1579 - Paris, début d'automne (8)

Paris, début d’automne 

[récidive] 

Journal extime 

(27 septembre – 4 octobre 2023) 

8

2 octobre

Réveillé tôt, je m’occupe à retranscrire la journée précédente.

Judith est en avance à notre rendez-vous au Musée du Luxembourg et se tient déjà dans la file d’attente.

Je ne parviens guère, au cours de l’exposition Gertude Stein & Pablo Picasso, l’invention du langage, à me passionner, en raison du caractère théorique, expérimental et quasi systématique des œuvres inspirées par les écrits de Gertude Stein, même si certaines d’entre elles sont amusantes. Tout cela vire souvent au procédé.

Andy Warhol (1928-1987), Gertrude Stein, 1980, Acrylique et sérigraphie sur toile, New York, Whitney Museum of American Art

Cecil Beaton (1904-1980), Gertrude Stein au premier plan, Alice B. Toklas en costume de tweed à l'arrière-plan ; Gertrude Stein, portant un manteau, au premier plan et sans manteau, en surimpression à l'arrière-plan ; Gertrude Stein et Alice B. Toklas se faisant face, tirage triple exposition réalisé par Cecil Beaton en superposant des négatifs, atelier de Cecil Beaton à Londres, Vers 1937, Epreuve gélatino-argentique, Londres, Cecil Beaton Archive, Condé Nast

Deborah Kass (née en 1952), Let Us Now Praise Famous Women #2, 1994-1995, Sérigraphie et acrylique sur toile, Washington D.C., U.S Department of State Cultural

Je prends peu de photographies.

Paul Cézanne (1839-1906), Pommes et biscuits, 1880, Huile sur toile, Paris, musée de l'Orangerie, collection Walter-Guillaume

Pablo Picasso, Femme aux mains jointes (étude pour Les Demoiselles d'Avignon), Paris, printemps 1907, Huile sur toile, Musée national Picasso-Paris

Georges Braque (1882-1963), Compotier, bouteille et verre, Sorgues, août-septembre 1912, Huile et sable sur toile, Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle, Donation Louise et Michel Leiris en 1984

Je m’abîme néanmoins dans la retransmission des Minutae de Merce Cunningham, lequel déclarait d’ailleurs, quelque à rebours des propositions de l’exposition, ce qui ne me manque de piquant : « Je ne cherche pas un langage, je cherche les idées du mouvement et j'espère changer tout le temps si c'est possible ».

D’autres documents sonores, installations et « rotoreliefs » sollicitent mon attention et mon amusement.

Nam June Paik (1932-2006), Gertrude Stein, 1990, Installation de moniteurs de télévision anciens, techniques mixtes, deux canaux vidéo, The Ekard Collection

Joseph Kosuth (né en 1945), Quoted Clocks #14, #12, #11, #10, #9, #8, #7, #13, #6, #5, #3, #1, #16, #15 (A.R.), 2022, Horloge et vinyle, Paris, galerie Almine Rech, courtesy of the artist and Almine Rech

Et, poursuivi décidément ces derniers jours par la question du iel, je pense encore et toujours à Duncan, à ses développements drolatiques à ce propos.

Gary Hill (né en 1951), She/He (Engender Project), 2022, Sérigraphie couleur, ELLE/IL (ELLE-IL), ELLE/IL (AND), ELLE/IL (IL-ELLE), ELLE/IL (OR), ELLE/IL (XOR), Polyptyque de cinq pièces uniques, aquarelle sur papier, Plastique PVC, Plastique PVC, 2022, Galerie In Situ fabienne leclerc

Comme l’espace du musée n’est pas immense, nous consultons à la sortie quelques ouvrages, dont l’un portant sur les rapports entre la peinture et la musique dans lequel je découvre un Bronzino qui m’était inconnu Portrait de Cosme I de Médicis en Orphée,

Agnolo Bronzino, Portrait de Cosme I de Médicis comme Orphée, 1537

plus avenant ainsi que caparaçonné et plus âgé dans son armure !

Bronzino (Agnolo di Cosimo, Tori-Firenze 1503-1572), Ritratto di Cosimo I°, Lucca, Museo Nazionale di Palazzo Mansi (photographie : 16 octobre 2022)

Nous déjeunons de façon tout improvisée dans un restaurant non loin de Saint-Sulpice. Notre conversation porte pour l’essentiel sur Khadija. J’esquisse son roman familial. Comme je l’avais pressenti, elle a suscité la sympathie de N.

J’accompagne Judith ensuite jusque la rue Dufour dans une parapharmacie bondée dans laquelle elle effectue quelques achats. Nous nous quittons au pied de l’Église Saint-Germain-des-Prés.

Après-midi

Je vais au cinéma voir l’Eté dernier de Catherine Breillat. Le prix du billet s’avère prohibitif. Heureusement, le film m’intéresse et me plaît.

Le générique de fin se déroule sur la chanson Vingt ans de Léo Ferré.

Je pense à Romain, puisque, entre autre chansons, (dont le bel Âge, naturellement), le jour de ses vingt ans, je lui avais fait parvenir un montage de chansons célébrant l’éclat térébrant de sa jeunesse…

Rendu à la lumière, près de la station Sentier, Tintin et Haddock s’embrassent passionnément au détour d’une rue.

Soir

Je reçois un message d’Aymeric, en réponse à ma demande d’imprimatur concernant la retranscription du dimanche où nous nous sommes vus en juin. Il relève le mot-valise, tout involontaire, que j’ai produit en lui écrivant : « Juste une remarque dans le paragraphe sur “mon” université et ses réformes en cours, tu utilises le terme “protosniquer”. Je crains que dans sa trivialité ainsi orthographié il ne soit finalement assez juste », ce qui m’amuse beaucoup.