1653 - April in Paris (again), 8
April in Paris (again)
(31 mars - 8 avril 2024)
8
— Work in progress, journal extime —
5 avril
Matin
Le trafic de la ligne 3 étant interrompu à République et tout en cherchant un autre moyen pour la rejoindre, je préviens Judith d’un retard probable de quinze minutes.
Nous visitons l’exposition Alberto Giacometti, Hiroshi Sugimoto/ en scène à l’Espace Giacometti — gratuite en ce tout premier jour.
Les rapprochement et réunion des deux artistes se justifie ainsi : « Photographiant la Grande Femme de Giacometti, une fois en plein jour, une fois au crépuscule, Sugimoto rapproche cette dualité du fantastique les pièces du théâtre nô où se rencontrent morts et vivants . »
D’où l’accrochage de négatifs, de fait flous, et les masques nô anciens, très beaux aux murs.
Masque nô, Période Nanboku-cho, XIVe siècle, Pigment sur bois, Collection Odawara Art Foundation [?]
Hiroshi Sugimoto, Pine trees, 2022, Rideau en soie, Collection Odawara Art Foundation ; Alberto Giacometti, Homme qui marche I, 1960, Bronze, Fondation Giacometti ; Homme à mi-corps, 1965, Bronze, Fondation Giacometti ; Buste d'homme assis (Lotar III), 1965, Plâtre, Fondation Giacometti ; Femme assise, 1956, Bronze, Fondation Giacometti ; Grande femme, 1958, Plâtre peint, Fondation Giacometti
Nous nous attardons un peu et regardons une vidéo concernant le théâtre nô.
Judith, ensuite, dispose d’un peu temps pour prendre un café.
Presque vis-à-vis du pavillon, Judith s’attarde devant les urnes de la boutique d’un artisan potier. En chemin, je raconte comment mon père n’a pas semblé adhérer à notre proposition, ma sœur et moi, d’adjoindre les cendres de ma mère au caveau familial de mon grand-père.
Judith demande à ce que je lui raconte l’exposition de la veille. Je m’exécute volontiers, d’autant que s’est décanté le regard entre-temps concernant les œuvres vues.
Judith me propose un autre billet d’entrée gratuit qu’elle tient à disposition pour le musée du Quai Branly. Comme ouvre une exposition sur le Mexique, j’accepte a priori — même si j’apprends que William se trouve à Paris et s’y rendra (Judith me raconte la façon dont il avait déprécié l’Institut Giacometti, et je retrouve à part moi son côté hâbleur et son goût de contredire ses interlocuteurs).
Encore faudrait-il que je sois fixé sur mon emploi du temps de dimanche et sur l’éventuelle disponibilité de Duncan, lequel ne m’a pas toujours répondu…
Après-midi
Je me rends à la Bibliothèque nationale de France-Richelieu et pénètre d’abord dans la salle ovale de lecture. Je n’y étais jamais allé auparavant.
Je visite ensuite l’exposition l’Invention de la Renaissance, puis le Département des Monnaies, médailles et antiques.
Andrea Briosco dit le Riccio (1470-1532), Encrier : satyre aux longues oreilles, Italie, entre 1500 et 1530, Bronze, patine brune, laque noire
L’exposition propose, sous vitrines, de magnifiques manuscrits. Je tâche d’esquiver les reflets lors de mes captures photographiques.
Pétrarque (1304-1374), De viris illustribus, Padoue, 1379; coplé par Lombardo della Seta et enluminé par Altichlero da Zevio et un enlimineur bolonais, Parchemin
Pétrarque (1304-1374), Triomphes, trad. rouennaise anonyme, avec le commentaire du poète italien Bernardo Lapini, Rouen et Paris, vers 1503; enluminé par le Maître des Triomphes de Pétrarque et Jean Serpin, Parchemin
Ovide (43 av. J.-C.-17 apr. J.-C.) Heroides, Amores, Ibis, Sappho Phaoni, Ars amatoria, Remedia amoris, Padoue, 1467-1468, copié par Bartolomeo Sanvito et enluminé par un artiste padouan, Parchemin
Ptolémée (100?-170?), Cosmographia, traduction latine par Jacopo di Angeli da Scarperia, Florence, 1475-1480; copié par Hugo Comminelli, enluminé par Francesco Rosselli, cartes et plans par Pietro del Massaio, Parchemin ; reliure de maroquin noir, médaillon citron aux armes d'Henri II, décor doré et argenté d'entrelacs rehaussés de peinture, tranches dorées et ciselées (atelier de Fontainebleau, vers 1552)
Guido delle Colonne, Histoire de la destruction de Troye la Grant, trad. anonyme, Bourges, vers 1500 ; enluminé par Philibert Colombe, François Colombe et collaborateurs, Parchemin
Nicoletto da Modena (actif de la fin du xv siècle au 1er quart du xvi° siècle), Le Sort de la langue méchante, Vers 1507, Gravure sur cuivre au burin
Marco Zoppo (1433-1478), La Vierge à l'Enfant avec des anges, Padoue, 1455, Huile sur toile, Paris, Musée du Louvre, département des Peintures
Devant la gravure d’Albrecht Dürer, je me remémore ma visite récente de la maison où l’artiste a habité à Nuremberg
Albrecht Dürer (1471-1528), Érasme de Rotterdam, 1526, Gravure sur cuivre au burin, BnF, département des Estampes et de la photographie
— tandis que cette « princesse napolitaine », attribution bien vague, m’évoque aussitôt le buste d’Eléonore d’Aquitaine vu par deux fois au Palazzo Abatellis de Palerme (et je m’interroge sur la cécité particulière qui fait que je n’ai jamais distingué le buste de Francesco Laurana parmi le fonds Renaissance du Musée Jacquemart-André).
