1496 - Si bien que… ? (55)

Publié le par 1rΩm1

 

 

Si bien que… ?

(Journal extime)

Work in progress

 

55

 

Dimanche 11 décembre 2023

Je vois Bastien. Je l’avais croisé dans la rue un mois plus tôt alors que j’étais en compagnie de Patrice. Je lui avais dit alors de m’adresser un message à l’occasion afin que nous prenions un verre.

 

Je suis content de voir Bastien. Il me désarçonnait naguère parfois, mais j’ai appris à mieux le connaître. Je m’étais demandé par moments, en effet, s’il n’était pas gagné par des idées d’extrême-droite ; mais je crois plutôt que sa curiosité le porte vers des auteurs divers, lui, cultivant leur marginalité, sans que des confusions se soient installées dans son esprit pour autant. Je me rappelle qu’il avait gagné un prix de la nouvelle décerné aux lycéens quand il était élève en classe de 1re.

Ses premiers mots, comme j’ai demandé comment il allait, concernent sa participation à un colloque à Nantes concernant les adaptations de Céline par des bédéistes ; en revanche, il n’a pas participé, cette année, au festival d’Angoulême.

Je ne sais pas si mes compliments font mouche, mais je lui parle de dessins qu’il a réalisés, notamment de planches en noir et blanc qui font montre d’univers fantastiques, lesquels m’ont impressionné — quand (précisé-je) ceux-ci ne sont en principe pas les miens, même si j’ai lu il y a fort longtemps — et apprécié — des récits de Lovecraft.

 

A son instigation, nous parlons surtout d’écrivains dans un premier temps. Nous nous accordons sur l’évolution assez calamiteuse de Michel Onfray, tant pour ce qui concerne ses interventions et prises de position politique dans les médias ces dernières années que pour ce qui a trait à ses analyses de la littérature du XXe siècle, celles-ci s’en tenant à la lettre des textes sans en saisir jamais l’esprit, tant si et si bien que les auteurs s’en trouvent presque toujours caricaturés…

Nous parlons de l’attribution du Prix Nobel à Annie Ernaux : il me rappelle que j’avais proposé la lecture de la Place en complément de textes autobiographiques étudiés en classe. Je parle, à ce propos, du souvenir d’une réception différenciée entre filles et garçons ; lui, proteste : il avait aimé le roman.

Il me fait l’éloge — autre sujet d’accord entre lui et moi — du Aragon de le Paysan de Paris, et nous parlons d’Aurélien, dont il sait le personnage inspiré par Drieu la Rochelle, et je l’encourage à le lire.

Man Ray, Louis Aragon, 1922, Epreuve gélatino-argentique, 11,5 x 9,2 cm, Paris, Centre Pompidou

Man Ray, Louis Aragon, 1922, Epreuve gélatino-argentique, 11,5 x 9,2 cm, Paris, Centre Pompidou

A propos de récits de Jean Ray, lui, parle d’une littérature genrée ¡, ce que je garde d’une lecture très ancienne de Malpertuis ne me permettant guère de comprendre tout à fait la portée de son assertion…

Puis la conversation roule sur des expositions parisiennes. Il a manqué l’exposition David Hockney, ainsi que, moins récente, celle consacrée à Edward Hopper.

Il a vu, en revanche, la rétrospective de l’œuvre de Francis Bacon organisée à Beaubourg Bacon, et, au Musée d’Orsay, celle qui avait trait à Huysmans critique d’art. J’évoque alors A Rebours, qu’il n’a pas lu.

De crainte de le lasser après presque deux heures de nos bâtons rompus, je donne le signal du départ. Je suis d’ailleurs fatigué d’avoir tant parlé — mais content d'avoir vu Bastien.

*  *  *

— Ethan, à l’aller comme au retour, me salue de son plus large sourire.

 

 

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