1701 - Si au moins… ça pouvait ressembler… à l'Italie (3)
Si au moins…
ça pouvait ressembler…
à l’Italie !
(récidive)
3
Mercredi 25 septembre
Matin
Non seulement il n’y avait pas de pain pour le petit-déjeuner (je m’empresse donc de me dresser de pied en cap pour aller en acheter, en maudissant à part moi Norbert et Judith de ce manquement à l’hospitalité), mais encore, ironie du sort, je laisserai mon sandwich pour mon déjeuner dans le réfrigérateur en partant de chez Judith…
Après-midi, Paris-Milan
Le voyage semble interminable. Il faut dire qu’après l'éboulement survenu fin août en Maurienne, l’itinéraire se fait en train, puis en bus, puis en train à nouveau — avec une heure d’attente en gare de Oulx avant que le trajet reprenne.
Soir, Milan
Le train arrive néanmoins à l’heure. Heureusement. Je trouve rapidement un automate et achète un billet de métro valable 24 heures.
La logeuse est une petite dame à la chevelure peroxydée, très alerte, très amène. Nous conversons avec nos pauvres moyens, en mâtinant nos propos de vocables arrachés à notre langue, à l'anglais et à des créations de fantaisie — surtout moi, rompu aux trébuchements de ma propre aphasie et qui sais me lancer dans d’improbables improvisations.
Elle me promet un café le lendemain.
26 septembre
Nuit
La présence d'un moustique me réveille par deux ou trois fois. Je me rappelle ma dernière nuit à Séville et branche ma prise anti-moustiques à ultrasons — de sorte que l'animal ne me piquera pas.
Quand je me lève, quatre ou cinq chiots surgissent dans mes pas.
Impossible auparavant de trouver une de mes chaussettes ; j'y renonce donc ; de même, je ne parviens pas à mettre la main sur la plaquette de médicaments dont j’ai l’usage chaque matin ; comme le sandwich, je crois d’abord l'avoir oubliée chez Judith.
Beaucoup mieux qu'un café — préparé qui plus est dans une cafetière italienne —, la petite dame me sert un petit déjeuner copieux, agrémenté de confiture, fruits, biscottes…
En prévision des épreuves qui attendant Norbert, je lui envoie un message, auquel il me répond presque immédiatement, et ce, avec beaucoup de naturel, ce qui, sur le moment, ne laisse pas de me surprendre.
Je me rends ensuite à la Pinacoteca di Brera. C’en est la seconde occasion. J’améliore grandement la qualité des photographies prises antérieurement. Je me souvenais assez bien de la plupart des œuvres qui m'avaient plu.
La déambulation parmi toutes ces splendeurs est d'autant plus réjouissante que l'affluence est bien moindre que dans les musées parisiens...
J’améliore grandement la qualité (et la quantité ¡) des photographies prises antérieurement. (Encore avais-je sélectionné les mieux réussies et complété par des reproductions prises sur le web les œuvres qui m'avaient impressionné pour ce “blog”.)
Arte di Giovanni da Milano Il meta secolo XIV, Cappella di Santa Caterina E S. Crucifixion (378 x 277), parete di fondo
Giovanni da Milano, Christ enthroned with angels in adoration, 1360-65, 152,3 x 68,5 cm, Tempera on wood
Lorenzo Veneziano (Venezia 1356-1372 circa), Madonna and Child with St. Anthony the Abbot, St. John the Baptist, St. Andrew, St. Victor, St. Catherine of Alexandria, St. Nicholas, St. Mark and St. Lucy, c. 1371 ; Tempera on wood, gouache gilding, From the monastery of Santa Maria della Celestia, Venice
Luca Signorelli, Flagellation of Christ, c. 1482-1485, Tempera and oil on wood, From the church of Santa Maria del Mercato in Fabriano
Giovanni Bellini, Madonna and child (The Greek Madonna), 1460-5 ,Tempera on wood From the Office Office of the "Regulators on Writing" in the Doge's Palace in Venice
[Je fais bientôt face à cette Lamentation devant le Christ mort, dont le cadrage insigne avait impressionné Pier Paolo Pasolini — lequel cadrage quelquefois se retrouve dans sa façon de filmer, voire dans certains plans rapprochés de son œuvre.
