1507 - March in Paris (2)
Journal extime
(19 juin – 26 juin 2023)
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Dimanche 19 mars
Après-midi
L’exposition consacrée à Germaine Richier au Centre Pompidou, dès l’entrée, me séduit beaucoup.
Germaine Richier, Loretto I, 1934, Bronze patiné foncé, Fondeur : Alexis Rudier, Paris, dépôt de l'État depuis 1938 au musée Fabre, Montpellier, Centre national des arts plastiques, Paris, achat par commande à l'artiste en 1937
Le trajet de l’artiste, des portraits des premiers tout débuts aux hybridations saisissantes et autres concrétions de plus en plus affirmées de la suite, attestent une vision singulière, qui joue sans cesse, en outre, sur des variations d’échelle et de regards portés sur des créatures qui acquièrent toute leur dignité.
Buste du Christ, 1931, Ciment, Collection particulière ; Buste n°2, Remi Coutin enfant, 1927-1928, Plâtre original patiné, Madame Cécile Coutin, Conservateur en chef honoraire du Patrimoine ; La Régodias [Renée Régodias], 1938, Bronze patiné brun, Fondeur : M. Pastori, Genève, Collection Galerie Malaquais, Paris
L'Escrimeuse (sans masque), 1943, Bronze patiné foncé, Fondeur : M. Pastori, Genève, Kunsthaus Zürich, Zurich, Collection Dr. H. E. Mayenfisch, 1946
L'Escrimeuse avec masque, 1945, Bronze patiné foncé, Numéroté 6/6, fondeur Godard, Paris, Musée Fabre, Montpellier
On ne s’étonne pas, à son propos, que Francis Ponge ou Georges Limbour aient jeté la lumière et soutenu ses créations.
L'Orage, [1947-1948], Bronze patiné foncé, Première épreuve, fondeur : Alexis Rudier, Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne
La Sauterelle, grande, 1955-1956, Bronze patiné foncé, Épreuve exposition, fondeur : Susse, Paris, Collection particulière
La Sauterelle, moyenne, 1945, Bronze patiné foncé, Numéroté 3/6, fondeur : C. Valsuani, Collection particulière
La Sauterelle, petite, 1944, Bronze patiné foncé, Épreuve Ville de Mudaison, fondeur : L.Thinot, Mairie de Mudaison, Mudaison
Le Berger des Landes, 1951, Bronze patiné foncé, Fondeur : C. Valsuani, Paris, Louisiana Museum of Modern Art, Humlebæk, Donation The New Carlsberg Foundation
La Vrille, 1956, Bronze naturel nettoyé / Polished natural bronze Numéroté 7/8, fondeur : L. Thinot, Paris, Collection particulière ; La Spirale, 1957, Bronze, Numéroté 1/6, fondeur: Susse, Paris École normale supérieure, Paris-Saclay, Gif-sur-Yvette
La Montagne, [1955-1956], Bronze naturel nettoyé, Numéroté 1/11, fondeur : Susse, Paris Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris, achat par commande de l'État à l'artiste, 1959, attribution, 1960, en dépôt au musée Fabre, Montpellier
La Tauromachie, 1953, Bronze naturel nettoyé, Numéroté 6/6, fondeur : Susse, Paris, Collection particulière, Paris
Je m’amuse de la polémique que sa crucifixion pour l’église du Plateau d’Assy Notre-Dame-de-Toute-Grâce a suscitée en 1951 — les intégristes de tous crins demeurant sourds à pareille représentation, et déchaînant leurs haines ineptes.
Christ d'Assy, 1950, Bronze naturel nettoyé, Fondeur : Alexis Rudier, Paris, Diocèse d'Annecy, classement au titre des Monuments historiques par arrêté du 15 mars 1971
Le Griffu, 1952, Bronze patiné foncé, Épreuve exposition, fondeur : Susse, Paris, Collection particulière
La Croix avec verres de couleurs, 1953, Plomb et verres colorés jaune et bleu, Pièce unique, Collection famille Germaine Richier
L'Échelle, 1956, œuvre en collaboration avec Zao Wou-Ki, Plomb et huile sur plomb, Pièce unique, Collection particulière
La Fourmi, 1953, Bronze patiné foncé, Épreuve exposition, fondeur : L. Thinot, Paris, Collection particulière
Trio I ou La Place, 1954, Bronze patiné foncé, Numéroté 1/6, fondeur : L. Thinot, Paris, Collection particulière
A la sortie des lieux, j’aperçois le catalogue de l’exposition Apollinaire, le regard du poète, que, naguère, le Musée de l’Orangerie avait consacrée au poète. Le prix, bien soldé, m’amène, presque spontanément — même si, soupesé, je sais qu’il sera lourd dans la valise — à l’acheter [je ne sais pas encore que Mokhtar pèsera bien autrement dans le bagage de Khadija quelques jours plus tard].
Il est trop tard pour que je rejoigne Judith, qui, dans un message, m’a invité à profiter des journées du cinéma pour voir le film Caravage dans un cinéma du quartier latin. En revanche, si je me hâte, je peux voir assister à la séance de Târ aux Halles. Quand je parviens à la billetterie, je m’aperçois qu’une seule place reste disponible. Ayant toutes les chances d’être mal placé dans la salle, j’y renonce donc et décide de retourner à la bibliothèque du Centre Pompidou afin de visiter l’exposition organisée autour de Serge Gainsbourg.
Fouillant dans mes poches, je m’aperçois que j’ai perdu un des deux pass Navigo — j’en destinais un pour Khadija quand je l’attendrais à son arrivée à la Gare de l’Est le surlendemain — contenant huit trajets encore, et j’y vois une raison de revenir sur mes pas.
Ni à l’entrée, ni au vestiaire, ni aux caisses on n’a retrouvé ma carte : quiconque l’aurait avisée s’en serait évidemment emparée…
L’exposition Gainsbourg n’offre qu’un intérêt limité. Voire : elle confirme des aspects désagréables du personnage (ainsi, il arrachait les pages de dédicaces de livres qu’on lui avait adressées en se débarrassant des livres en question pour les vendre) et sacrifie essentiellement à sa légende (tout de même passablement rebattue). Je me console en feuilletant un fort volume d’art sur Florence exposé en tant que nouveauté, tout en prenant en notes des renseignements utiles — notamment de dimensions —, qui compléteront mon dernier journal florentin à propos des œuvres vues récemment.
Reprenant en sens inverse le métro, revenant à la poche de mon blouson pour prendre un mouchoir, je fais tomber — de la même manière que la fois précédente, j’imagine — mon “pass”, qui atterrit dans une rigole d’eau croupie. Je repêche incontinent l’objet, non sans le sécher avec un mouchoir ensuite, puis me laver les mains avec du gel hydroalcoolique. Décidément (je ne sais s’il survivra à cette immersion).
J’ai été trop présomptueux en revêtant le blouson de demi-saison noir acheté quelques années plus tôt ici à Paris : le printemps avance à peine en se montrant chiche en température et je frissonne sous ce vêtement trop léger quand me mord le vent.