1505 - March in Paris (1)
Journal extime
(19 mars - 26 mars 2023)
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Samedi 18 mars 2023
Matin
Je vais jusqu’à la gare — après tout, j’habite à moins de sept cents mètres de là — pour m’informer de la circulation des trains. Celui que je dois prendre le soir, m’assure-t-on, malgré la grève, circulera.
Après-midi
Je passe une bonne partie de l’après-midi en compagnie de T. et de Paul.
Je croise le jeune Erwan dans l’entrée de l’immeuble. Il m’annonce vouloir fêter son l’anniversaire — le jeune homme va avoir vingt ans ! — dans les prochains jours. Je le savais, ayant dû remplir très récemment un formulaire de déclaration d’occupation de son appartement pour la Direction générale des Impôts, et m’étais réjoui par avance d’être parti la semaine suivante. Je coupe court en disant que je serai absent, qu’il peut faire tout le bruit qu’il veut. Il s’engage de lui-même à prévenir les voisins. Je le quitte sur le pas de sa porte en lui souhaitant un bon anniversaire ¡
Soir
Dans le train, j’écris à Duncan, qui s’excuse — presque aussitôt — assez platement de n’avoir pas répondu à mon message. Il est au ski. L’atteste la photo qu’il envoie : plan de ses jambes en tenue de ski, un verre de bière à la main.
Je me rappelle un cliché de lui à Istanbul un verre d’Effes devant sa jolie petite gueule d’alors, ce dernier instantané n’ayant pas, à vrai dire, cet attrait, la proximité de l’objectif déformant ses cuisses et mollets. Pour autant il ne me dit pas s’il sera disponible vendredi ou samedi pour qu’on dîne ou déjeune ensemble…
J’arrive à presque à presque 9 heures et demie rue P****. Ni rats ni immondices ne débordent des poubelles, contrairement aux rumeurs entretenues par les médias qui crient à la catastrophe sanitaire. J’ai pensé à me rendre à La Flèche d’or pour les cinq ans du Média. Mais, doutant de rencontrer C*** (et de lui dire tout le bien que je pense de lui et de son activité impeccable de journaliste en la circonstance, en faisant pour la circonstance jouer Christine pour intermédiaire et le fait que je l’ai vu souvent sortir de chez lui quand il habitait ****), sentant la fatigue de la journée, je renonce à ce projet, que complique à coup sûr la grève des transports.
Je me force pourtant à sortir pour aller dans ce bar où Pascal et F. sont accoutumés, mais, si je suis content d’être à Paris, le cœur ne suit pas tout à fait le mouvement — et je ne m’attarde pas.
La pensée m’effleure deux ou trois fois au cours de la journée que ma mère aurait eu quatre-vingt-six ans aujourd’hui.