1651 - April in Paris (again), 6
April in Paris (again)
(31 mars - 8 avril 2024)
6
— Work in progress, journal extime —
3 avril 2024 [suite]
Après-midi
A Beaubourg, où je me rends pour visiter l’exposition consacrée à Constantin Brancusi, la carte de F. joue les coupe-file.
Décidément, l’affluence est grande : Brancusi séduit trop de monde, alors que tout ne me plaît pas uniment dans cette rétrospective.
Je me montre quelquefois davantage sensible aux entours de sa production, à l’effervescence d’une époque qui bruit de tous ces noms d’artistes, d’intellectuels, en effet. Je ne boude pas tout mon plaisir devant certaines œuvres du sculpteur pour autant, dont sont inventifs et beaux presque tous les socles.
Constantin Brancusi, Le Coq, 1935, Plâtre, sur socles en plâtre, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Constantin Brancusi, Autoportrait, s. d., Encre noire sur papier, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Je songe à Khadija devant ce portrait de l’artiste peint par Kokoschka,
Oskar Kokoschka, Portrait de Brancusi, [1932], Huile sur toile, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
à T., devant ce Portrait de James Joyce de profil, exécuté par Brancusi en mai 1929
Portrait de James Joyce de profil, mai 1929, Mine graphte sur papier, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Constantin Brancusi, Tête d'enfant [Tête du Premier Pas], 1913-1915, Tabouret, [1930], Bois (chêne) teinté en noir, sur socle en bois (chêne), Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Mlle Pogany I, 1913, Bronze avec patine noire, sur socle en calcaire, The Museum of Modern Art, New York ; Mlle Pogany II, 1920, Plâtre patiné à la gomme laque, sur socles en pierre (calcaire) et chêne Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Bien exposées aussi, ces variantes de l’Oiseau dans l’espace — opportunément sur ciel de Paris.
L'Oiseau dans l'espace, 1927, Plåtre, sur socles en marbre noir et bois (chêne), Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
L'Oiseau dans l'espace, 1936, Plâtre coloré en gris, sur socles en plâtre et pierre (calcaire) cruciforme, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Maïastra, [1923/1940], Marbre bleu turquin, sur socle Cariatide-chat en bois (chêne), Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Le Nouveau-Né II, 1927, Acier inoxydable, sur disque en acier inoxydable et socle en bois (chêne) en partie teinté Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
M’amuse le cartel accompagnant Le Crocodile1 (presque un ready-made en même temps que riche en autobiographèmes !)...
Le Crocodile, [1924], Bois (chêne-liège) sur Poutre en bois (chêne), Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Torse de jeune fille I, [1922], Plâtre patiné et teinté, sur Maquette du linteau de La Porte du Baiser, [1935-1937], Maquette du pilier de La Porte du Baiser, (1935-1937) en pierre (calcaire) et Socle en bois naturel (1933-1934) en bois (chêne), Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
1En voici le texte : Durant l'été 1924, alors que Brancusi est en vacances à Saint- Raphaël […], il manque de se noyer en mer et doit son salut à un morceau de chêne-liège flottant qui lui permet de regagner le rivage. Sur la plage, Brancusi lui consacre un autel qu'il photographie. Souvenir d'un accident qui aurait pu être tragique, la branche salvatrice se transmue en animal magique, nommé “le crocodile” et doté d'un collier, qui est ensuite rapatrié et conservé dans l'atelier parisien.
* * *
J’effectue ensuite un énième parcours à l’aventure parmi les œuvres de la collection permanente, m’autorisant quelques coupes claires. Ce sont souvent de toute façon de mêmes sollicitations (Kupka — bien sûr !).
Georges Rouault [1871, Paris (France)-1958, Paris (France)], L'Apprenti ouvrier, 1925, Huile sur papier marouflé sur toile
František Kupka [1871, Opocno (République-Tchèque alors Autriche-Hongrie) - 1957, Puteaux (France)], Disques de Newton. Etude pour Fugue à deux couleurs, 1911-1912, Huile sur toile
Nicolas de Staël [1914, Saint-Pétersbourg (Russie, alors Empire russe) - 1955, Antibes (France)], Les Toits, 1952, Huile sur toile
Lanvin, Alber Elbaz [1961, Casablanca (Maroc)-2021, Paris (France)], Robe droite sans manches en soli imprimée buste antique blanc, passage 13, printemps-été 2013, Prêt Lanvin, Paris
Je songe à nouveau à T. devant cette toile collective de très grand format, brocardant de manière somme toute réjouissante « les quatre figures éminentes du Structuralisme français », dont (et je pense aussi à Benoît) Roland Barthes.
Une exposition vient de commencer, celle d’un artiste qui m’est tout à fait inconnu, Bernard Réquichot. L’influence surréaliste dans certaines toiles me séduit assez.
Berrnard Réquichot, Sans titre, 1956, Huile sur toile, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Je trouve néanmoins morbides et plutôt laids, englués dans des tubes de peinture pressés et les matériaux les plus divers, ses Reliquaires, dont je photographie tout de même cette Maison du manège endormi.
Berrnard Réquichot, La Maison du manège endormi, 1958-1959, Ossements d'animaux, chaussures, bois, champignon, fragments de toile peinte, film de peinture recouverts d'agglomérats de peinture à l'huile; caisse en bois aux parois recouvertes de velours de coton bleu, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, Paris
Soir
Je me rends dans le quartier latin
pour voir le documentaire de Lea Glob, Apolonia Apolonia. Judith, à qui j’ai proposé le film, m’accompagne. C’est l’occasion de découvrir cette artiste-peintre figurative de la génération de Nathanaëlle Herbelin, Apolonia Sokol.
Nous prenons un verre rapide ensuite. Exceptionnellement, Judith commande une bière. Je me rends compte en payant que j’étais déjà venu dans ce bar auparavant ; le gérant, en effet, a cette plaisanterie usée jusqu’à la corde qu’il sert à ce qu’il pense être de nouveaux clients : « ça f’ra mille euros » !
Le documentaire nous a tous les deux intéressés.
Judith commente et s’étonne du choix de mes films (surtout du précédent). Et pourquoi ne serais-je pas concerné par la question des femmes ?
Nous parlons du fait que nous allons seuls volontiers dans les cinémas et les expositions, à rebours de Claude, à qui répugnent les salles obscures sans compagnie.
La soirée étant bien avancée, nous ne nous attardons pas. Avant de nous quitter, nous ajustons nos agendas autant que possible pour les jours à venir.