons une bonne soirée. Les cuisses de canard qu’elle a cuisinées sont excellentes.

Nous sablons le champagne peu avant minuit.

Il est presque une heure du matin lorsque je prends congé.

 

 

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