1444 - Si bien que… ? (45)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

45

 

1444 - Si bien que… ? (45)

25 juin

Je dors assez mal, interrompu dans mon sommeil au mitan de la nuit.

 

L’impression en demi-teinte de la veille se dissipe à mesure que la journée s’écoule, plus libre, plus déliée.

Pascal, comme avancé, se lève peu avant dix heures et met de la monnaie pour rassasier l’horodateur.

Après qu’il a déjeuné et pris une douche, nous changeons la voiture de place, puis, sur ma proposition, allons à pied.

Nous ferons un large tour d’un bout à l’autre du centre de la ville. Je prends prétexte de devoir faire quelques courses dans le quartier arabe pour acheter au passage les Œuvres de miséricorde de Mathieu Riboulet dans une librairie — la seule qui vaille à **** — pour le lui offrir, puisque nous avions parlé la veille de Naples, de Riboulet, de Caravage, d’Adrien…

1444 - Si bien que… ? (45)

Nous mettons longtemps ensuite à trouver un restaurant qui nous convienne — Pascal avait dit presque d’emblée vouloir m’inviter à déjeuner —, et nous ne regretterons pas notre choix. Lui, voulait manger sur une terrasse. La gérante de l’endroit nous mène dans une petite cour ombragée à l’arrière. Il est déjà plus de midi et demi, nous réservons pour la demi-heure qui suit.

Entre-temps, nous prenons une bière sur la terrasse du bar où nous sommes allés la veille. Ce que nous nous disons frise l’inessentiel, mais la conversation se règle sur notre marche de conserve tandis que nous cheminons ensemble dans des lieux qui nous sont par toutes les façons familiers. Nous allons du même train, ce qui suffit à l’infra-ordinaire et ne nécessite pas de commentaire, proches en esprit comme l’avons souvent été lors d’un passé qui nous est commun — une maillage autrefois serré, dont des mailles ont désormais et inévitablement filé, sans que ce soit douloureux pour autant, pour lui aussi j’espère, dont je sais qu’il cultive une inépuisable nostalgie.

 

Le plat que nous mangeons (chacun le sien : de la dorade pour moi, un paleron de veau pour lui) est vraiment bien préparé.

Comme prévu, nous rentrons faire une sieste — qui dure presque deux heures pour lui.

 

Il ne s'attarde pas ensuite. Peut-être parce que retarder l'heure de se séparer rendrait plus difficile le moment de se quitter.

(Durant ces deux jours, nous n'avons pas reparlé (ni même risqué une allusion) de la fois où il m'avait longuement appelé — un peu comme nous savions de toute façon que les êtres avec lesquels nous aurions souhaité faire l'amour n'étaient que les avatars de ceux que nous étions quelque quarante ans auparavant, et comme si, surtout, chacun de nous ne souhaitait pas s'exposer à une probable déception à poursuivre ce qui avait alors été interrompu — décevant probablement les jeunes corps que nous avons été…)

 

Je dis en le quittant que, si je vais à Dieppe à nouveau, je leur rendrai peut-être visite, ainsi que W., sur le chemin. Et que j’aimerais aller à Paris en septembre.

 

 

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