1654 - A propos de Nice (2) • 24 avril 1987, Lettre à J.-M.
in memoriam J.-M
Vendredi 24 avril 1987, 18 h 45, Nice
Où en suis-je resté ? N’importe. Me voici à Nice, un peu déçu par tout ce béton dans un paysage bien trop méditerranéen. La mer, flat, flasque, étale, n’imprime rien de piquant à ce paysage. L’exhibitionnisme au mètre carré atteint des records qui laisse pantelantes les terrasses de la Plage Stanislas… Mais les parents de Nathalie habitent en dehors de Nice, en haut d’une colline, une petite maison tranquille, mieux intégrée dans les hauteurs rocheuses provençales.
Fatigue. Le wagon-lit tanguait un peu trop pour moi. Juché sur la couchette du haut, j’avais peur, également de tomber (verbe redoutable d’ailleurs, dont c’est au moins la troisième occurrence !). Ceci dit, juché sur l’autre couchette du top-niveau des wagons-lits, j’avais un charmant compagnon de voyage de nuit, et lui seul. Et quel caleçon à fleurs ! Il flottait, dans cette atmosphère, un parfum de phantasme
qui m’évoquait la chanson de Jeanne Moreau.
— Il ne s’est rien passé, heureusement ; sans quoi, je serais mort, tué par tant de romanesque !
J’ai fait la sieste — la méridienne — cet après-midi, ébloui par le soleil. Nathalie, agressée par une araignée, a poussé un cri d’horreur — celui que cherchait vainement le preneur de sons John Travolta dans Blow out — qui y a mis fin, sans quoi je dormirais peut-être encore. Le soir, nous allons chez un gay friends of hers, car Nathalie est aussi une F.A.P., entre autres choses, puis, paraît-il en boîte : je ne sais pas si je vais résister…
La voilà, justement, Nathalie. Aussi vais-je provisoirement vous laisser, en attendant de me remettre à bavarder !
(à suivre)