Andrea Mantegna (Isola di Carturo 1431-Mantova 1506), Lamentation over the Dead Christ, c. 1483, 68 x 81 cm, Tempera on canvas
Andrea Mantegna, Madonna and Child with a choir of Cherubim (Madonna ot the cherubim) c. 1485, 88 x 70 cm, Tempera on wood, (From the church of Santa Maria Maggiore in Venice)
Giovanni Bellini (Venezia 1435 circa-1516), Madonna and Child, Signed and dated 1510, 85 x 118 cm, Oil on canvas
Cima da Conegliano (Giovan Battista Cima Conegliano Veneto) (Treviso 1459 circa-1517 circa), Madonna and Child enthroned with St. Sebastian, St. John the Baptist, St. Mary Magdalen, St. Roch and members of the confraternity of San Giovanni Evangelista, 1487-8, 301 x 211 cm, Oil on canvas (From the Scuola di San Giovanni Evangelista in Oderzo 1811)
Faisant confiance aux performances de l’appareil photographique, je risque, cette fois, des clichés de formats surdimensionnés, dont les détails ne se perdront pas pour autant
Michele da Verona (Verona 1470 сігса-1536 circa), Crucifixion, 1501, Oil on canvas (From the monastery of San Giorgio in Braida in Verona 1811)
— non plus naturellement que dans des agrandissements où j’isole certains motifs ou resserre les éléments de la composition tant sur les protagonistes que sur les coups de pinceau.
Cima da Conegliano (Giovan Battista Cima Conegliano Venet (Treviso 1459 circa-1517 circa), St. Peter enthroned with St. John the Baptist and St. Paul, 1515-16, 155 x 146 cm, Oil on wood transferred onto canvas (From the church Santa Maria Mater Domini in Conegliano 1811)
Montagna (Bartolomeo Cincani Orzinuovi) (Brescia 1450 circa-Vicenza 1523), Madonna and Child enthroned with St. Andrew, St. Monica, St. Ursula and St. Sigismud, 1499, 410 x 260 cm, Oil on canvas, From the church of San Michele Vicenza 1811
Veronese (Paolo Caliari dit) (Verona 1528-Venezia 1588), The Agony in the Garden, 108 x 180 cm, Oil on canvas (From the church of Santa Maria Maggiore in Venice 1808)
Veronese, Baptism and temptations of Christ, c. 1582, 248 x 450 cm, Oil canvas (From the church of San Niccolò ai Frari in Venice 1809)
Autre cadrage remarquable et recours à des perspectives singulières et décalées, ce Tintoret (peintre que j’aime décidément de plus en plus) exhibant le corps de saint Marc, laissé, parmi d’autres formant damier, sur le carreau du peintre…
Tintoretto (Jacopo Robusti, dit) (Venezia 1519-1594), Discovery of the body of St. Mark, 1562-6, 396 x 400 cm, Oil on canvas (From the Scuola Grande di San Marco in Venice 1811)
Tintoretto (Jacopo Robusti), St Helen, St. Barbara, St. Andrew, St Macarius, another saint and a workshipper adore te cross, c. 1560, 275 x 165 cm, Oil on canvas (From the church of Santa Croce in Milan 1805)
Veronese, Supper in the house of Simon, 1570, 275 x 710 cm, Oil on canvas (From the church of San Sebastiano in Venice 1817)
Jacopo Bassano (Jacopo da Ponte) (Bassano 1510 circa-1592), St. Roch visits the plague-stricken, c. 1575, 350 x 210 cm, Oil on canvas (From the church of San Rocco in Vicenza 1811)
Bernardino Luini (Bernardino Scapi) (Dumenza ?, Varese 1482 circa-Milano ? 1532), Madonna of the Rose-Bush, c. 1510, 70 x 63 cm
Devant cette toile d'un artiste sous influence de Leonardo, je m’amuse de la créature hybride, mi-chat mi-mouton, que l'enfant Jésus enserre de ses bras.
Fernando Yañez (Almedina 1465/1470 circa notizie fino al / recorded until 1536) o Fernando Llanos (1465/1470 circa-Murcia Llanos dopo il / after 1525 ), Madonna and Child with a lamb, 1502-5, 60 x 52 cm, Oil on wood
Andrea Solario ( Milano 1470 circa-1524), Portrait of a young man, 1500-5, 42 x 32 cm, Oil on canvas (From the Arcivescovado di Milano 1811)
Giovanni Antonio Boltraffio (Milano 1467-1516), Portrait of a young man, c. 1500, 52 x 43 cm, Oil on wood
Giovanni Agostino da Lodi (Pseudo Boccaccino) ( Lodi, documentato dal / recorded from 1492 al 1519), Dual Portrait, 1490-5, 25,5 x 34,5 cm, Oil on wood
Tintoretto (Jacopo Robusti) (Venezia 1519-1594), Portrait of a young man, c. 1565, 115 x 85 cm, Oil on canvas
Tiziano Vecellio (Pieve di Cadore 1488/90-Venezia 1576), Portrait of count Antonio di Porcia e Brugnera, 1535-40, 115 x 93 cm, Oil on canvas
Et c'est à Gênes que je me reporte en pensée, à la visite du palais d'Andrea Doria, devant ce portrait du condiottere vainqueur de la bataille de Lépante.
