1461 - En Italie (récidive), 3
(rediciva)
Journal extime
(11 octobre – 21 octobre 2022)
3
12 octobre [suite]
Après-midi
La faim me tenaille, et je me mets en quête, non sans difficultés, d’un lieu où déjeuner. Je vais ainsi jusqu’à la Piazza dei Cavalieri,
Piazza dei Cavalieri, Palazzo della Carovana dei Cavalieri [siège de la Scuola Superiore, fondée par Napoléon]
la Piazza Dante Aligheri, avant de trouver mon bonheur dans une ruelle adjacente.
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Au Museo Nazionale di Palazzo Reale où je me rends ensuite, j’entame une copieuse série de tableaux de Bronzino, qui accompagnera mes pas à Florence, à Lucques, à Gênes.
Agnolo di Cosimo, detto Bronzino, Ritratto di Eleonora di Toledo con il figlio Francesco, Olio su tavola, 1549, Pisa, Museo di Palazzo
(Je ne sais si c’est pour suivre Christine de Lorraine, mettre ses pas dans ceux de la souveraine, que Jacques Callot a quitté sa Lotharingie natale, mais on peut douter que son burin frotté au sang des batailles, aux Grandes Misères de la guerre, l’ait fait retourner plein d’usage et de raison finir auprès des siens ses jours. [En vérité — si j’en crois quelques renseignements rapides pris dans une encyclopédie “en ligne” bien connue —, Callot n’a dû pas plus jouir du spectacle de batailles navales qu’il n’a assisté au siège de Bréda ; contrarié dans sa passion du dessin par sa famille, il aurait fui, adolescent, par deux fois la province qui l’avait vu naître, avant que d’être envoyé, son talent reconnu par son père, en vue d’approfondir l’art de la gravure en Italie, à Rome puis à Florence ; et c’est pour « répond[re] au désir de Charles de Lorraine de le voir revenir dans son pays » qu’il aurait rejoint son bercail lorrain, pour ne guère quitter Nancy après 1630…])
Jacques Callot, Incoronazione di Cristina di Lorena moglie di Ferdinando I Granduca di Toscana, Incisione a bulino, 1619
Jacques Callot, Primo combattimento navale : la presa delle galere di Alessandria (1605) da parte della squadra dell'ammiraglio Inghirami, Incisione a bulino, 1619
(A Gênes, j’aurai une sensation de déjà vu, de revenir en arrière une semaine plus tôt en voyant cette variante accrochée tout en hauteur, moins aboutie et de moindres dimensions, néanmoins déclarée sans distance aucune de la main même de Guido Reni…)
Guido Reni (Bologna, 1575-1642), Sacred and Profane Love, 1622-1623, Oil on canvas, Musei Nazionali di Genova, Galleria Nazionale della Liguria [photographie : 19 octobre 2022]
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Je longe la rive droite [?] de l’Arno pour me rendre au Museo Nazionale di San Matteo.
Comme d’ordinaire, je me montre sensible à cette collection de croix peintes médiévales destinées aux processions — depuis celles de Cimabue et de Giotto vues à Florence et Mantoue lors de voyages antérieurs, sans doute en raison de leur beauté altérée par le temps — et photographie celles qui me plaisent le plus.
Artista pisano, Croce dipinta, Christus triumphans e scene cristologiche, Sec. XII, inizi, Tempera e oro su tavola, Provenienza : Pisa, Chiesa di San Paolo all'Orto, Pisa, Museo Nazionale di San Matteo
Artista Pisano-Bizantino, Cristo Crocifisso e scene cristologiche, Sec. XIII, inizi, Tempera e oro (su pergamena) su tavola, Provenienza : Convento di S. Matteo
Maestro di San Torpè, Croce dipinta, Cristo Patiens e scene Cristologiche Nei terminali dei bracci: Madonna, San Giovanni, croce dipinta, Tempera e oro su tavola, Sec. XIII-XIV, Provenienza : Crespina (PI), chiesa di Belvedere
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Les pieds fourbus d’avoir tant piétiné, je décide de prendre le train pour Florence dès 17 heures.
Florence, fin d’après-midi et soirée
Je vais à pied en tirant ma valise depuis la gare jusqu’à l’appartement que j’ai loué Oltrarno, non loin du Palais Pitti. Le trajet m’en paraît long.
L’appartement, tout en longueur, au rez-de-chaussée et en contrebas d’une rue assez étroite, pourvu d’une fenêtre unique, peu large et assez basse, est plutôt sombre. Mais il est propre, dispose d’un lit “king size” — tout à rebours de celui de la chambre de la veille — ainsi que d’un placard-penderie vaste dans lequel on peut même entrer et où j’accroche des vêtements sur des cintres et couche valise et sac de voyage.
Je fais quelques courses sommaires dans un petit supermarché de quartier.
Après avoir dîné, je bois un verre de vin blanc dans le bar le plus proche, endroit sympathique mais bruyant.
Je ne m’attarde pas et m’endors bientôt malgré les bruits de la rue.