1417 - Et en attendant d’autres Espagnes… (1)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Et en attendant d’autres Espagnes…

 

(Paris - Madrid - Tolède - Madrid - Paris)

 

Journal extime

 

(10 mai - 22 mai 2022)

 

1

 

10 mai 2022

Matin

Comme moi, l’orthophoniste constate des améliorations sensibles au cours des dernières semaines. Les [p] et les [f] quand ils voisinent n’entraînent plus les dérapages accoutumés.

Elle me demande si je parle espagnol.

Après la séance, je croise par hasard T. dans le magasin d’optique où j’ai porté mes lunettes solaires à réparer, la branche gauche s’en étant détachée.

 

Après-midi

En revanche, je ne trouve pas Paul installé sur la terrasse où je m’assois en attendant l’heure de mon train. En un sens, je m’en réjouis, ayant besoin de faire une pause avec lui, ce départ apparaissant comme plutôt opportun…

Dans le train — où je suis sans voisin de siège —, j’écoute Varèse sous le casque. J’éprouve un vrai bonheur d’avoir les oreilles débouchées, grâce à l’intervention du médecin lors du rendez-vous du vendredi précédent (elle se doutait de l’objet de ma visite, ayant préparé un haricot et du matériel ad hoc ; je lui dis que G., mon précédent médecin, aimait s’occuper de cela — sans doute pour les résultats concrets et obtenus ; elle me confesse — mais je m’en étais douté — qu’elle, déteste cela…).

Sur le trajet, je reçois un message d’Adrien, qui propose de nous voir vendredi 20. J’écris subséquemment à Aymeric pour l’en prévenir, nos possibilités de rencontre se réduisant aux jeudi et samedi. Judith, entre-temps, m’a indiqué ses disponibilités pour quelque exposition qui la tenterait.

J’ajusterai mon propre agenda en fonction des plages et des envies de liberté des uns et des autres.

 

Fin d’après-midi

Le cours de Judith est annulé. Elle m’envoie un SMS pour m’en avertir : nous pourrons prendre ensemble l’apéritif. Je lui demande les codes d’accès à l’immeuble, ceux-ci, d’ailleurs anciens, étant enregistrés, sans que je les aie transférés depuis, dans mon ancien téléphone.

Lorsque j’arrive à hauteur de son immeuble, je l’aperçois qui y rentre, des courses au bras, et je me précipite pour saisir la porte au vol, d’autant qu’elle n’a pas reçu mon message entre-temps.

Elle a préparé le lit dans le studio de N. et mis à ma disposition du linge de toilette.

Elle a acheté une bière blanche — je n’aime pas trop cela — et dispose amandes, tomates cerises et fraises dans des raviers.

La conversation roule pour l’essentiel sur mes projets de vacances — elle est déjà allée à Madrid et Tolède, et même à Aranjuez.

N. arrive sur ces entrefaites. Il s’est épaissi depuis la dernière fois que je l’ai vu (je ne retrouverai que dans l’après-coup que c’était lors de l’exposition Botticelli, c’est-à-dire assez récemment). Il se plaint de copies dont il vient d’hériter. Judith lui propose une Grimbergen ambrée qui aurait mieux fait mon bonheur que la bière qu’elle m’a servie.

Et survient Lucien, que je n’ai pas vu depuis très longtemps sans doute. Il est maigre, presque décharné. Il m’embrasse. Comme N., qui m’avait tendu la main, je laisse faire, même si le coronavirus m’a dissuadé tous ces derniers temps de sacrifier à pareilles embrassades…

J’ai réservé durant le trajet de train dans un restaurant de la rue Delambre, où nous sommes allés à diverses reprises avec Aymeric. Judith m’assure que j’y serai en moins d’un quart d’heure.

Je me rends bientôt compte qu’elle a dit vrai (je n’avais jamais emprunté cet itinéraire). Je prends une photographie de cette ancienne résidence d’artistes, où, ce que j’avais lu, existait un système de monte-plats, actualisant ainsi un cliché plus ancien.

1417 - Et en attendant d’autres Espagnes… (1)

Au restaurant, l’osso buco est vraiment bon.

En rendant aux toilettes, avisant une photographie de Hemingway,

1417 - Et en attendant d’autres Espagnes… (1)

je me rappelle subitement les heures glorieuses du Dingo American Bar.

* * *

Je suis bientôt rentré.

La bibliothèque de N., avec sa double rangée de livres, ressemble fort à celle de Marthe — à cette différence notable qu’elle paraît obéir à un classement thématique, dont m’échappe certes le principe ; mais un ordre y est indéniablement à l’œuvre (Judith me le confirmera le lendemain matin) quand celle de Marthe, après d’années d’incurie, n’était plus qu’un champ de désordre illisible de volumes déversés en piles au haut des étagères ou demeurés, jamais ouverts, sur la sorte de table de tapissier qui lui avait longtemps servi de bureau…

Je me couche peu après 22 heures, fais mine d’ouvrir un livre, mais y renonce aussitôt.

 

 

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