Francesco Laurana (vers 1430-1502?), Portrait d'une princesse napolitaine, Fin du XVe siècle, Marbre, Institut de France, Musée Jacquemart-André, Paris
Attribué à Andrea del Verrocchio (1435-1488), Scipion l'Africain, Vers 1465-1468, Marbre, Paris, Musée du Louvre, département des Sculptures
Pisanello (vers 1395-vers 1455), Médaille de Jean VIII Paléologue, Ferrare ou Florence, 1438-1439 ou années 1440 (surmoulage), Bronze
Coupe, dite de type A : masque de Gorgone (“gorgoneion”), Signée Nicosthénès potier Athènes (Grèce), 540-520 av. J.-C., Trouvée à Vulci (Italie), Terre cuite, figures noires
1. Assiette : satyre tenant les tuyaux d'une flûte double (« aulos »), Signée Épictétos peintre, Athènes (Grèce), vers 520 av. J.-C., Trouvée à Vulci (Italie) en 1829, Terre cuite, figures rouges ; 2. Assiette : buveur se rendant au banquet « comaste », Signée Épictétos peintre, Athènes (Grèce), vers 520 av. J.-C., Trouvée à Vulci (Italie) en 1829, Terre cuite, figures rouges
Julie, fille d'Auguste, en Cérès, Rome (Italie), vers 10 av. J.-C. (camée) ; Paris, 1550-1560 (restauration et monture) ; Sardonyx (camée), or émaillé (restauration et monture)
Nikétéria [à l'effigie de Philippe II de Macédoine et de son fils, Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.)], Trésor de Tarse, Grèce du Nord, 222-235, Trouvé à Tarse (Turquie), vers 1863, Or
Camée : buste d'Arès, 1er siècle av. J.-C. (camée), Josias Belle (1624-1695), Paris, 1689 (monture), Calcédoine (camée), or émaillé (monture)
David d'Angers (1788-1856), Médaillon d'Honoré de Balzac, 1843, Plâtre, Dpt Monnaies, médailles et antiques
Je découvre ensuite la très belle aile rénovée, presque contiguë.
J’en profite pour améliorer certains de mes clichés antérieurs.
Camée d'Auguste, Rome (Italie), 25-20 av. J.-C. (camée) ; Paris, fin du 14ª siècle (monture) ; Sardonyx à deux couches, argent doré, saphirs, troches de perles, cristaux sur paillons rouges
Sommet du bâton cantoral, Rome (Italie), 315-330 (camée) ; Paris, avant 1368 (monture), Ronde-bosse en calcédoine (camée) ; argent autrefois émaillé et argent doré (monture)
Évangéliaire de Saint-Gall, Saint-Gall (?), plaque d'ivoire d'éléphant de la seconde moitié du 9° siècle, sertie dans une bordure en or du 10°-11° siècle ornée de pierres précieuses, cristaux et verres
Puis je m’émeus devant cette gravure de Gustave Doré commérant la mort par pendaison de cet autre « poëte impeccable » qu’était Gérard de Nerval
Gustave Doré (1832-1883), La Rue de la vieille lanterne ou Allégorie sur la mort de Gérard de Nerval, 1855, Lithographie
— songe à T. devant cet exemplaire de Germinal qu’a possédé Edmond de Goncourt
ainsi que devant le manuscrit de la Lettre ouverte à Félix Faure écrite par Zola
Niki de Saint Phalle (1930-2002), Nana Power, Planches extraites d'un portfolio contenant 17 sérigraphies en couleurs Paris, Éditions Essellier, 1971
avant que de m’amuser de ce sommaire chronologique du siècle dernier qui, dans les dernières salles, me mène de cette affiche de Mai 1968 (selon mes prélèvements naturellement subjectifs)
à ces fiches rédigées par Roland Barthes (je songe à T. autant qu’à Benoît, ce magnifique disparu — dictes-moy ou, n’en quel pays… —, lequel à tout prendre vaut bien Flora ou Thaïs) quant à la cure entreprise auprès de Lacan après une déception amoureuse, dont j’apprends le contexte en lisant le cartel qui l’accompagne…
Roland Barthes (191-1980), Notes sur les séances d'analyse avec Jacques Lacan, 1975, Fiches manuscrites
(à suivre)