1498 - Le voyage à Lunéville
Le voyage à Lunéville
(et ce qui en est suivi)
24 mai 2023
Escapade à Lunéville, toujours dans la perspective de faire rouler ma voiture et en décalaminer le moteur.
Je suis invité à S*** par M.-C. à déjeuner.
A Lunéville, nous commençons notre visite par une exposition de robes, bibis et autres vêtements ou accessoires, dont les pièces les plus intéressantes s’avèrent prêtées par des maisons de couture, spécialement les robes des années 1925. Nous apprenons alors l’existence d’un « point de Lunéville ».
Dans la même aile se tient l’exposition d’un photographe, Igor Mukhin, intitulée Générations, de l’U.R.S.S. à la Nouvelle Russie. Ce sont de belles photographies d’une sociologie âpre, qui attestent de grandes espérances et de non moins immenses désenchantements.
Puis nous parcourons, après la Chapelle ou l’escalier d’honneur, de premières salles,
dont un « musée virtuel » du château, lequel retrace l’histoire de la construction de l’édifice au moyen d’un montage de vidéos.
Nous tentons par jeu des expériences tactiles en aveugle en plongeant les mains dans des caissons idoines, en intervertissant l’un et l’autre le plâtre et un autre matériau (j’ai oublié lequel depuis !).
A l’entrée de l’exposition La Duchesse Elisabeth-Charlotte, dans l’intimité du pouvoir et du musée du château proprement dit, M.-C. s’aperçoit qu’elle a perdu son billet. Je la raille gentiment en rappelant la fois où elle ne retrouvait pas son passeport avant l’atterrissage de l’avion qui nous menait à Palerme. La jeune fille à l’entrée nous laisse toutefois entrer sans trop de discussion.
Me lassent à mesure les histoires de ladite duchesse, le récit de son éducation, de mariages et autres incidents diplomatiques, autant que la galerie de portraits de leurs altesses.
Sorti des salles dévolues à Elisabeth-Charlotte, je remarque, parmi des œuvres d’une qualité d’exécution et d’un intérêt divers, une très belle crucifixion
ainsi que ce buste de petite taille de Voltaire, invité notoire en même temps que Emilie du Châtelet à la Cour du roi Stanislas.
* * *
Dans les rues de la ville, un drôle de pistolet, grossièrement travesti en femme, auquel s’est adressée M.-C. au prétexte de nous trouver une terrasse ensoleillée, nous emboîte le pas et joue les guides de la ville, tout en voulant à toute force nous mener jusqu’à un café pourvu, certes, d’une terrasse — mais qui s’avère un salon de thé tenu par une famille musulmane dont je comprends incontinent qu’impossible sera de boire là une bière… Nous nous débarrassons enfin alors de notre cicerone, lequel, pour sympathique ou amusant qu’il soit, nous paraissait dur à décramponner.
Nous buvons alors, l’une un café, l’autre un demi, tout en profitant d’un soleil plus chaud que lors de notre précédente échappée à Metz.
Je quitte en fin d’après-midi M.-C., davantage contentée par notre excursion lunévilloise que moi, qui préfère les Beaux-Arts à l’Histoire des Palatine et autres baronnes, affublées ou non de tromblons, « aux noms comme des trombones ».
29 mai
M.-C. m’a envoyé “un lien” vers un téléfilm sur Emilie du Châtelet d’Arnaud Sélignac, Divine Emilie, tourné en partie au château de Lunéville, d’après un scénario coécrit par Elisabeth Badinter et de Chantal de Rudder — lequel téléfilm se laisse regarder.
1er juin
La voiture est malgré tout recalée au contrôle technique : le garagiste lui a fait ingérer un produit dépolluant de près d’une soixante d’euros, et j’ai noté que la gérante a paru décontenancée lorsque je lui ai fait part de ma surprise — puisque, de mon côté, j’avais fait boire à mon véhicule diesel la même sorte de breuvage. S’agissait-il d’une opération bassement commerciale consistant à gonfler un peu la facture (même si la contrevisite est gratuite) ? L’idée m’en a traversé l’esprit. Quoi qu’il en soit, je devrai à nouveau faire manger à l’automobile quelques dizaines de kilomètres afin qu’elle perde ses mauvaises graisses, et je me demande quelle nouvelle escapade mener !