Bronzino (Agnolo di Cosimo) (Firenze Monticelli, 1503-Firenze 1572), Portrait of Andrea Doria as Neptune, c. 1545-6, 115 x 53 cm, Oil on in canvas
Je m'abîme ensuite devant la toile du Caravage, puis devant les œuvres, nombreuses, de ses continuateurs.
Caravaggio (Michelangelo Merisi) (Milano 1571-Porto Ercole 1610), Support at Emmaus, 1606, 141 x 175 cm, Oil on canvas
Battistello Caracciolo (Giovan Battista Caracciolo) (Napoli 1578-1635), The Samaritan at the well, 1620-2, 200 x 165 cm, Oil on canvas
Le frère d'Artemisia (je songe à l’exposition que nous avions vue d’elle avec Norbert et Judith au musée Maillol) a peint cette toile-ci, vertigineuse dans sa contreplongée autant que sidérante — quoique moindre que pour les Sept Œuvres de miséricorde — dans sa représentation de l’ange.
Orazio Gentileschi (Pisa 1563-Londra 1639), The Martyrs Cecilia, Valerian and Tiburtius, 1606-7, 350 x 218 cm , Oil on canvas (From the church of Santa Cecilia)
Devant l’unique Ribera du musée, que je suis à peu près sûr, en fait, de n’avoir jamais vu — peut-être parce que son attribution a pu en être discutée, empêchant une exposition antérieure en toute certitude — ; je me dis pourtant que, si imitateur il y a, celui-ci est parvenu à hauteur de son maître, formé (ceci expliquant cela) peut-être au sein de son atelier.
Jusepe de Ribera (Jativa 1591-Napoli 1652), Christ mocked and crowned with thorns, 1638 (?), Oil on canvas
Puis, affleure à ma mémoire le souvenir de La Valette, où est mort Mattia Preti, peintre que j’avais découvert à l’occasion de mon voyage à Malte.
Mattia Preti (Taverna, Catanzaro 1613-La Valletta 1699), St. Peter pays tribute money, c. 1635-6, Oil on canvas
Consultant les commentaires inscrits au pied des tableaux, j’apprends les raisons de cette trinité d'artistes convoquée par Scipione Toso de Milan « pour tester trois artistes à la fois, chacun dans son domaine d’expertise. Cerano (connu pour son goût macabre et ses animaux) peint le Secunda sans tête, le chevalier, le chérubin et le chien ; Morazzone (célèbre pour les batailles) peint le bourreau, le soldat et l’ange avec la paume du martyr ; et Procaccini (expert en pathos) peint Rufina et l’ange consolateur. »
Cerano (Giovan Battista Crespi) (Romagnano Sesia, Novara 1573-Milano 1632) ; Giulio Cesare Procaccini (Bologna 1574-Milano 1625) ; Morazzone (Pier Francesco Mazzucchelli) (Morazzone, Varese 1573-Piacenza 1626), Martyrdom of St. Rufina and st. Secunda (“The painting by three artists”), 1620-4, 192 x 192 cm, Oil on canvas (From the Arcivescovado di Milano 1896)
J'apprends également — à moins que je l'aie su auparavant et soit victime d’une de ces défaillances mémorielles auxquelles je dois désormais m’habituer — que Luca Giordano, dont j'avais vu une exposition au Petit Palais avant de partir à Naples en 2020, a été l'élève de Ribera — et songe j’ai hâte de parcourir au même endroit la rétrospective consacrée au Petit Espagnol (Sgnapaletto) comme il était surnommé à la fin de sa carrière napolitaine, installé de droit toutefois, ainsi que je me plais à l’imaginer, dans la cité de saint Janvier.
Annibale Carracci (Bologna 1560-Roma 1609), Self-Portrait with other Figures, c. 1593, Oil on canvas
Giambattista Tiepolo (Venezia 1696-Madrid 1770), Our Lady of Mount Carmel with St. Simon Stock, St. Theresa f Avila, St. Albert of Vercelli, the Prophet Elijah and the souls in purgatory, 1721-1727 ,210 x 650 cm, Oil on canvas (Formerly in the church of Sant'Apollinare in Venice)
Guercino (Giovan Battista Barbieri) (Cento 1591-Bologna 1666), Abraham casting out Hagar and Ishmael, 115 x 152 cm, 1657, Oil on canvas
Et j’achève, lors d’un retour à rebours devant les toiles qui m’ont plu, ma promenade devant un Baptême du Christ dû à Paris Bordon (qu’admirait je crois, ma mère, autre réminiscence suscitée par mes pas), dont je croiserai bientôt d'autres œuvres au cours de ce séjour en Italie du Nord.]
Paris Bordon (Treviso 1500-Venezia dopo after 1571), Baptism of Christ, 1548-51, 175 x 202 cm, Oil on canvas (From the Arcivescovado di Milano 1811)