1545 - De Vienne à Vienne (3)
Au fil du Danube
Journal extime
(5 juillet - 12 juillet 2023)
3
7 juillet 2023
Matin
Encore une nuit trop brève, puisque je me suis réveillé à 4 heures, sans pouvoir ensuite me rendormir. Les bouchons d’oreille pourtant ont fait leur office.
J’ai dormi sans couette. Je laisse pour consigne de ne pas faire le lit afin de n’avoir pas à déhousser celle-ci de nouveau. J’ai réduit le possible aussi la climatisation.
Nous effectuons une visite guidée de Bratislava accompagné par une guide assez intéressant et drôle — pourvu toutefois que l’on l’entende puisque, à plus de huit ou dix mètres, il n’est plus audible, cependant que les chuchotis, crachouillis, parasites qui se mettent en tiers s’avèrent plutôt désagréables.
Je me rappelais assez bien la ville. Le château est massif, assez laid et inintéressant,
mais le centre historique se montre sous des dehors coquets, pimpants, ce qui implique qu’il s’est davantage encore gentrifié depuis ma dernière visite.
Nous nous échappons, le guide nous ayant donné quartier libre pour une heure, ma sœur et moi, au hasard des rues. Et comment ne pas succomber, autre miroir noir (en français dans le texte) à ce lieu qui se réclame de Baudelaire, Satan Trismégiste se mettant comme de juste de la partie ?
* * *
La promenade depuis le théâtre sous l’arceau des arbres est également magnifique, et nous profitons de ce lieu ombragé alors qu’approche l’heure du midi [j’enrage, depuis, de ne plus savoir qui a séjourné au Grand Hôtel tout proche : Kafka ? Conrad ? les deux ? aucun des deux ? ô traîtresse, flancheuse mémoire !].
Sollicitant des souvenirs plus anciens, je me rappelle [en revanche] être passé déjà ici ou là…
Bratislava, Cathédrale Saint-Martin ; Georg Rafael Donner (24 mai 1693 - 15 février 1741), Saint Martin partageant son manteau avec un mendiant/
* * *
Mon père ralenti, épuisé d’avoir marché presque six kilomètres, finit l’excursion le corps cassé, une hanche comme déboitée, la droite plus haute que la gauche, ne pouvant mettre un pied devant l’autre qu’avec les précautions les plus extrêmes.
Après-midi
Après une sieste d’une heure environ, je suis réveillé par le vacarme dû à un franchissement d’une écluse.
J’ai reçu un courriel de T. Il a mangé la veille avec Paul et sa nouvelle compagne, Marie-Christine. Ils lui ont appris qu’il envisageaient de trouver un appartement plus grand que celui de Paul afin d’habiter sous un même toit. Je m’étonne, sans vraiment la comprendre, de la promptitude avec laquelle Marthe a été remplacée, et dois faire un effort sur moi pour ne pas juger Paul…
Au moment où mon père réapparaît sur le pont du bateau — je suis avec ma sœur à converser en pointillés — il paraît aller mieux. Tout son corps s’est redressé en tout cas.
Nous demanderons le soir après le dîner auprès du personnel navigant si l’excursion du lendemain implique de beaucoup marcher.