1680 - Voyage dans les Ardennes (6)
Voyage dans les Ardennes
— work in progress —
(24-29 juillet 2024)
6
29 juillet 2024
C’est l’anniversaire de J.-M. aujourd’hui. Il aurait soixante-quatorze ans.
J’ai vraiment mal dormi. Apparemment, Khadija aussi, qui m’a tiré par deux fois de mon sommeil. Cette malédiction d’avoir le sommeil léger.
La matinée s’étire avant de décider quoi faire.
Khadija vérifie si elle a été payée — conformément aux dires de son interlocutrice du Rectorat. Or, elle n’a touché que 300 €, ce qui correspond aux seuls jours de la première semaine de juillet. Elle lance un appel téléphonique, qui aboutit miraculeusement. Son interlocutrice l’assure : une mise en paiement complémentaire est d’ores et déjà programmée pour la semaine à venir.
Khadija décide de faire opposition sur sa carte bancaire elle aussi et va jusque Carignan en voiture pour préalablement retirer de l’argent. Elle refuse catégoriquement que je lui règle la moitié du carburant que nous avons consommé durant nos escapades.
Il est bientôt onze heures, et je préfère déjeuner et terminer les restes plutôt que nous mettre en route pour Sedan.
Après-midi
Khadija a envie de visiter le château fort, dont elle n’a gardé qu’un souvenir confus.
Dans la voiture, elle me parle de ma plus jeune sœur qui a quitté son emploi d’éducatrice spécialisée pour devenir (à l’essai) “personne référente” — je n’ai pas retenu la dénomination exacte — pour le harcèlement scolaire. Fatiha a deux enfants, Ophélie et Sacha, âgés respectivement de seize et dix-neuf ans. Nous avons déjà parlé à plusieurs reprises de Sacha, qui s’est découvert gay et assume de plus en plus son orientation sexuelle, au point de raconter à sa mère un « plan à trois » durant lequel il a contracté une MST (!). La communication avec son père à ce sujet s’avère néanmoins plus difficile. Il est étudiant en faculté de droit et éprouve des difficultés à s’intégrer parmi ses congénères avec ses ongles peints en noir, de sorte qu’il fréquente essentiellement des filles de la Faculté de Lettres. Je m’amuse de ces traits bien propres à un habitus gay.
La visite du château fort — le plus grand d’Europe — s’avère plutôt décevante.
Je ne parviens qu’à demi à m’intéresser aux vidéos et reconstitutions animées des salles que nous parcourons. Nous ne nous avouons pas immédiatement notre déception. En outre, le tarif des billets d’entrée nous a paru plutôt élevé.
Nous prenons une bière ensuite en attendant l’heure du train.
Sur le quai de gare, nos adieux sont chaleureux. Nous nous engageons à nous voir bientôt. Il n’est pas certain pour autant que Khadija parvienne à organiser un séjour chez moi puisqu’elle devra demander à son frère de séjourner chez elle en son absence pour s’occuper du chat…
Fin d’après-midi et soirée
Le voyage pour rentrer à ****, du fait de ses deux correspondances, s’avère assez long.
A Longuyon, je fais ainsi que ma grand-mère maternelle en avait l’habitude : puisque le train pour Longwy circule depuis là dans l’autre sens, je change de siège pour voyager « dans le sens de la marche ».
L’attente à la gare de Longwy pour prendre ensuite un bus jusque Metz dure presque une heure.
Durant le trajet, j’écris, j’achève le roman que j’avais entamé à l’aller…
* * *
D’un anniversaire l’autre, le 13 août j’envoie à Khadija un message assorti d’une pièce jointe bricolée à partir du cliché pris à l’Église Saint-Nicolas de Rethel, en souvenir de notre mésaventure du dimanche 28. Elle m’a servi déjà quelques jours auparavant pour l’anniversaire de T. ; elle me servira pour l’anniversaire de Julien, le 19.
Khadija, le lendemain, accuse réception de mon message : « Je savais, et j’espérais à la fois, recevoir la photo du vitrail pour mon anniversaire. »