1614 - Si bien que… ? (85)
Si bien que… ?
(Journal extime)
Work in progress
85
30 novembre [extrait d’un courriel à Aymeric]
En ce moment — j’avais temporairement oublié que je me l’étais procuré […] et l’ai donc redécouvert dans la (petite) pile de livres en attente de l’un de mes trois bureaux —, je lis le récit d’Aurélien. Il s’écoute un peu écrire (défaut de jeunesse), qui vaut peut-être à son style l’épithète d’« éblouissant » sur la quatrième de couverture. Je corrige parfois (réflexe sans doute du professeur cuistre que j’ai naguère été) une ou deux incorrections (¡), mais je prends plaisir à découvrir les strates de son imaginaire… Moins calculés, les effets du livre me séduiraient davantage ; cependant, s’il ne s’agissait pas d’Aurélien, que je connais, serais-je aussi sévère ?
8 décembre
J’achève le récit d’Aurélien, impressionné par son implacable, inexorable, impeccable crescendo — ainsi que l’ironie du sort, une sorte d’inversion maligne, qui président au devenir des protagonistes. La référence à Nevers m’avait penser par avance à Duras, bien sûr,
mais je n’avais pas imaginé pour autant le personnage de N*** serait ainsi la victime des FFI mués en soudards avinés dans un paroxysme de violence incontrôlée.
Aussi toutes mes préventions contre les afféteries stylistiques qui m’avaient retenu en cours de lecture sont-elles tombées.
Coïncidence : j’ai vu trois jours auparavant le film de Katell Quillévéré, le Temps d’aimer, où l’événement traumatique de la tonte de l’héroïne constitue le fil rouge de la narration — film « classique en diable », ai-je dit à Claude en sortant de la salle, au double plan de la forme et de la conduite narrative, mais qui, en dépit de ce défaut d’une trop visible qualité (forcément éprouvée), m’a bien plu.
— Et de trouver (a posteriori) assez injuste le silence relatif ayant entouré la publication du roman d’Aurélien ¡