1443 - Si bien que… ? (44)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

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1443 - Si bien que… ? (44)

 

23 juin

Prise de sang. L’attente est assez longue avant que je sois appelé par mon numéro auprès de l’employée chargée de l’enregistrement des “dossiers à traiter” : elle est seule, il faut dire, alors que son logiciel tourne avec des lenteurs qu’elle commente à la cantonade. La jeune fille qui opère ensuite examine mon bras puis l’autre, visiblement hésitante sur l’endroit où piquer. Elle lâche, parlant de ma veine : « elle est très petite ! », à quoi je réplique : « c’est la première fois qu’on me dit ça ! » (ce qui est vrai). Je me dis in petto qu’elle risque de mal s’y prendre. Et, de fait, l’aiguille qui s’enfonce dans mon bras se fait douloureusement sentir.

* * *

Quand je soulève le couvercle de la poubelle, elle déborde d’asticots qui bientôt en dévalent puis se tordent sur le plancher. J’avais jeté quelques jours auparavant des pommes de terre qui avaient germé au point d’en épuiser toute la chair — et que je m’étais donc résigné à jeter. J’écrase au moyen de la semelle d'un chausson cette masse grouillante, opération assez répugnante, ne serait-ce qu'en raison du jus que produit cette bouillie de vers écrasés.

 

Samedi 24 juin 2022

Fin d’après-midi

Il arrive un quart d’heure avant l'heure prévue. Comme je le lui dis, j’étais tout occupé à faire des huit prudemment alanguis (pour ne pas tacher mes vêtements ni éclabousser la plaque de cuisson) dans la sauce du curry de bœuf que j’ai préparé à son intention.

Il arrive avec un valise format “cabine”, un bagage tout de même bien conséquent pour un week-end de deux jours dont il doit passer le premier chez moi — bagage qu'il dépose dans mon entrée tout en tendant une bouteille de vin pour notre dîner.

Je n’ai pas vu Pascal depuis août 2020, et je suis heureux de le voir et de l’accueillir.

 

W. appelle — et me transmet son bonjour. Il y a bien plus longtemps que je ne l’ai vue, mon intention de passer chez elle, qui habite dans un village près de Reims, au retour de Dieppe l’an dernier n’ayant pas pu être suivie d’effets, mon séjour ayant été écourté par le décès de ma mère. W. est partie, seule, tout un mois, afin de « se retrouver », a-t-elle dit à Pascal, en Aveyron, ainsi que pour une autre destination que j’ai oubliée. Tom, son fils, qui l’inquiétait tant quand il avait dix-sept ans, réussit assez bien ses études, un BTS en alternance.

 

Nous prenons un verre au C*** — Pascal avait proposé de prendre sa voiture pour pas dîner trop tard — et nous nous réjouissons sur cette terrasse qu’il ait cessé de pleuvoir après qu’il a conduit plus de deux heures sous la pluie.

Pascal et F. iront — voyage qu’il devait faire au printemps de l’année 2020 et plusieurs fois remis du fait du coronavirus — en septembre à Naples. Ils emporteront le petit guide que je leur avais acheté sur place au Musée du Capodimonte, qui était demeuré serré dans mes bagages quand j’avais oublié au retour une pochette dans l’avion — et perdu, entre autres objets, les Portes de Thèbes de Mathieu Riboulet.

Après m’être enquis de nouvelles de plusieurs de nos connaissances communes, lui, m’en demande d’un couple — lui blanc, elle, noire, précise-t-il — avec qui j’étais ami. Je demeure un moment troublé, parce que je ne vois tout d’abord pas de qui il s’agit. Je finis par identifier, derrière cette description sommaire, Jacques et Myriam. Sans en dire rien, je m’étonne, au vrai, que Pascal ait pu oublier leurs noms, puisque J.-M. et lui avaient séjourné chez eux en Indonésie.

Nous évoquons Patrice et Anne, dont je n’ai pas de nouvelles récentes, n’ayant pu voir Patrice lors de mes deux derniers séjour à Paris.

Après bu deux bières, nous rentrons dîner. Tandis que Pascal fume — je n’avais pas souvenir du fait — et téléphone à F. sur la terrasse, je m’affaire à couper des tomates, faire cuire du riz — j’en aurai trop peu fait, comme d’ordinaire — et réchauffer la viande.

Je trouve le curry un peu sec mais, tandis que nous buvons la bouteille que Pascal a achetée, nous devisons agréablement.

 J’évoque ma prise de poids — sept kilos indiscrets depuis l’AVC ; lui, arbore un petit ventre — qu’il n’avait pas deux ans auparavant. Selon lui, l’absence de stress serait à l’origine de cet agaçant surpoids, plutôt que, pour ce qui me concerne, la prise de médicaments. J’avais pensé aussi, lui dis-je, à un possible dérèglement de la thyroïde, mais, au vu des derniers résultats sanguins, avais conclu que là ne résidait pas l’explication. Comme il me demande, je lui montre ces derniers, et lui, dit plaisamment (Pascal a  toujours eu un sens du compliment flatteur) que ce sont ceux d’un jeune homme de vingt ans ¡ Je constate — autre signe de notre vieillissement — que, désormais, Pascal porte constamment ses lunettes…

La soirée est donc agréable, mais il me semble tout de même qu’une certaine retenue, sinon un manque de chaleur, se manifeste entre nous — et j'y attribue le temps d’un nécessaire apprivoisement, après deux ans, de la nouvelle image que nous nous renvoyons l’un à l’autre… Pascal évoque en passant Gilles, l’un de ses amants rémois quand il était en couple avec J.-M. Il développe à son propos une anecdote concernant une première fois, toute récente, où ce dernier s’était rendu dans un sauna et avait déploré le manque d’éclairage de l’endroit (!). Il me demande s’il existe un sauna gay à **** ; je lui réponds que oui, en précisant l’endroit ; j’ajoute que je n’y suis jamais allé, puisque, à tort ou à raison, il me semble que ce soit la raison pour laquelle Pascal  a lancé le sujet de conversation. 

Nous nous couchons peu avant vingt-trois heures, après que je lui ai servi un café. Lui, me dit devoir dormir sans doute assez longtemps : il essaiera toutefois de se lever avant dix heures afin de mettre de l’argent dans l’horodateur. Il parle déjà de devoir faire une sieste le lendemain, ce qui ne laisse pas d’épater un tant soit peu l’insomniaque patenté que je suis…

 

 

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