1550 - Realize relief ! (Lettre à J.-.M et Pascal, 7-9 juillet 1986), 1

Publié le par 1rΩm1

 

in  memoriam  J.-M.

 

1550 - Realize relief ! (Lettre à J.-.M et Pascal, 7-9 juillet 1986), 1

 

Paris, 7 juillet 1986


Hello little birds (of youth) !
[rili:z rili:f = Then, you know all about of my frame of mind.]


Oui, cela fait du bien quand cela s’arrête, comme le dit celui qui se tape la tête contre les murs.
Il est 19 heures, je suis devant le L**** (théâtre parisien où se joue la pièce de J.-P.), et j’éprouve un incommensurable soulagement (cf. supra) à voir la journée s’achever.
Le vent souffle sur cette terrasse, balayant les tickets pour les consommations et les soucis. De quoi accouché-je après neuf mois de travail et d’ardeur imbécile, je n'en sais trop rien — ou trop peu — le point essentiel est, comme pour le noir du texte de cet après-midi (taken from ‘The Heart is a Lonely Hunter’), de se draper dans sa dignity et de rester silent

D’ailleurs, la fatigue est immense. La nuit fut courte jusqu’à dimanche et, pareillement, dans l’énervement, jusqu’à ce jour-ci. Il pleuvait sur la Place de la Nation au moment où j’ai flotté vers l’air libre, en sortant de la bouche de métro. Une vieille dame complaisante m’a indiqué comment aller jusqu’au Boulevard de Picpus et je suis arrivé… rue de Picpus, où il pleuvait toujours. Finalement, j’ai tourné, comme un poisson égaré, et suis arrivé où je désirais aller — pour n’y pas trouver J.-P., absent comme de bien entendu. Heureusement, the whole world is a stage (et fort petit), si bien que mon doigt a pressé sur la sonnette de A. B., musicien de studio et de C. C., voisin de palier de J.-P., et ancien potache [du lycée] où nous avons usé ensemble nos culottes d’écolier. Dix ans avaient passé. Le passage de Raphaël à l’instant participe d’un même ordre de vieillissement. The whole world is an old thing. Dans ces conditions, je ne serais guère étonné de rencontrer ma nourrice !

Ceci dit, j’ai plus mal parlé anglais que jamais cet après-midi, et la langue de Shakespeare n’est ici qu’un contrepoint de circonstance, ironique et dépité…
Cela a passé comme une ombre — et même aussi cette ombre au tableau. Il semble que la prestation de ce matin ait mieux marché, quoique les dieux ne semblaient pas m’accorder tous leurs bienfaits : entre un texte tiré de l’Esprit des lois de Montesquieu où j’aurais eu l’impression de remâcher les sempiternelles banalités de tout le monde et un inconnu de Giraudoux (Suzanne et le Pacifique), le texte poétique où j'aurais brillé de tous mes feux manquait au rendez-vous. Si bien que je me suis rabattu sur Giraudoux, faute de pouvoir mieux choisir. Après vingt-cinq minutes — un peu moins en fait, et donc un peu moins que requis — de prestation (since the whole world is a stage…), je suis sorti fumer une cigarette très attendue, tandis que Madame, Monsieur, Monsieur le Jury délibéraient, un peu, précisément, comme le monsieur qui a commis un enfant attend dans l’antichambre d’une maternité. Il semble que, si j’en crois un des monsieurs de M.-M.-Mme le Jury, qui me l’a dit, que mon commentaire ait été accueilli avec une « impression favorable », et l’on n’est guère revenu que sur des points de détail, quoiqu’on m’ait aussi reproché ma conclusion pour non conformité à l’esthétique traditionnelle de la conclusion :

1550 - Realize relief ! (Lettre à J.-.M et Pascal, 7-9 juillet 1986), 1

Bref. Qui vivra verra — et autres philosophies à la petite semaine. C’est like you want.


Idioties administratives : je suis arrivé avec ma photocopie de ma Maîtrise, pour m’entendre dire que celle-ci n’avait aucune valeur, et que seule une photocopie de ma Licence pourrait convenir !

J’ai téléphoné à Françoise pour qu’elle aille, si c’est possible, retirer ledit diplôme au Rectorat.

(à suivre)

 

 

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